cdbeug01 Le combat d'une adolescence 4e-Le calvaire de la différence (1)

4e-Le calvaire de la différence (1)

L'année de 4e était un calvaire du début à la fin, avec, en plus, une augmentation graduelle avec le temps.

D'abord, ses amis de 5e décidèrent que Pierre était trop blond et trop gentil pour être un homme viril. Et puis, c'est quoi ces manières polies et rangées ? C'est pour les femmes ça. "Deviens viril, mec !", lui disaient avec un air moqueur ses camarades de classe, à qui, seulement deux mois auparavant, il faisait encore la morale au sujet de leurs manières peu éduquées de demander de l'aide au sujet des filles.

Pierre n'avait jamais vu ça : des riches qui se comportent comme des pauvres : ni à la télévision, ni dans les livres, ni dans la famille, qu'elle soit française ou ukrainienne. Il savait que s'il y avait des vagues, ses parents n'auraient plus JAMAIS confiance en lui. Il ne lui restait qu'a supporter les moqueries.

"Sale femmelette !", "Peureux ! Lâche !", lui criaient-il avec leur mots d’adolescent qui lui paraissaient tellement vulgaires, après lui avoir demandé de venir dans un coin sombre de la cours, pour ne pas que les surveillants ne les entendent. Il ne se laissa pas faire. Dans un coin sombre il les engueula tel un professeur et se moqua à grand éclat de rire de leur sombre métamorphose depuis la 5e. Il parti léger et goguenard de les avoir ainsi humiliés.

Quelques minutes plus tard, un surveillant vint voir Pierre et lui demanda : "C'est toi qui a insulté ce pauvre élève ?".

Par un stratagème aussi ingénieux que naturel pour lui, qui était issus d'un peuple blond aux yeux bleus à la fois viril, sage et respectueux, il dit que non, que c'est eux qui l'avaient importuné et qu'il n'avait fait que se défendre.

Le surveillant rigola et parti en lançant : "Ca va, tu m'as convaincu !".

Après trois mois de torture de ce type, Pierre était à bout. Peut-être que le collège, ce n'est pas encore la vie adulte, finalement, se dit-il à ce moment là.

Il plongea alors dans le bain de l'adolescence. Il appris les mots des ados, alla sur les sites d'ados (à l'époque, c'était MSN Messenger, pour ceux qui connaissent) et séduisit des filles uniquement pour le défit. Elles lui rendirent bien ce manque de respect l'année suivante d'ailleurs.

L'été fut long et ennuyeux. Il n'espérait rien pour l'année d'après. Il se voyait encore haletant, tel un combattant des injures et des manipulations de collégiens, qu'il avait subies pendant l'année.

Un jour, il avait demandé à la surveillante générale (la CPE) de l'aider. Voici comment elle s'y était prise.

Pierre se souvient de la scène :

Après avoir entendu ma plainte "ils se moquent de moi sans raison, madame. Pouvez-vous intervenir, s'il vous plaît, car je n'en peu plus de supporter leurs blagues d'ado."

La surveillante CPE, surprise que je critique ma propre tranche d'âge dit : tu es très calme pour un élève de collège. En quelle classe est-tu ?

- En 4e, madame.

- Que-t-on-t-ils dit ?

- Ils m’insultent à longueur de journée.

Je ferais le nécessaire, répondit-elle avec un regard sûr et inexpressif (elle était d'origine Corse, disait-on dans l'enceinte du collège).

Trois jours plus tard, trois de mes agresseurs vinrent vers moi, tels des chevaliers et essayèrent de m'intimider à coup de "si tu continue, on fera pire".

Je leur faisait remarquer que s'il faisaient pire, ils se feraient certainement prendre, car jusqu'ici, leur chance était que personne ne les empêchait de le faire, mais c'est parce que ce n'était pas assez dérangeant pour le groupe et donc les professeurs et les surveillants n'intervenaient pas. Mais dès lors que ce serait assez visible et tangible, il y aurait une réaction de la part du corps enseignant.

Tu parles d'une réaction, cette bande de grands enfants se contentait de dire, soit :

- Chute ! Un peu de silence, s'il vous plaît. Comme s'il s'agissait de quelque chose de tout à fait normal.

Ou alors, ils rigolaient et disaient :

- Oh, ça va, les mecs, arrêtez, le pauvre, remettez-vous au travail, allez ! Bande de flemmards !

Ah quelle belle partie de rigolade, n'est-ce pas ?

Dès la récréation suivante, ils recommencèrent leur moqueries, comme si de rien n'était, fondées sur rien (tu est trop intelligent pour nous. Dégage !). Tu est une fille !

J'allais voir les filles, justement, pour me changer les idées. Je voyaient que, visiblement, elles subissaient le même type de moqueries que les garçons. Certaines portaient le sac des autres. On sentait chez elles une sorte de hiérarchie entre celles qui étaient apparemment les plus heureuses dans leur vie (elles étaient les plus maquillées, les mieux habillées, celles ayant le plus de contacts positifs avec les garçons en vue par les filles) et les autres qui essayaient visiblement de leur ressembler en vain. Elles n'avaient pas compris que la beauté, à notre âge, se résume par l'accord entre l'environnement et l'individualité. Mais je ne pouvait pas le leur expliquer, elles étaient beaucoup trop occupées à se morfondre sur leur sort et à accuser la vie de leur infliger ce calvaire. Une simple remise en cause de leur vision du monde, qui était donnée par la société de consommation (magasines féminins, blagues misogynes et traitement peu respectueux de la gente masculine pour des raisons d'absence d'obligation de respect envers les femmes (ce n'était pas le cas en Russie, en tout cas, pas sous cette forme (sous une autre forme en fait)). Je pris conscience, à ce moment là, que ces pratiques étaient générales, que personne ne faisait rien pour les empêcher (les professeurs, les élèves non concernés), car, sans doute, ils étaient bien contents d'échapper à tout cela en ne prenant part aux moqueries que lorsqu'ils n'avaient pas le choix et en ne faisant rien pour les empêcher.

Pierre tomba en dépression nerveuse. Il n'avait pas d'espoir et il pensait que cela continuerait indéfiniment. Personne ne lui venait en aide, à part sa mère qui décida, que finalement, il n'était pas si grand que cela et qu'il avait donc le droit de raconter son quotidien à sa mère qui, dès l'énoncé finit le récompensait, selon elle, par un "oui, mon chéri, je te comprends c'est dur le collège Français moi aussi j'ai souffert à l’adolescence". Mais Pierre n'y croyait plus. Il ne voyait plus clair dans sa vie. Il était perdu.

Il s'intéressa rapidement aux "émos". Mais ils vu vite que c'étaient des sensibles et non des guerriers, comme lui. Lui, il avait résisté aux moqueurs, de la meilleure des manières. Il s'était battue sans se faire réprimander, par le collège "riche" que lui avait "offert" son père (qui d'ailleurs, semblait le comprendre sans vouloir l'aider, car, d'après ce qu'il disait, il n'avait jamais connu ce type de situation...). Mensonge, pour Pierre.

Cependant, un jour, la solution apparût à Pierre. D'abord, il fallait trouver un moyen de prouver à ces camarades qui lui manquaient de respect que ce qu'ils disaient été faux, puis leur donner quelque chose, afin que leur colère se transforme en admiration.

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1 commentaire

cdbeug01

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Il y a 7 ans

Merci à @Calypso_Dahiuty et @Missperlyam :-)
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