Sue_Auteure Le Coeur Dans Les Étoiles CHAP.7 ~ Like a Star 1/2 ♬

CHAP.7 ~ Like a Star 1/2 ♬

Cela fait un bon moment que je bavarde au téléphone avec ma sœur. Elle me raconte sa grossesse, son accouchement et les exploits incroyables de ses jumelles adorées. Je suis heureuse de la savoir heureuse, mais toute cette histoire me fait penser à Keziah. Mon fils me manque. Je suis bien consciente que tout cela n'est pas cohérent, pourtant mon bébé me manque.


Moi aussi j'aimerai parlé de mon accouchement qui a duré une éternité. Heureusement pour moi, Bailey était à mes côtés... Malheureusement, je ne peux pas partager mon expérience sous peine de me retrouver enroulée dans une camisole au fond d'une chambre d’hôpital isolée.


— Tu sais quoi Maï-Maï, j'ai discuté avec Kali et elle m'a tout raconté. Je te crois, déclare ma sœur.


— Tu ne dis pas ça pour te moquer de moi, n'est-ce pas ?


— Absolument pas. Avec Ortiz et Kali nous avons fait des recherches sur ta situation et il n'y a rien d'impossible.


Tiens, mon petit frère y croit maintenant !?


— Que mijotez-vous encore tous les trois ?


— Rien d'extravagant, promis ! Nous sommes certains que ça t'aidera. Tu m'écoutes ou pas ?


— Je suis tout ouïe.


— Eh bien vois-tu, en faisant nos recherches, nous sommes tombés sur un nombre incalculables de témoignages comme le tien, et tu sais quoi Maï-Maï ? Ce que ces gens racontent est incroyable. Cela corrobore toutes les choses insensées que tu racontes : la lumière blanche, les ombres, les êtres de lumières, la douceur, l'amour inconditionnel, des expériences extrasensorielles... et il y'en a même qui ont revu des êtres chers.


— Merci pour le « insensées » ruminai-je.


— Tu n'es pas folle et on le sait, Maï-Maï.


— Hmm. Je sais.


Je sais pertinemment que je ne suis pas folle. J'étais bien vivante le soir de Noël. J'étais bien vivante quand j'ai rencontré Papili, Papa et encore plus quand mon âme est revenue dans ce corps plus petit qu'une boîte d'allumettes.


— Les scientifiques disent que tout ne s'explique pas, même si c'est une rélaité.


— Je n'ai pas besoin de la science pour savoir que tout ça est vrai, répliquai-je agacée.


— T'énerve pas Maïra ! Je voulais juste te dire que je te crois.


— Excuse-moi, je suis un peu sur les nerfs ces derniers temps.


— Et ça se comprend, renchérit ma sœur avec un sourire dans la voix.


À peine la conversation terminée, mon téléphone bipe toutes les deux secondes. Sélénia m'envoie déjà les liens de vidéos qui détaillent le phénomène que j'ai vécu. Dans son dernier message, elle précise à nouveau qu'elle me croit et qu'elle ne remettra plus jamais en question mon récit impossible. Comme Kali, ma sœur aînée me recommande d'aller de l'avant et me somme de retourner travailler.


Il est peut-être temps de reprendre le contrôle.





76 jours avant Noël


Les séances de kinésithérapie prescrites par le Dr Colombani me font beaucoup de bien, mais pas autant que la musicothérapie avec cette chère Maria Colard. D'habitude, sa méthode anéantie complètement mes angoisses et je sors de son cabinet en mode « Warrior-Survivor».


Aujourd'hui, c'est autrement. Rien ne parvient à dissiper mon anxiété. Je reprends le travail demain et je ne suis absolument pas prête. Si je n'avais pas racheté les parts de Pierrick pour pouvoir conserver mon appartement, j'aurai attendu plus longtemps avant de reprendre. Là, je n'ai pas le choix, j'ai urgemment besoin de renflouer les caisses.


Ben oui ! Mon banquier ne vit pas dans mon monde imaginaire.


Je suis inquiète. Inquiète de ne plus être à ma place, inquiète de ne plus savoir faire et ce, même si j'ai bénéficié d'une petite remise à nouveau avec l'association qui m'accompagne grâce au Dr Colombani. Je croyais être prof de danse et je me découvre assistante dentaire !


