Fyctia
Chapitre 25
Finalement, l'homme le suit dans son bureau. Il n'a toujours pas piper un seul mot. Il s'assoit en face du commissaire et le regarde durement. Il ressemble à un bâtonnet de poisson pané sortant d'un congélateur. Serait-il tombé dans un lac gelé à quelques kilomètres d'ici? Si cela avait été le cas, il serait tout simplement mouillé et serait aussi à l'hôpital et non dans un centre de police dans un bled paumé au beau milieu de plusieurs forêts.
— Alors? Vous êtes venu pour une raison? Quelle est-elle?
— J'ai vu quelque chose dans la forêt.
— Et qu'est-ce?
— Un homme mort.
— Quoi?!
— Il n'avait aucune blessure apparente. Mais il était allongé par terre, dans la neige et il ne bougeait plus.
— Où l'avez-vous vu?
— Dans la forêt du Nord.
— Vous sauriez retrouver le chemin?
— Bien entendu.
— Et... Hmm... Que faisiez-vous dans la forêt aussi tôt dans la matinée?
— J'ai commencé à couper du bois assez tôt car j'ai pris du retard ces derniers temps. Au bout d'une heure, je suis tombée sur cet homme, il se trouvait à environ une vingtaine de centimètres de la limite de mon domaine.
— D'accord, merci.
Soudainement, un long cri effrayant se fait entendre dans la vallée. Il provient du village. Le commissaire se lève et sort du centre de police pour regarder aux alentours. Ce cri venait d'une femme, il en est certain. Une femme, blonde, sort d'une maison en trombe. Elle glisse à cause de la neige et tombe dans celle-ci avant de se relever pour courir vers le commissariat tout en restant affolée. Le Commandant Bernard la prend dans ses bras lorsqu'elle arrive à sa hauteur. Elle est épuisée, effrayée. Son rythme cardiaque est élevé, sa fréquence respiratoire augmente de plus en plus. Elle est faible, elle a dû mal à reprendre son souffle pour raconter ce qui ne va pas. L'officier de police essaie de l'aider à se calmer.
— Restez calme. Tout va bien. Je vais vous aider, mais en attendant, essayez de vous calmer et de respirer tranquillement.
La femme finit alors par enfin reprendre un peu son souffle. Entre plusieurs respirations rapides, elle glisse quelques mots pour expliquer sa frayeur.
— J-Je... vu... m-mon... -ri... m-mort... Peine-t-elle à dire.
— Comment ça? Madame, essayez de répéter s'il-vous-plaît. Qui est mort? Où ça?
— Mari...
Elle reprend une respiration avant de reprendre.
— Mon mari...
— Où l'avez-vous trouvé?
— D-Dans mon salon...
La femme retrouve une respiration quasiment apaisée et normale. Le commissaire l'invite à entrer dans le bâtiment pour rester au chaud et lui servir un verre d'eau. Le bûcheron qui l'avait suivi à l'extérieur après avoir entendu ce cri sinistre et pétrifiant, part chercher un gobelet pour le remplir à la fontaine à eau de l'open space. Puis, il vient l'apporter à la femme blonde pour qu'elle puisse s'hydrater la gorge. Cette dernière accepte le verre et le boit d'une traite comme si elle n'avait pas bu depuis des jours. Ses traits tirés montrent qu'elle n'a pas beaucoup dormi. Le commandant prend toutes les notes nécessaires sur ce qu'à raconter la femme.
— Bon, je vais aller voir chez vous et envoyer la PTS sur le coup. Nous allons tout faire pour savoir ce qui s'est passé. Peut-être que ce n'est qu'un AVC ou un arrêt cardiaque. En attendant, je vous prierai de rester ici, une patrouille va venir s'occuper de vous. Vous pourrez lui demander tout ce que vous souhaiterez. Je serai de retour dans l'heure, prenez vos aises.
— Puis-je vous accompagner pour vous montrer le corps de l'homme que j'ai trouvé?
— Oui, allez-y, venez. De toute évidence, j'ai une longue journée qui m'attend, comme si je n'avais pas déjà une grosse affaire à régler, maintenant, je tombe sur des morts... Quelle foutue saison!
La patrouille arrive, composée de deux jeunes officiers qui n'ont pas l'air bien compétents. Ils essaient de rester auprès de la femme et de l'apaiser, malgré les larmes qui commencent à couler le long de ses joues. Elle a assisté à la découverte du corps de son mari, ce n'est tout de même pas rien. Pendant ce temps-là, les deux hommes se rendent au domicile de la femme que le chef ne connaît que trop bien. Pas besoin de fouiller pour trouver la dépouille du mari, elle siège au milieu du salon, tâchant ainsi le magnifique [affreux] tapis gris sous la table basse. Il s'approche du cadavre et pose son index et son majeur au niveau du creux de son cou pour vérifier son battement du cœur, mais en effet, il ne ressent rien. Il est bel et bien mort. La PTS entre et fait ses analyses. Mary, l'experte en cadavre, arrive et vérifie le corps.
— Il est mort Monsieur, je n'ai aucun doute là-dessus. Cependant...
Elle déplace le corps et remarque que le sang, censé provenir de son dos, là où une entaille est visible, est beaucoup trop abondant par rapport au type de blessures.
— Ce meurtre a été maquillé... Mais dans un sens bien époilant. Pour toi, cette affaire risque d'être bien mirifique, puisqu'elle ne va pas te laisser dormir. La personne qui a tué cet homme à amplifier les tâches de sang au sol. Nous allons l'analyser au laboratoire, mais je peux te parier qu'il ne lui appartient pas, ou du moins pas que. Je ne comprends pas le but de dramatiser un meurtre...
— C'est en effet assez déroutant. Je te remercie Mary.
L'homme roux s'approche du centre du salon et observe l'homme couché sur le sol, les yeux clos. Un mouvement de recul le fait basculer en arrière après s'être pris un guéridon. Il tombe sur le sol dans un vacarme assourdissant.
— Cet... Cet homme... C'est... l-lui.
Le commandant ne comprend pas tout de suite à quoi il fait allusion, mais lorsqu'il regarde le cadavre, puis le bûcheron, il cherche à vérifier son hypothèse qui risque de tout rendre bien plus compliqué que prévu.
— C'est cet homme que vous avez retrouvé mort près de votre domaine il y a quelques minutes avant de venir au commissariat?
L'homme hoche de la tête pour toute réponse. Le commissaire ne comprend plus rien. Mais que se passe-t-il donc à la fin? C'est un sketch, ce n'est pas possible autrement. Que ferait le corps de cet homme à des kilomètres d'ici, alors qu'il se trouve désormais dans son propre salon à seulement quelques minutes d'intervalle. Le pire, c'est que cet homme n'est pas n'importe qui. Ce visage ne lui est que trop familier. L'enquête se complique et elle semble avoir un lien assez étroit avec celle déjà en cours. Il se trame quelque chose d'incompréhensible à Wiltzberg. L'officier de police espère qu'il pourra dénouer les nœuds de cette bobine de laine, puisque pour l'instant, il ne semble pas pouvoir en trouver le bout.
12 commentaires
Lorie Dupré
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Il y a 4 ans
Zoé Sonobe (zizogoto)
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Il y a 4 ans
fabi72
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Il y a 4 ans
Zoé Sonobe (zizogoto)
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Il y a 4 ans
patoche
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La Loreley
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Gottesmann Pascal
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Il y a 4 ans
Zoé Sonobe (zizogoto)
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Il y a 4 ans