La_petite_plume LE JEU DU RENARD Chapitre 12

Chapitre 12

Mon regard était incrédule, et un sourire sarcastique se dessinait sur mes lèvres. C'était à mon tour de laisser échapper un rire nerveux avant de répondre, la voix teintée d'ironie :


— Eh bien non, tu sais pourquoi ? Parce qu'il est venu me chercher pour me ramener ici.


Ses yeux étaient écarquillés, sa bouche légèrement entrouverte, trahissant une surprise totale. Son visage tout entier exprimait un étonnement profond, figé dans une expression de stupéfaction muette.


— Tu ne me crois pas ? demandai-je face à son expression.


— Si, mais... c'est dur à croire. Il n'est pas ressorti depuis son entrée. Peut-être as-tu halluciné ? Ils nous droguent avant le voyage pour qu'on oublie les lieux. Es-tu sûr de ce que tu as vu ?


Une vive douleur me traversa la tête, conséquence de l'effort physique, des révélations accablantes, et des innombrables questions soulevées. Pourtant, je savais que je n'avais pas halluciné.


Je tentais de fouiller dans mes souvenirs, essayant de reconstituer ce qui s'était passé. Je revoyais la porte s'ouvrir dans un grincement sinistre, mon père me poussant durement, me laissant tomber à genoux sur le parquet devant des bottes cirées. Ils étaient deux, des hommes en armure avec des flingues. Une main s’était tendue vers moi, ornée d'une bague avec une pierre verte qui reflétait la moindre lumière présente dans la pièce.


Je cherchais désespérément à me rappeler les détails, mes yeux se relevant vers l'homme aux mèches rousses tombant sur son front. Mais son visage restait flou, la lumière derrière lui inondant l'entrée et rendant son expression indistincte. Je clignais plusieurs fois des yeux, m’efforçant de clarifier ces souvenirs fragmentés. J'ai toujours eu une mauvaise mémoire, et tout ce qui me restait, c'était cette certitude vacillante. J'étais sûre que c'était lui.


Mais peut-être que non... Peut-être que ma mémoire me trahissait, mélangeant vérité et illusion. Les détails se brouillaient, les contours se déformaient, et je ne savais plus quoi croire. Mon esprit était perdu entre ce que je pensais savoir et ce que j'avais réellement vu.


La confusion et le doute m'envahirent, me laissant errer dans un labyrinthe de souvenirs incertains, cherchant désespérément une vérité qui semblait toujours hors de portée.


— Ça va ? me demanda Lyse.


— Oui, j'ai juste besoin d'un moment.


La laissant à son livre, je me dirigeai vers la sortie gardée par deux hommes armés.


— J'aimerais rejoindre ma cellule, je suis un peu fatiguée.


L'un des gardes hocha la tête et ouvrit la porte, me prenant par le bras pour être sûr que je ne m'échappe pas.


— Hep hep hep, tu vas où, petite souris ? se fit entendre la voix du Renard.


— Dans ma cellule. Dormir. L'entraînement m'a fatiguée, déclarai-je, espérant qu'il me laisse tranquille.


— L'entraînement n'est pas fini. Tu restes.


Il se rapprocha de nous, et je soupirai, comprenant qu'il ne me rendrait pas la tâche facile.


— Je suis fatiguée. Et tu sembles intéressé par... comment dire, toutes les autres qui ne sont pas moi, donc maintenant, si tu veux bien...


— C'est ce que tu diras quand tu te retrouveras dans l'arène devant un danger. "Je ne veux plus courir, je suis fatiguée."


Je restai bouche bée une seconde avant de répondre d'un ton sec :


— Ça fera rire l'audience au moins.


— Je ne vous entraîne pas à devenir des bêtes de cirque.


— Ah bon ?


Il sembla s'offusquer devant tant d'insolence, mais je m'en moquais.


— Je la ramène dans sa cellule, dit-il aux gardes sans me lâcher du regard.


