R W Le fil du destin Chapitre 28 partie 2

Chapitre 28 partie 2



Il s’avança vers la commode, se servit un verre de liqueur qu’il avala d’une traite, puis se changea.


Le ciel était assombri par d’es épais nuages noirs et la pluie tombait drue lorsqu’il sortit discrètement de la demeure du maire Lughen, les guerrières Suharis le suivant comme son ombre. Ils rejoignirent Babil et ses hommes dans les écuries du manoir et enfourchèrent leurs montures avant de partir au galop dans les ruelles à présent désertes.


Saki lui avait envoyé un signal à travers son collier, l’informant qu’elle avait trouvé la femme. Il ne savait pas en permanence où se trouvait chacune de ses épouses à qui il avait mis le collier doré, mais pouvait, en se concentrant dessus, les retrouver en suivant le lien qui les unissait.


Il sentait qu’elle se trouvait dans les bois, au sud de la ville, non loin de la route principale. Ils traversèrent la plaine sous le déluge de vent et de pluie et attachèrent leurs chevaux à l’entrée de la forêt, puis s’enfoncèrent dans l'obscurité des bois.


Ils se déplacèrent d’arbres en arbres, aussi silencieux que le vent, semblables à des ombres furtives. Le campement était en ébullition lorsqu’ils arrivèrent enfin. Cachés derrière les grands sapins, ils étaient à peine à une centaine de mètres des premiers soldats. Ces derniers s’étaient postés tout autour des tentes, scrutant méthodiquement les alentours, attentifs au moindre bruit. Malheureusement pour eux, l’orage battait son plein dans un tapage retentissant, la pluie et l’ambiance sombre de la forêt limitant leur vision, si bien qu’ils n’aperçurent pas les guerriers qui leur tombèrent mortellement dessus.


Ce fut un massacre plus qu’un combat, Qahir et les guerrières Suharis fondants sur leurs proies telles des panthères, s’abattirent silencieusement sur les soldats ne leur laissant aucune chance de survie. Aussitôt, Babil et ses hommes se ruèrent silencieusement sur ceux qui avaient échappé au précédent assaut, tandis que Qahir s’avançait vers le centre du camp, éliminant nonchalamment les ennemis qui se présentaient face à lui.


Saki était perchée sur les branches d’un noyer quand leurs regards se croisèrent et elle montra à l’empereur une petite tente à l’écart des autres. Qahir s’approcha, son cœur tambourinant dans sa poitrine et ses oreilles bourdonnantes. Elle était là, il pouvait sentir sa présence juste derrière cette toile, la clé de sa réussite.


Il souleva le pan de la tente qui était plongée dans l’obscurité totale, laissant entrer la lumière et remarqua le lit tout au fond sur lequel un corps était allongé, silencieux.


Qahir replia la toile sur elle-même et l’attacha, éclairant faiblement l'espace puis s’avança à pas de velours pour observa la femme qui y était couchée. Ses longs cheveux de jais étaient défaits autour de sa tête, telle une couronne sombre, une bande de tissus cachant ses yeux. Pourtant, il l'a reconnu immédiatement, la peau de son visage fin aussi pâle que le clair de lune, son petit nez droit qui pointait légèrement vers le bas, son menton pointu et sa bouche fine, entrouverte, laissant échapper une respiration profonde et régulière.


Eylen, pensa-t-il en s’approchant encore un peu, il ressentit alors cette même sensation d’apaisement qu’il éprouvait lors de leurs rêves, comme si elle absorbait toute la colère qui bouillait silencieusement en lui.


Il ferma les yeux un instant, savourant ce moment de quiétude tandis que dehors, résonnaient encore le bruit des affrontements féroces et le martèlement de la pluie qui tombait sur la toile de tente. Une odeur de sang lui chatouilla alors le nez, rouvrant les yeux, il remarqua la tâche sombre qui se dessinait sur la robe d’Eylen, toujours profondément endormie. Déboutonnant le plus délicatement possible le tissu, il vit sur le ventre de la jeune femme une entaille rose de la taille de sa main à peine cicatrisée. Il passa la main dessus, caressant la fine peau du bout des doigts et à son grand étonnement, elle disparut aussitôt, comme par magie. Son ventre était redevenu blanc et lisse, comme si aucune blessure n’y avait jamais été.


Ébahi, il resta ainsi immobile, fixant la peau parfaite d’Eylen. Puis, l’entrée de la tente s’ouvrit en grand sur Saki qui baissa aussitôt la tête.


Qahir reboutonna la robe d’Eylen qui dormait, imperturbable et se retourna vers la guerrière, le visage dur. Il la dépassa et sortit de la tente, suivit de cette dernière. Dehors, la pluie torrentielle battait son plein, inondant le sol d’eau et de sang, les corps des chevaliers Elarien massacrés gisant à terre.

Tu as aimé ce chapitre ?

1

0

0 commentaire

Vous êtes hors connexion. Certaines actions sont désactivées.

Cookies

Nous utilisons des cookies d’origine et des cookies tiers. Ces cookies sont destinés à vous offrir une navigation optimisée sur ce site web et de nous donner un aperçu de son utilisation, en vue de l’amélioration des services que nous offrons. En poursuivant votre navigation, nous considérons que vous acceptez l’usage des cookies.