Fyctia
-4-
Les mots qu'a employé ma mère à mon encontre ne cesse de tourner dans ma tête. Je ne vis pas, je me contente d'exister. Je ne sais pas quoi penser de ce qu'elle a dit. Je me sens dans un état apathique, parler du passé a fait ouvrir mes blessures du passé. Je pense à mon père, à la violence qu'a eu sa mort pour moi, à la douleur que j'ai ressenti, à l'incompréhension que j'ai ressenti quand ma mère a décidé de passé à autre chose. Je ne voulais pas de ça, elle m'a donné l'impression de tirer un trait sur lui sans difficulté. Je me rappel que j'étais lamentable à cette époque là, je survivais et aujourd'hui, j'existe. Mon coeur bat, mais je ne fais rien pour me rendre heureuse. Chaque jour, je prends ce que la vie me donne et je m'en satisfaits. Il serait sans doute temps que j'arrête de me contenter de subsister et que je commence à changer, à réaliser mes rêves, à arrêter de réfléchir autant. J'ai fini de m'oublier, aujourd'hui, je décide de me retrouver.
*
Accroupis dans le grenier, Mathieu, Eloise et moi fouillons chacun de notre côté, les cartons empilés dans la pièce. C'est un vrai désordre qui y règne. Par chance, nous avons pu mettre des vêtements sales qui étaient restés ici afin de ne pas se salir avec la poussière et les toiles d'araignées présentes ici. Cela fait depuis plus d'une demi-heure que nous sommes installés à l'étage, juste au dessus du garage. Aucun de nous n'a reparlé de ce qu'a dit maman une heure plus-tôt. Pour quoi faire après tout ? Et pour quoi dire ? Il n'y a rien ajouter de plus. Tout a été formulé.
Alors que j'ai la main plongé dans un carton auquel contient mes affaires de lycée, le rire d'Eloise me parvient aux oreilles et attire mon attention sur elle. Tout comme moi, Mathieu la regarde d'un air intrigué et pour cause, il est rare d'entendre ma soeur émettre autre chose qu'un grognement.
- Bah alors la frangine, qu'est-ce qui t'amuses comme ça ? lui demande ce dernier.
- Venez voir ça, j'ai trouvé des photos de nous quand on étaient petits. Certaines sont adorables et d'autres sont hilarantes.
Mathieu et moi nous nous approchons d'elle et prenons place de chaque côté afin de regarder les photos ensembles. Ces moments frère et sœurs sont rares, je compte bien en profiter.
Dans ses mains se trouvent une photo dans lequel on se tient ma soeur mon frère et moi assis autour de mon paternel. Dessus, Eloise se trouve dans les bras de ce dernier et elle pleure. Bien qu'elle soit la plus grande de nous trois, elle semble être au contraire la plus jeune. Son visage est colérique et elle hurle de ton son soûle. De notre côté, je me tiens sur la droite de papa et Mathieu sur sa gauche. Tous deux nous regardons notre soeur d'un air mi intrigué mi stupéfait dessus ce qui nous fait encore plus réagir.
- Tu étais déjà râleuse à cette âge, s'exclame mon frère hilare.
- Et vous deux aussi désespéré par mon caractère de cochon, ricane ma soeur sourire aux lèvres.
Alors qu'on visualise ensemble cette photo, nous rions à en perdre la voix. Je ne me rappelais plus de ce cliché de nous quatre. J'imagine que derrière l'appareil se trouve ma mère. C'est génial de se souvenir de ça. Nous enchaînons les autres pellicules en nous remémorant le passé.
- Oh bon sang, je lance quand une photo compromettante de moi sort.
- Excellent ! Je l'avais oublié celle là.
Mes joues se teinte d'une couleur cramoisie et honteuse, je cache mon visage.
- C'est horrible. Je me demande pourquoi je ne l'ai pas brûlé quand il en était encore temps.
- Quoi ? Non arrête, elle est sublime. Magnifique même ! On devrait en faire un tableau grandeur maximale à son effigie.
- Ah, mais carrément ! Encore plus énorme que celui de nous trois dans le salon.
Amusée, je secoue la tête de gauche à droite, mais m'amuse de leur taquinerie. Le cliché auquel je suis affichée par mon frère et ma soeur, je suis en train de poser devant l'appareil photo, une main sur la hanche et l'autre sur la tête, la bouche en "cul-de-poule" avec comme unique accoutrement, un vulgaire sac plastique blanc. C'est ignoble. Il faut aussi ajouter que mes cheveux sont coupés au carré et comme elle a été coupé par moi-même, tout n'est pas égalisé. Mon visage est aussi imprégnée d'un maquillage voyant, je ressemble au joker en version travestie. Ce n'est pas ma meilleure époque, loin de là. Je me rappel que j'avais voulu ressembler à un mannequin ce jour-là et que, pour se faire, j'avais imité une couverture dans laquelle une femme était vêtue d'une tenue très originale. Ses cheveux courts lui allaient bien mieux qu'à moi, il faut l'avouer et être honnête. Sur la photographie, je suis très éloignée de la jolie dame qui posait pour un magasine célèbre.
Nous continuons ainsi pendant de très longues minutes qui deviennent vites des heures, à commenter les photos, à nous raconter et à se moquer des têtes que l'on faisait. Sur une on rigole de Mathieu qui enfant, avait peur du poisson qu'Eloise mettait devant son nez. Ma soeur avait trouvé le broché dans le congélateur et décidée, l'a pris pour courir morte de rire après mon frère tandis que lui s'enfuyait loin d'elle en pleurant.
C'est fou, mais je ne me souvenais pas que nous étions si proche dans l'enfance. C'est comme si maintenant, on rattrapaient tous les trois le temps perdus. J'aimerai que ce moment dur toujours. On ne se juge pas, on n'est pas en compétition ni rien. On est tout juste ensemble et ça suffit.
Quand le carton est terminé, nous retournons à notre place et parlons pendant que l'on trie les objets qui nous appartiennent. Dès qu'il y a un élément qui pourrait intéresser l'un d'entre nous, on le montre aux autres afin de partager ses souvenirs. Un concert, un contrôle, une photo de classe, tant de rappel du passé qui font du bien et parfois pas. Il est vrai que plus d'une fois, j'ai senti mon coeur se serrer quand je pensé à mon père et au bonheur que je ressentais avant. Je me croyais heureuse, mais je ne le suis sans doute pas. C'est affligeant de se dire que sa vie est en fin de compte qu'un vulgaire mensonge. Parfois je voudrais avoir la chance de pouvoir recommencer, j'aimerai que cela soit possible ce qui n'est pas le cas. Nous ne sommes pas dans un vulgaire téléfilm diffusé la semaine.
A force de bouger, me voilà à transpirer de grosse goutte, mon visage et mon dos sue et je redoute l'odeur pestilentielle que je dois sentir. Alors que je m'apprête à me lever pour rejoindre la cuisine afin d'aller me chercher quelque chose à boire, mon regard se pose sur un cahier dont j'avais oublié l'existence. Sur la couverture se trouve, en titre ; "Les 100 choses à faire avant de mourir".
Mon visage se couvre d'un sourire à le faire fendre en deux. Ce sont mes rêves d'adolescentes qui se trouvent la dedans. Je les avais écrit avant la mort de mon père et je lui avais promis que je les réaliserai. Je ne l'ai pas fait, mais je compte me rattraper.
Il est grand temps de vivre et de réaliser ses rêves.
3 commentaires
paul geister
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Il y a 6 ans
x-zanita
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Il y a 6 ans
pascale charpentier
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Il y a 6 ans