Fyctia
20.
Ma vision se brouille petit à petit. Je n'ose croire que cela est pu arriver. Comment une chose aussi affreuse a pu se produire ? Les mots qu'il vient de prononcer tournent en boucle dans ma tête. Je revis la scène qui s'est déroulé il y a à peine quelques minutes :
Matt me regarde avec ses yeux remplis de tristesse. Ses mains entourent les miennes. Notre respiration n'en forme plus qu'une. Les secondes que nous passons dans le silence sont une vraie torture. A la fois pour lui, puisqu'il ne sait pas comment m'annoncer la chose et à la fois pour moi car je demeure dans l'ignorance totale, le noir absolu.
Matt prend une grande et longue inspiration. C'est le moment, j'en suis sûre. Il ouvre délicatement la bouche et se met à parler d'une voix remplis chagrin :
- Je suis vraiment désolé de devoir t'apprendre ça Clara.. mais..
Il marque une courte pause. Je vois qu'il se bat intérieurement avec lui-même : doit-il me le dire ou doit-il m'épargner ? J'essaie de comprendre à travers ses yeux mais hélas je n'y arrive pas.
- Il s'agit de ta mère, murmure-t-il.
- Ma mère ? Quoi ma mère ?! Qu'est-ce-qu'elle a ? Réponds-moi ! Matt, s'il te plait ! Réponds !
Ma voix n'est que souffrance et panique. Je ne peux imaginer la réalité. Et puis, pourquoi ne veut-il pas me dire ce qui se passe ? Plus il se tait et plus mon désespoir s'accroître. J'essaie de l'encourager à parler mais en vain..
- Je suis vraiment désolé. Madame Neels m'a annoncé que ta mère avait eu un accident de voiture hier et que son état était très inquiétant.
La bombe est l'enlacée et elle a été dévastatrice.
Depuis ce terrible moment, j'ai arrêté de respirer, de vivre. Je ne suis qu'une coquille qui a été entièrement vider. Ronger par la souffrance et la colère.
A la fin de la journée, ( du moins je pense qu'il s'agit toujours de la même journée ) je remarque je suis dans mon lit. L'espace d'un moment je me demande ce qui se passe, comment j'ai atterri ici ? En croisant mon reflet dans l'un de mes miroirs, je constate que je porte toujours les mêmes affaires que dans mon dernier souvenir, puis, quand j'étudie l'aspect de mon visage, je me remarque que ma peau est pale, mais surtout, je vois que mes yeux sont si rouge et si piquant que cela provoque une piqûre de rappel à mon cerveau.
- MAMAN ! dis-je en poussant un énorme sanglot.
Je me recroqueville immédiatement sur moi-même et pleure de toutes mes forces.
Soudain, j'entends quelqu'un arriver à toute vitesse dans ma chambre. Lorsque cette personne entre, je ne bouge pas. Ma tête est toujours cachée par mes mains. Cette personne s'approche rapidement de moi, tombe à genoux et me prend dans ses bras. Je ne sens plus le sol sous mes pieds mais le vide. Ma tête est posée dans le creux de son épaule, mes mains sont accrochées à son cou. Je n'ai pas arrêté de sangloter depuis que j'ai retrouvé la mémoire.
- Chuuut.. me dit doucement la voix en me caressant le dos.
Je finis par revenir à ma place, dans mon lit. Je suis toujours agrippée à cette personne s'en savoir qui elle est. Quelque temps après, je finis par être bercé dû à l'apaisement que me procure les va et vient dans mon dos que je sens.
