Fyctia

Deux semaines après :

Une ratée de service, voilà comment je suis considérée par l'ensemble de la famille. En effet, je suis au chômage, j'ai plus de logement et j'ai plus de mec. Comme si eux mêmes étaient un exemple de réussite. Entre mon frère qui à un passé de camé, ma soeur qui ignore l'identité du père de son enfant et ma mère qui en est à son troisième divorce, je ne pense pas qu'ils soient bien placés pour juger. Le problème, c'est qu'ils pensent avoir leur mot à dire sur ma vie et moi j'encaisse sans craquer. Je serre les dents, souris et les écoutent, car il n'y a que ça à faire dans ces moments là. Nous avons assez de deux personnes dans la famille au fort caractère, m'ajouter dans l'équation ne ferait qu'ajouter de l'huile sur le feu. Parfois, comme aujourd'hui, c'est dur de garder son calme.

- Tu sais, tu devrais vraiment te trouver un homme posé et non pas volage comme ton ex et qui subviendrait à tes besoins.

Il lui est toujours nécessaire de me donner des conseils, surtout en ce qui concerne les mecs. Pour elle, une femme doit être comme notre mère, s'occuper des enfants à domicile tandis que l'homme de la maison ramène de l'argent pour les nourrir et les loger.

- Oui, tu as raison, je réponds malgré tout en souriant.

Et ça continu comme ça, à travers des piques bien placés, ils m'humilient de façon subtile. Depuis que mon frère et ma soeur sont là, ils se font un malin plaisir de ma rabaisser. Je les adore, mais ils me donnent l'impression de profiter de mes échecs pour me les jeter en pleine face. Quand tout va bien pour moi, ils parlent de leur succès et m'ignorent tout bonnement. Par chance, ils ne le font qu'en présence de ma mère et parfois d'autres gens, sinon le reste du temps on s'ignorent ou bien l'on se donne des nouvelles par de vagues sms ce qui est pas plus mal. J'ai beaucoup de mal à les supporter à cet instant précis. Si j'étais honnête avec moi même, ce serait même que j'ai du mal à les supporter tout court. Ils sont toujours dans la compétition, comme s'ils voulaient obtenir les faveurs et les louanges de ma mère ainsi que du reste de la famille. Quand on étaient enfants, ils me surnommaient "miss parfaite", car tout ce que je faisais était pour eux parfait. De bonnes notes partout, jamais de bêtise, pas un mot plus haut que l'autre, toujours propre et bien habillé.

Je n'ose pas me défendre face à eux et je ne le veux pas. Cela ne servirait à rien d'envenimer nos relations déjà qu'elles ne sont pas aux beaux fixe, pourtant j'ai beaucoup à dire à force de les supporter sans rien dire depuis des années. Dans tous les cas, ma barrière de protection est hermétique à leur parole. Les seules fois auquel ils me lâchent un temps soit peu la grappe, c'est quand ils se plaignent de leur vie trop imparfaite à leurs yeux. Le pire ? C'est que ma mère ne prend pas mon parti, car elle préfère ne pas interférer entres nous et parfois elle en rajoute pour encore mieux m'enfoncer. Dans ses moments là, je voudrais hurler et leur dire moi aussi, ma manière de penser, mais je sais que je ne le ferais pas alors je m'enferme en hochant la tête avec un sourire reconnaissant sur les lèvres. Des donneurs de leçon à deux balles qui devraient même pas m'en faire et des hypocrites aussi. Bon sang ce que je me retiens pour ne pas partir d'ici en plein milieu de la conversation afin de montrer avec précision que je me fiche complet des réflexions qu'ils font à mon égards, seulement je suis trop respectueuse vis à vis d'eux pour le faire, bien qu'ils n'hésiteraient pas à le faire si c'était moi qui le faisait. Enfin de compte, ils ne prendraient pas la fuite, bien au contraire. Ils rentreraient plus dans le conflit et monteraient le ton pour montrer leur mécontentement alors pour éviter ça, je reste neutre. Ça me fatigue, mais je sens que si je réagis, je n'arriverai pas à me maîtriser. C'est bien connu, les gens les plus calmes sont ceux dont il faut le plus se méfier, car ils sont les plus dangereux. Le fait de refouler ses émotions, de garder la tête froide à toute épreuve et d'accumuler tous ne peut qu'avoir l'effet imprévisible de la grenade. Tout le monde croit que je suis détendue H24, ce n'est pas le cas. Quand quelque chose ne me plaît pas, je compte jusqu'à dix tout en me demandant s'il est utile de s'emporter et si ce qui m'énerve sera aussi important dans quelques jours ou quelques mois, mais quand ça pète dans la tronche d'un malheureux qui a mit la goutte de trop dans le conteneur, ça fait mal.

Pour le moment, j'arrive à rester zen.

Je prends une profonde inspiration quand la moutarde commence à me monter au nez face aux deux énergumènes et fait une liste mentale des choses à faire pour demain.

1) Regarder sur internet les nouvelles offres d'emplois.

2) Me chercher un logement.

3) Faire la vaisselle.

4) Me chercher une voiture à l'aide des sites d'occasions.

5) Courir.

Le fait de m'organiser en dressant une liste de choses à faire me permet de me détendre un tant soit peu et de me rassurer sur ce qu'il me reste à accomplir. Il s'agit aussi de la meilleure façon pour me concentrer sur plus important que cette conversation. Pour me faciliter la vie, je me suis fait un bullet journal qui contient à l'intérieur les différentes tâches, événements et rendez-vous . J'aime ce principe, c'est innovant, ludique, créatif et précis. Avec ce cahier, j'ai l'impression d'avoir un certain contrôle sur ce que je dois effectuer et je peux me concentrer sur l'essentiel et en ce moment, il y a beaucoup d'éléments qui doivent avoir mon attention.

En ce moment, je suis pas mal occupée pour ce qui est de mes recherches, mais aussi de mon emploi provisoire en tant que serveuse. Je ne pouvais pas ne rien faire et même si ma famille se dit de moi que je suis tombée bien bas, ça ne m'arrête pas le moins du monde. Je ne veux pas dépendre de la société, ni même de quiconque. Il s'agit là aussi une des grandes différences que je possède par rapport à Eloise et Mathieu. Mon frère n'hésite pas à demander à ma mère de l'argent quand il en a besoin et ma soeur ne sort avec un garçon que si il possède un compte en banque bien fourni. Ce n'est pas dans mes principe de demander l'aumône afin de me reposer sur mes lauriers et que tout me tombe tout cuit dans la bouche. Un peu de difficulté ne fait jamais de mal, je vois ça plutôt comme un défi, celui de faire mieux, de progresser afin d'en ressortir grandi. Je reste positive, car d'après moi, tout événement fâcheux peu avoir son bon côté comme les événements récents qui se sont produits ces derniers temps dans ma vie.

Alors que je suis en pleins dans mes pensées, ma mère les interrompt et dit :

- Comme vous êtes tous les trois réunis, il faudrait que vous rangiez le grenier. Il y a des cartons avec les affaires que vous avez laissé ici à l'intérieur. Triez ce que vous voulez garder ou jeter, je compte vendre la maison bientôt. J'ai rencontré il y a peu un homme et je compte vivre avec lui comme il m'a demandé ma main.

Encore ?!