Ces derniers me relâchèrent, et le rouquin prit le relais en m'attrapant par le bras.


— Je t'ai dit quoi sur le fait de me contredire devant tout le monde ? Mes menaces n'ont-elles pas été assez explicites ? dit-il en m'entraînant dans les couloirs.


Mon regard se voulait moqueur. Si je devais mourir, autant ne pas ménager nos derniers moments ensemble.


— Devant tout le monde seulement ? Donc en privé, je peux... oh...


Pourquoi tu fais la maligne ?


Il s'arrêta, ses yeux braqués dans les miens avec un petit sourire joueur, presque craquant.


— Essaie toujours, mais tu as une chance sur deux de te retrouver pendue au milieu de l'arène pour l'ouverture des jeux. Ça te tente toujours de me contredire ?


Craquant, si ce sourire avait été sur un autre visage que le sien.


— Et l'autre chance, c'est quoi ? le défiai-je.


Il me surplombait de sa hauteur, s'étant dangereusement rapproché.


— Si j'étais toi, je ne voudrais pas le savoir.


— Donc en gros, c'est contredis-moi une autre fois et soit tu crèves, soit tu crèves.


Une lueur s'illumina dans ses yeux qu'il détourna, amusé.


— Ce n'est pas exactement ce que je sous-entendais, mais mieux vaut que tu le voies comme ça.


Nous reprîmes la route, et je compris au bout de deux minutes que nous n'allions pas vers ma chambre.


— Qu'est-ce que tu fais ? demandai-je en m'arrêtant une nouvelle fois.


Il va vraiment me tuer ?


— Te faire prendre mes menaces au sérieux.


— Non, c'est bon, je ne te contredirai plus, bégayai-je en tentant de m'échapper de sa prise.


Sa main se resserra un peu plus sur mon bras qu’il tira pour me rapprocher de lui.


— Dis que tu es désolée.


Dans tes rêves.


Soit je l'ai pensé trop fort, soit mon expression était trop significative, car il réagit directement, me poussant brutalement dans une pièce. J'émis un petit cri et il referma la porte en verre derrière lui. Je pris le temps d'observer la salle autour de moi. C'était une pièce entièrement en béton, avec des rayures et des fissures. Il y avait une table, des cibles et une mallette. Il attrapa la mallette et l'ouvrit. J'eus la mauvaise idée de regarder et découvris un service de lames aiguisées.


Il veut la jouer à la Divergente ? Parce que je devrais lui préciser que je trouverais ça sexy s'il était Quatre. Là, en l'occurrence, ça me fait franchement pas rire.


— Qu'est-ce que tu vas faire ? demandai-je, pas du tout confiante.


Mon cri fusa lorsque la lame traversa la pièce en moins d'une seconde. J'eus le réflexe de me décaler assez vite, mais elle aurait pu me découper.


— Tu as failli me...


Je n'eus pas le temps de finir ma réprimande qu'un autre couteau fusa.


Je sautai pour l'esquiver.


— Mais arrête ça !


Encore un autre. Je me baissai. Il me laissa le temps de souffler. Je lui lançai un regard noir.


— Survis ou crève. Si tu arrives à rester en vie, tu as gagné.


Puis il me lança un autre couteau que j'esquivai.


— Tu viens de résumer en quelques mots grossiers ta stupide règle de jeu de vingt pages ?


Un autre plus rapide et plus violent me charcuta l'épaule. Je gémis de douleur.


— Pas le temps de chouiner.


Une énième arriva entre mes deux yeux mais je me laissai tomber pour l'éviter. Toutefois, il envoya une autre lame dans ma direction me forçant à me rouler sur le côté pour lui échapper.


— Il aurait pu me tuer celui-là ! hurlai-je.


J'étais essoufflée, j'avais mal partout à cause de la bataille, tous mes membres me faisaient souffrir.


— Oui.


Connard.


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1 commentaire

Jessica Goudy

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Il y a 10 mois

Soutien 👏✒️🥰
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