Lorsque j'ouvre, pour la seconde fois, mes yeux c'est l'aube. La lumière du jour inonde ma chambre, ce qui me pousse à me réveiller. Mes yeux me brûlent énormément et ma bouche est sèche. J'ai la sensation d'être une vraie loque humaine. Quand je passe par le salon, pour rejoindre la cuisine, je fais un arrêt devant le canapé. Quelqu'un dort sur mon canapé. De là où je me trouve, je n'arrive pas à voir de qui il s'agit. Je me rapproche à pas de chat, tout doucement. Une fois à bonne hauteur, je découvre avec étonnement que la personne qui est en train de dormir sur mon canapé n'est autre que Dimitri. Depuis quand est-il ici ? Comment est-il entré ? Aurais-je perdu la mémoire ? Je reste planté là à me poser tant de questions auxquelles je n'ai pas de réponse. Au bout d'un moment, j'entends des clés qui tournent dans une serrure. Je constate que ce bruit provient de ma propre porte d'entrée. Je fais quelques pas vers celle-ci, tout en restant à bonne distance au cas où. Mon cœur tambourine à toute allure dans ma poitrine. Qui essaie de rentrer chez moi ? Une grande silhouette finit par passé le pas de la porte, suivit d'une seconde plus petite.
- Tu as déjà debout ? me dis la petite silhouette.
Mon regard est rempli d'incompréhension et de perplexité. Comment se fait-il qu'ils me connaissent ?
- N'ai pas peur ce n'est que nous, poursuit-elle.
Les deux silhouettes s'approchent de moi et par simple réflexe je recule jusqu'à taper le canapé. Je suis sur le point d'atterrir sur Dimitri quand la grande silhouette m'attrape par le bras et me ramène vers elle. N'ayant plus aucune distance entre elle et moi, je relève la tête pour découvrir qui sont ces personnes qui viennent de faire irruption chez moi.. Quand mes yeux finissent par se poser sur son visage, je le reconnais sur-le-champs. C'est Matt qui m'accueille avec toute cette chaleur humaine qui émane de ses yeux.
- Salut, me chuchote-t-il.
- Salut, lui répondis-je.
La seconde silhouette s'approche de nous. Il s'agit de Sophia. Evidemment, il ne pouvait que s'agir d'elle. Elle me prend instantanément dans ses bras. J'ai l'impression d'être cassé en mille morceaux mais, grâce à l'affection que je ressens dans cette pièce, des petits morceaux se recollent.
- Que fais-tu ici ? Depuis quand êtes-vous tous là d'ailleurs ? dis-je incrédule.
- Dimitri et moi sommes arrivés il n'y a pas très longtemps à vrai dire. Nous étions au cinéma, quand Dimitri a reçu un appel de Matt pour nous expliquer ce qu'il venait de t'arriver. Aussitôt qu'on a su, nous sommes venus ici. Il devait être 2 heures du matin il me semble. A notre arrivée, Matt nous a dit que tu étais en train de dormir donc nous n'avons pas voulu t'embêter.
- Et vous êtes rester quand même ? dis-je surprise.
- Evidemment que nous sommes restés, répond Sophia offusquer. Comment aurions-nous pu te laisser toute seule ?
- Elle n'aurait pas être seule, surenchérit Matt.
J'esquisse un très léger sourire en entendant ces quelques mots. Finalement, nous nous retrouvons tous à la cuisine, enfin sauf Dimitri qui dort toujours. Je triture les contours du verre d'eau que je tiens entre mes mains.
- Arrêtez de me regarder tous les deux, dis-je brusquement.
Matt pose sa main sur l'un de mes avants bras, puis ajoute :
- On s'inquiète pour toi. Tu ne peux pas nous en vouloir pour ça.
Nous échangeons un regard. Je sais très bien qu'il a raison mais je n'aime pas être le centre de l'attention des personnes qui m'entourent. Je décide de boire une gorgée d'eau pour dissiper la conversation. Subitement, je ressens comme une forte envie de vomir. Je m'élance rapidement jusqu'aux toilettes, la main devant la bouche. Apparemment, mon comportement a affolé mes deux compagnons puisqu'ils sont déjà derrière la porte à me demander si tout va bien. J'ai envie de crier !
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