R W Le fil du destin Chapitre 5 partie 3

Chapitre 5 partie 3



_ Dorogaï !


Eylen se réveilla en sursautant. Elle entendait au loin des hommes crier. Combien de temps s’était-il écoulé ?


_ Amenez plus d’eau ! Il reste des flammes !


_ Laissez-moi passer !


Il lui sembla reconnaitre les voix de Caleb et Perin, en plus d’autres inconnues.


Elle se redressa et essaya de réveiller Mery. Mais la petite fille restait inconsciente. Elle voulut crier pour demander de l’aide, mais ne parvint qu’à s’étouffer en laissant s’échapper un râle suffoquant.


_ Non ! Ordonna une voix sombre. Tu attendre flammes éteins !


C’était la voie de l’homme du marché. Eylen eut la vision des yeux noirs de son rêve.


_ Cours !


Son corps se leva tout seul, portant sa sœur contre elle et puisant dans ses dernières forces, elle parvint cette fois-ci à pousser la trappe. Elle hissa le corps endormi de Mery jusqu’en haut de l’échelle et l’allongea au sol. Tout était sombre, les flammes semblaient avoir disparu, mais la chaleur suffoquante la frappa de plein fouet, chaque respiration étant douloureuse.


_ Mery... Parvint-elle à chuchoter.


Mais la peau de la petite joue sous sa main était déjà dure et sans vie. Eylen sentit les larmes lui piquer les yeux et sa gorge se serrer. Elle enfouit son visage dans le torse de sa sœur, et laissa les larmes couler de ses yeux douloureux, la bouche ouverte en un cri de détresse silencieux.


Elle fut ramenée par le bruit de pas s’approchant de l’entrée et se retourna alors vers la trappe. Le corps de sa mère gisait sur le côté, enroulé sur lui-même à côté de la couverture brulée.


Son corps sans vie, brulé et noircit, était recroquevillé en position fœtale. Eylen caressa tendrement le visage de sa mère, les larmes lui brouillant la vue. Chaque respiration était comme des aiguilles plantées dans sa gorge. Maman... Puis, apercevant un point rougeoyant sur son cou, elle reconnut le pendentif qu'elle ne quittait jamais. Elle l’agrippa fermement, le métal chaud lui brulant la peau, puis tira dessus pour casser la chaine.


Dehors les voix gutturales d’hommes parlant dans une langue qu’elle ne connaissait pas, s’approchaient de la porte d’entrée. Il ne fallait pas qu’ils la trouvent. Elle le sentait au plus profond de son être. Poussée par une peur féroce et primitive, elle se dirigea vers la porte de la grange qu’elle défonça d’un coup d’épaule, déchirant sa manche sur le bois brûlé. Elle se rendit compte qu’elle n’avait pas de chaussures lorsque ses pieds nus touchèrent la paille encore fumante au sol. Elle releva la tête et vit le soleil à son zénith à travers le toit qui s’était partiellement effondré.


Derrière elle la porte d’entrée s’ouvrit. Sans se retourner, Eylen démarra sa course vers la forêt. Le pendentif brûlant de sa mère toujours serré dans le creux de sa main, y incrustant une marque douloureuse et éternelle.

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