Fyctia

Un accord se fait alors signer entre les trois hommes de la pièce. S'il y a encore des victimes d'ici les trois prochains jours alors que Lance Wasser est enfermé, cela ne peut dire qu'une chose: il est totalement innocent et il sera donc blanchi de toute suspicion. Pour Lance, c'est un nouveau souffle de vie qui lui fait écho dans sa tête. Il va pouvoir prouver qu'il n'a rien avoir avec toute cette mascarade. Même si c'est mal, il espère au fond de lui, que le kidnappeur n'a pas prévu de s'arrêter en si bonne voie. Maître Rützel sort du commissariat et retourne à l'hôtel — qui ressemble plus à une vieille auberge que l'on pourrait retrouver dans les bandes dessinées Astérix — où il a décidé de dormir jusqu'à la fin de cette affaire.

Trois jours plus tard.

Des cernes commencent à se dessiner sous les yeux de l'adolescent. Il lui est impossible de dormir alors que l'agresseur de sa sœur est totalement introuvable. Aucune nouvelle victime. Aucun nouvel indice. Maître Rützel est revenu le voir à plusieurs reprises ces trois derniers jours, mais il n'avait jamais de bonnes nouvelles à lui apporter. Le Commandant Bernard doit sûrement se frotter les mains dans son bureau, à l'idée d'avoir pu enfermer le bon suspect dès le début. En effet, c'est exactement ce qu'il fait, un petit rire diabolique s'extirpe de sa gorge pour atterrir contre les murs de son bureau. Son instinct ne lui a pas fait défaut, Lance est le coupable. Il est enfermé, aucune victime, il est en liberté, des nouvelles victimes. Lance est le suspect parfait pour cette affaire et sûrement également le coupable parfait. L'avocat commence à douter de l'innocence de son client. Il sort de l'auberge où est écrit sur la façade "Hôtel de Luxe et Spa" et se rend au commissariat pour discuter avec le jeune adolescent.

La cellule de Lance s'ouvre pour quelques secondes afin de laisser entrer son avocat. Le policier qui a ouvert reste devant la cellule, dos à celle-ci, comme pour garder l'entrée. De toute façon, qui viendrait l'aider? Pas un seul de ses parents n'est venu le voir pour le soutenir. Ils croient visiblement le commandant et les accusations portées contre leur fils. Au fond, même s'il ne porte pas beaucoup d'attention à ses géniteurs, cela lui fait plus de mal qu'il ne le pensait.

— Bonjour Lance. Je n'ai pas de très bonnes nouvelles à vous annoncer. Commence Maître Rützel.

— Merci. Ne vous fatiguez pas. J'ai bien compris ce qui se passe. Il n'y a pas eu de nouvelles victimes, hein?

L'avocat ne répond rien.

— J'ai l'air pitoyable dans cet état, I know. Et puis, j'ai encore plus l'air d'un coupable en souhaitant qu'il y ait de nouveaux enlèvements.

Lance, assis, se prend la tête entre ses mains, les coudes posés sur ses genoux. Comment a-t-il pu en arriver là? Simplement parce qu'il aime Amélie et qu'il souhaitait simplement retrouver? Le pire dans tout ça, c'est que s'il devait être libéré, il retournerait de ce pas la chercher et il continuerait son enquête. Il n'est pas prêt à abandonner. Non!

— J'ai une requête à vous exposer Maître. J'aimerai que vous engagiez un détective privé pour moi. Reprend-il.

— Un détective privé? Vraiment? Vous ne voulez pas laisser la police faire? Répond l'avocat.

— Vous rigolez? Ils vont arrêter de chercher les corps des jeunes filles. Ils m'ont moi, le coupable idéal, jamais présent lorsqu'un nouvel enlèvement sonne la cloche d'alarme. Je n'ai plus que cette possibilité pour avoir une infime chance de retrouver Amélie.

Si l'avocat n'était pas tout à fait sûr de l'innocence du jeune homme, il en désormais convaincu. Cette lueur dans ses yeux ne trompe pas: c'est celle d'un innocent blessé et perdu par la disparition d'un proche.