Si c'est pas un grand écart, ça !?


Parfois je me dis que tout aurait été plus simple si j'étais vraiment morte. Là, je dois faire le deuil d'une vie que j'ai rêvée en plus de deuil de la personne que j'ai été.


Il y a un deuil de trop là, c'est évident !


Ce qui est étrange en revanche, c'est que le cabinet dentaire dans lequel je travaille, se trouve exactement au même endroit que le cabinet de Bailey.


Bailey... Encore lui. Toujours lui !


Pour me détendre, je fais couler un bain en écoutant Like Star, de *Corine Bailey Rae.


Bailey... Ce prénom me poursuit.


Nostalgique d'une chose qui n'a jamais existé, je ferme mes yeux pleins de chagrin et je disparais sous la mousse de mon bain.


Est-ce qu'un jour je me sortirai de cette vie désordonnée ?


À peine ai-je sorti la tête de l'eau, que mon téléphone vibre. Je quitte la baignoire, le corps humide et plein de mousse pour décrocher :


— Maïra c'est Maman. Koman ou ye ?

(Comment vas-tu ?)


Eh bien, mwen la !

(Je suis là.)


Maman et moi n'avons jamais eu de bons rapports. J'ai toujours pensé qu'elle préférait Sélénia et Ortiz, à moi. Il aura fallu que je reste coincée à l'hôpital pour comprendre qu'elle m'aimait à sa façon. À mon réveil, j'ai ressenti son bonheur de me voir vivante. Je n'aurais jamais imaginé ça avant.


J'étais une ado rebelle et elle a eu tout le mal du monde à me faire adhérer à sa vision trop stricte du monde. Heureusement, Papa était là pour contrebalancer. Le jour où il est parti, mon monde s'est écroulé ; celui de Maman aussi d'ailleurs. Papa était son premier amour, elle avait organisé toute sa vie autour de lui. Quant à moi, je souffrais d'un « *Œdipe superstar ». Il était notre trait-d'union. Papa était mon monde et lui aussi adorait Baile...


— Maïra tu es là ?


— Oui Maman, je suis toujours là.


— Je voulais te souhaiter bonne chance pour demain.


— Merci Maman.


— Selenia m'a informée de ta reprise. Tu pourrais me donner de tes nouvelles de temps en temps, quand même !


Et voilà, les reproches...


— Oui c'est vrai, désolée.


— Le Seigneur t'accompagne ma fille. Tout se passera bien.


Elle recommence encore avec son Seigneur et tous ses saints !


— Merci Maman.


Je réponds en serrant les dents. Je déteste quand elle fait ça. Quand elle m'impose sa foi. Pas que je n'y crois pas, mais je veux sentir les choses par moi-même et pas comme elle le veut. De toute façon c'est un combat sans fin. Maman ne changera pas. Elle a sa foi chevillée au corps et personne ne la fera dévier de sa divine destinée.

N'empêche qu'après mon expérience là-haut dans les étoiles, je suis convaincue qu'il y a une force suprême qui dirige toute chose. C'était trop merveilleux, pour qu'il en soit autrement.


Si jamais le grand patron m'entend là-haut, je lui demande juste de faire en sorte que demain ne soit pas une catastrophe.


Je croise les doigts, les orteils et tout le reste !



🎄




*Corinne Bailey Rae (née Corinne Jacqueline Bailey) est une chanteuse anglaise deNéo-Soul.


**Le complexe d'Œdipe, parfois contracté dans l'expression « l'Œdipe », est un concept central de la psychanalyse qui concerne la relation parents-enfants.

Tu as aimé ce chapitre ?

3

2

2 commentaires

loup pourpre

-

Il y a 16 jours

J’aime ton récit culture plein de références musicales. Hâte de voir la suite.

Sue_Auteure

-

Il y a 16 jours

Merci beaucoup !
Vous êtes hors connexion. Certaines actions sont désactivées.

Cookies

Nous utilisons des cookies d’origine et des cookies tiers. Ces cookies sont destinés à vous offrir une navigation optimisée sur ce site web et de nous donner un aperçu de son utilisation, en vue de l’amélioration des services que nous offrons. En poursuivant votre navigation, nous considérons que vous acceptez l’usage des cookies.