Fyctia
Chapitre 2 partie 3
Deux heures plus tard, ils étaient enfin attablés sur la place du village entrain de déguster du cochon de lait. Eylen savourais son morceau de viande qu’elle arrachait vigoureusement de son os, tout en écoutant son père bavarder avec Juden qui s’était joint à eux.
_ Il semblerait que monsieur le Maire ai encore acheté des terres, disait ce dernier à Owen en tirant sur sa pipe.
_ Encore ? Qui a-t-il menacé cette fois-ci ? Le questionna Owen.
_ Le Bouvier de Chénas, et ce n’est pas le premier à qui il achète dans le coin. Tu devrais te méfier mon ami, il ne tardera pas à toquer à ta porte.
_ Et bien, qu’il vienne, Fit Owen en lançant son os à un chien qui guettait entre les tables. Il ne sera pas déçu !
Il se resservit dans le plat un gros morceau de côte et reprit :
_ Mes terres appartiennent à ma famille depuis plusieurs générations, je n’ai pas l’intention de m’en séparer.
Il fit un clin d’œil à Eylen avant de mordre dans sa viande.
_ Tu devrais faire attention, tout de même... Gardes en mémoire ce qui est arrivé à Varen et sa famille...
_ Juden ! Le coupa Maryse, son épouse.
Elle jeta un regard appuyé à Josie et Bonies, leurs jumelles qui discutaient joyeusement avec Brion. Du moins étais-ce l’impression que cela donnait à première vue si on omettait le fait qu'ils essayaient discrètement de se chiper l’intérieur de leurs assiettes respectives.
_ Qu’est ce qui est arrivé à monsieur Varen ? Demanda Eylen à son père en serrant sa jupe sous la table.
_ Ce ne sont pas des histoires pour les enfants ma belle, lui répondit Maryse en lui souriant gentiment.
Eylen était déçue, mais elle s’y attendait un peu. Juden et son père repartirent l’air de rien dans leurs débats commerciaux et elle perdit le fil de la discussion en regardant autour d’elle.
Elle aperçut alors un homme de dos, vêtus d’une longue cape noire à la capuche relevée. Il dépassait d’une tête la plupart des villageois, et devait même très certainement dépasser son père. Il discutait avec un homme brun qui lui arrivait à l’épaule et qui arborait une outrageuse robe fuchsia agrémentée de broderies dorées assortie à un chapeau de la même couleur.
Lorsqu’ils tournèrent sur leur gauche Eylen reconnu le fameux Maire dont parlais son père quelques instants plus tôt. Ce dernier semblait sourire nerveusement et on pouvait apercevoir les gouttes de sueurs perler sur son front. L’inconnu lui tendit une bourse bien rebondit et s’approcha de son visage, certainement pour lui dire quelque chose de confidentiel. Eylen fronça les yeux et se pencha inconsciemment pour mieux voir. Le Maire acquiesça et tendit la bourse bien rebondit à un de ses gardes derrière lui. Finalement l’homme à la cape s’inclina à son tour et repartit en direction d’une ruelle adjacente.
_Quand on parle du loup, murmura Juden qui avait suivi le regard d’Eylen.
_ Il montre de bout de sa queue... Finit son père en se détournant discrètement les yeux vers son assiette.
En effet monsieur le Maire semblait justement s’avancer vers leur table.
Maryse se leva et se tourna vers ses jumelles :
_ Il est temps de rentrer les filles.
_ Oh ! Non, s’exclamèrent les deux sœurs déçues.
_ On peut aller jouer avec Brion plutôt ?
Maryse jeta un regard à son mari qui acquiesça.
_ Mais vous ne faites pas de bêtises et vous ne vous éloignez pas de la place. C’est compris ? Les prévint-il.
_ Oui !
_ Super !
Alors que les trois enfants se levaient du banc, Owen retint Brion par le bras.
_ Eylen, fit-il en se tournant vers la jeune fille, tu les accompagnes.
_ Oui p’pa, répondit cette dernière moitié contente d’avoir une peu de liberté, moitié déçue de ne pas savoir ce qu’il allait se dire.
Elles se joignit à son frère et ils suivirent les deux fillettes vers la rue près de la boutique de leur père. Quand elle se retourna, elle aperçut le Maire qui serrait la main de son père toujours attablé.
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