J’ai regardé l’abime pour y retrouver la trace de mes pas. J’ai contemplé vide et je l’ai laissé s’approcher de moi. On dit que je suis fou mais on dit tant de choses. Je ne pense pas avoir le temps d’attendre, le temps de vieillir pour apprendre. Si mon corps supportera la chute et si mon cœur… Oh lui, il ne supporte plus rien. Laissez-moi vous montrer qu’un pied devant l’autre, je peux traverser le vide. Je ne fais aucun miracle, je ne connais même pas la magie. De mes seules mains, j’ai écarté les nuages qui entravaient ma vue. Maintenant, la surface dégagée, je peux avancer. Parfois poisson puisque l’Océan m’attend, parfois oiseau si le ciel me surprend. Les distances se raccourcissent, me serais-je trompé ? Je ne crois pas. Mais un tour en enfer, à embrasser ses pierres, une à une, ne me déplairait pas. On dit que je suis fou mais on dit trop de choses. Moi, parfois, je me tais. Je reste des jours entiers sans parler. Saviez-vous qu’on en oublie même d’exister ? Il est des jours où vous avez beau vous retourner, vous ne trouvez personne. Alors vous refermez la porte un peu plus tous les jours. Le vide effraie, même moi qui le laisse me caresser. Alors, on vous dit fou mais on dit peu de choses sur ces surfaces lisses qui collent à la peau et asphyxient. Je ne comprends pas ce monde qui me pousse toujours un peu plus à reculons. Je ne comprends pas la ronde que font ces gens devant la glace. Des yeux qui s’abaissent pour éviter les grimaces, Des mains qui se ferment sur le même vide qui s’étend sous mes pas. Ils n’ont rien, rien et pourtant ils parlent et on les écoute. On les applaudit parfois, surtout s’ils sont plus fous que moi