Fyctia
2 décembre
Mon réveil sonne beaucoup trop tôt. Et beaucoup trop fort. Je le retarde de dix minutes supplémentaires. Je suis sur le point de retomber dans les bras de Morphée lorsque je me souviens soudain de ce qui m’attend aujourd’hui. Je me relève alors d’un coup. Même si je constate qu’il est encore tôt, 7 h 30, et que je n’ai rendez-vous que trois heures plus tard, je commence déjà à paniquer. La route va me prendre une heure, je dois donc démarrer vers 9 h, mais je ne ressemble à rien et je dois encore manger et réfléchir à ce que je vais bien pouvoir lui dire.
Je m’avance dans la douche, me change et m’habille. J’ai super faim et je suis stressée. Et qu’est-ce que je fais dans ces cas-là ? Je mange un truc bien calorique. Je décide donc d’aller rechercher ma vieille recette de crêpes, écrite par ma grande tante il y a des années, et je la relis. Je me souviens encore parfaitement du jour pendant lequel on l’avait rédigée. On venait de planter des graines dans le potager et, alors que j’ai cru qu’on allait se reposer, elle a entrepris de faire des crêpes pour le gouter. Je l’ai laissé faire, sachant que je ne pourrais rien contre son entêtement. Je lui ai alors demandé la recette. Elle a attrapé un bout de papier qui trainait sur sa table et y a inscrit quelques phrases. Quand elle l’eu fini, je l’ai lue. Et lorsqu’elle est partie rejoindre son mari au paradis, je l’ai relue, encore et encore. Aujourd’hui, je la reprends, s’en m’empêcher de sourire en repensant à ces moments qui appartiennent au passé, et commence à préparer ma pâte. Je n’ai pas vraiment le temps de la laisser lever et cuis donc tout de suite les épaisses crêpes. J’y étale du chocolat. Quand je les mange, je replonge en enfance. Je me revois dans son grand canapé gris, à regarder la télévision en mangeant. Ce souvenir m’arrache un nouveau sourire.
Je termine vite mon déjeuner (pas très équilibré) avant de jeter un coup d’œil à ma vieille montre noire. Je n’ai jamais compris pourquoi les gens achetaient des montres hors de prix super fragiles alors qu’ils pourraient juste en prendre une à 10 € qui résiste à tout et tient des années. Quoi qu’il en soit, il est déjà 8 h 30. Je prends mon téléphone et cherche l’adresse. Je file ensuite mettre ma veste et mes chaussures, attrape mes clés et ferme ma porte avec celles-ci. Je descends rapidement les quelques marches et traverse la rue pour m’installer dans ma voiture. J’inspire un bon coup avant de démarrer.
Une heure, seule, c’est long. Ça donne beaucoup de temps pour réfléchir et, notamment, pour renoncer. Je décide donc d’allumer la musique. Je chante à tue-tête, comme si c’était l’unique chose capable de m’aider, de me défouler. Comme si, en chantant, je devenais invincible. Et, finalement, le trajet passe à la vitesse de la lumière. J’arrive même à destination trop vite à mon goût. Pour entrer, je dois faire la file tant il y a de monde. Quand je me rapproche, je vois le parking bondé et je me demande comment je vais trouver une place et, surtout, comment je vais réussir à m’y garer. Au moment où j’atteins enfin l’entrée, un monsieur en costard s’approche de moi. J’ouvre ma fenêtre alors qu’il se penche pour me demander pour quelles raisons je viens. Je ne sais pas trop quoi répondre, je ne sais même pas moi-même ce que j’attends de cette entrevue. Il doit remarquer mon hésitation car il enchaine en me demandant si j’ai rendez-vous.
– Oui, avec Urbain. Urbain Artengo.
Il m’inspecte comme si j’étais un sujet scientifique avant de reprendre la parole.
– Votre nom ?
– Eva.
– Eva ?
– Oui Eva, dis-je en perdant patience.
S’il continue, je serai énervée pour les ‘retrouvailles’, mais aussi en retard. Le gars me fixe encore quelques instants durant lesquels je lève les yeux le plus possible. Il se décide ensuite enfin à prendre son téléphone pour appeler quelqu’un. Il s’est reculé, donc je n’entends rien. Mais maintenant, je comprends pourquoi j’ai dû attendre aussi longtemps dans cette file. Il revient après plusieurs minutes en me tendant une petite feuille qui ressemble à une carte. Et juste quand j’allais fermer ma fenêtre, il m’interpelle.
– Vous avez une place réservée. Il vous suffit de suivre les flèches oranges, et ce sera la place 3. M. Artengo vous attend, vous êtes en retard.
Quel toupet, c’est lui qui me retient et ça va être ma faute ! J’acquiesce cependant avec mon sourire le plus hypocrite en refermant ma fenêtre, pour du bon cette fois. Je démarre en me dirigeant vers ma place tout en réfléchissant à ce que cet homme vient de me dire. Je suis mitigée. Il m’a réservé une place, mais la 3… C’est peut-être une coïncidence. Mais le connaissant, cela ne l’est pas. Je trouve assez vite la place, qui est énorme soi-dit-en-passant. Je sors de ma voiture et me dirige vers son bureau à l’aide des indications sur la feuille.
Après avoir pris quelques bouffées d’airs dans une tentative vaine pour me calmer, je toque.
12 commentaires
Océane Ginot
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Jo Mack
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Il y a 4 ans
Cendre Elven / Mary Ann P. Mikael
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AliceChap
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Gottesmann Pascal
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Lily Riding
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