Fyctia

Il y a un mythe qui persiste, c'est même plus qu'un mythe, c'est quasiment une science exacte. Le mythe de la connexion entre les jumeaux est très répandu, surtout en Allemagne actuelle. Il s'avère que pour Lance et Amélie, c'est le cas. Lance sait que sa sœur est en danger, il le ressent, mais il sait aussi qu'elle est encore vivante. Bien qu'il ressente un manque, ce n'est pas un vide total, sa sœur n'est pas morte, il en est convaincu. Et tant qu'il ne ressentira pas ce vide, il continuera à la chercher et il la trouvera avant ces flics de pacotille. Lance est un très bon dessinateur, il a aussi une très bonne mémoire photographique. Il dessine alors sur son carnet l'arbre avec le ruban et les traces de pas d'animaux de la forêt dans la neige. Puis il se lève et se dirige vers sa bibliothèque. Il prend un livre et l'ouvre pour en extirper une cartographie pliée en huit des forêts. Il repose le livre sur l'étagère et vient se rasseoir en face de son bureau. Il déplie la carte et l'étale sur la table. Il se munit d'un stylo rouge et commence à rayer toutes les zones qu'il a exploré. Il en conclut que ce n'est pas énorme, qu'il est loin d'avoir tout fouillé, mais ce n'est pas pour autant qu'il va abandonner. Il va continuer les recherches dans la forêt du Nord, celle où il avait trouvé ce fameux ruban qui appartient à coup sûr à sa jumelle.

Au même moment, au centre de police, les escouades reviennent de leur mission. Le Commandant Bernard commence par crier, elles ont cinq minutes de retard... Puis un porte-parole par équipe vient rapporter au chef ce qu'ils ont vu et trouvé, soit... pas grand chose... voire rien du tout... Le commandant se met dans une colère noire, sa fureur est pire que le courroux des Dalton lorsqu'ils ratent leur coup... Ses collègues fuient et se postent à leur bureau pour ne pas attendre ses cris. Il n'aime pas perdre, ni l'échec. Il entre dans l'open space en claquant sa porte contre le mur.

— Comment est-ce possible d'avoir des escouades aussi nulles? Je vais changer mon équipe! Je vous vire tous! Je ne veux plus vous voir ici! Bande d'incompétents sans cervelle! Où avez-vous eu votre badge? Dans un paquet de céréales?

L'un des policiers, assis sur sa chaise et jouant avec un stylo bille se racle la gorge avant de tenter une intervention.

— Euh, Patron... Excusez-moi... mais je me permets de vous dire... que... que vous n'avez pas le droit de nous virer... Cela requiert le regard de plus haut...

Le commandant le regarde furieux. Ce pauvre gars est fini...

— Ah oui? Tu voudrais peut-être être à ma place? Tu sais en quoi consiste mon travail? Tu veux tenter?

— Ce n'est pas ça Chef...

— Et as-tu compris en quoi consistait ton boulot? C'est de me respecter, de m'obéir et aussi, enfin éventuellement, de résoudre les enquêtes en trouvant des indices pour coffrer des connards qui s'en prennent aux citoyens et à notre démocratie.

Le pauvre gars ne parle plus, le commandant a réussi à semer la panique chez lui. Plus personne n'ose dire quoi que ce soit, faire quoi que ce soit, plus un souffle, plus une respiration ne s'entend dans la pièce. Quelle journée de merde pour ces escouades! Elles n'ont déjà pas dormi et en plus de cela, elles se font lyncher lorsqu'elles rentrent. Le chef retourne dans son bureau en refermant bruyamment sa porte.

De retour auprès de Lance, celui-ci repart de chez ses parents avec un sac sur le dos dans lequel il a mis une corde de quatre mètres, des provisions, une bouteille d'eau, une couverture, un allume-feu et son carnet avec un crayon de bois. L'aventure ne commence que maintenant pour notre jeune protagoniste.