Virginie Roekens L'Académie des Ombres lunaires Premiers jours

Premiers jours

Le matin s’était levé sur l’Académie des Ombres Lunaires, mais à peine un filet de lumière réussissait à percer les lourds rideaux de velours qui couvraient les fenêtres de la chambre de Lysandra. Elle ouvrit lentement les yeux, encore enveloppée dans un demi-sommeil, les événements de la veille tournant en boucle dans son esprit.


Elle se leva, s’habilla rapidement et quitta sa chambre. Les murs de pierre semblaient retenir la fraîcheur nocturne, et chaque pas de Lysandra résonnait comme un écho dans ce silence solennel. Elle se dirigea vers le salon commun de la Maison du Croissant, espérant y retrouver Nia, Rohan, ou Elyna.


En entrant dans la pièce, elle fut soulagée de voir Nia assise près de la cheminée, un livre sur les genoux. La jeune fille leva les yeux en entendant Lysandra entrer et lui adressa un sourire.


« Bien dormi ? » demanda-t-elle.


Lysandra hocha la tête. « Aussi bien que possible, étant donné… » Elle laissa sa phrase en suspens, sachant que Nia comprendrait.


« Ne t’inquiète pas, le premier jour est toujours le plus étrange », répondit Nia. « Mais tu t’y habitueras vite. Viens, je vais te montrer le chemin vers les salles de classe. On commence les cours aujourd’hui. »


Les deux filles quittèrent le salon et se dirigèrent vers le cœur de l’Académie. À mesure qu’elles avançaient, Lysandra pouvait sentir l’énergie changer autour d’elles. Les couloirs devenaient plus animés, avec d’autres élèves qui se croisaient, des livres sous le bras, échangeant des murmures à voix basse.


Les salles de classe se trouvaient dans l’aile est de l’Académie, une partie du château encore plus ancienne, où le temps semblait s’être arrêté. Lysandra et Nia arrivèrent devant une porte massive en bois sculpté, marquée du symbole de la Nouvelle Lune. Nia frappa légèrement et la porte s’ouvrit d’elle-même, révélant une pièce circulaire, éclairée par la lumière vacillante de bougies placées sur de grands chandeliers en fer.


L’intérieur de la salle de classe était austère, avec des murs en pierre brute et de hauts plafonds où les voûtes s’entrecroisaient en motifs complexes. Les pupitres, disposés en cercle autour d’une large table centrale, étaient déjà occupés par d’autres élèves, leurs visages partiellement dissimulés par l’ombre des chandeliers.


Au centre de la pièce, un homme se tenait debout, vêtu d’une robe noire qui touchait le sol. Son visage était émacié, ses traits sévères, et ses yeux, d’un bleu glacial, observaient attentivement chaque nouvel arrivant. Une longue baguette de bois sombre reposait dans sa main droite, et il la faisait lentement glisser entre ses doigts comme s’il s’agissait d’un serpent prêt à frapper.


« Asseyez-vous », dit-il d’une voix qui n’admettait aucune contestation.


Lysandra et Nia prirent place à l’un des pupitres libres, et la porte se referma lourdement derrière elles.


« Je suis Maître Soren », commença-t-il, en marchant lentement autour de la table centrale. « Ici, à l’Académie des Ombres Lunaires, vous apprendrez à maîtriser les forces qui vous habitent, à comprendre les secrets des arcanes que peu de mortels osent effleurer. Mais sachez ceci : le savoir n’est jamais donné, il se mérite. Et certains d’entre vous découvriront peut-être que ce qu’ils cherchent à savoir n’est pas ce qu’ils devraient désirer. »


Le ton de sa voix était calme, mais portait une menace sous-jacente qui fit se raidir plusieurs élèves dans leurs sièges.


« Aujourd’hui, nous commencerons par une introduction aux runes lunaires, » poursuivit-il. « Chacun d’entre vous a été choisi pour ses aptitudes, mais aussi pour la connexion particulière que vous avez avec la lune. Les runes lunaires sont les fondements de notre magie. Elles puisent leur pouvoir des différentes phases de la lune et leur signification peut changer selon le moment où elles sont invoquées. »


Il fit un geste avec sa baguette, et un grand parchemin apparut sur la table centrale, s’étalant pour révéler une série de symboles complexes tracés à l’encre noire. Chaque symbole semblait vibrer légèrement, comme animé d’une vie propre.


« Approchez, » dit-il en leur faisant signe de se lever.


Les élèves se rapprochèrent de la table, fascinés par les runes qui semblaient presque murmurer entre elles. Il y avait quelque chose de profondément hypnotique dans ces symboles, une magie ancienne et énigmatique qui la touchait directement.


Maître Soren expliqua en détail la signification de chaque rune, leur usage dans les sortilèges, et les dangers potentiels de leur mauvaise manipulation.


Lorsque vint le moment de pratiquer, Lysandra sentit une légère tension s’installer parmi les élèves. Ils savaient tous que cette première leçon était une épreuve. Maître Soren leur distribua des parchemins vierges et leur ordonna de tracer les runes qu’ils venaient d’apprendre, en canalisant l’énergie lunaire qu’ils ressentaient.


Lysandra prit une profonde inspiration, essayant de calmer les battements précipités de son cœur. Elle fixa la rune qu’elle devait reproduire, sentant le pouvoir latent en elle, celui qu’elle avait toujours soupçonné mais jamais vraiment contrôlé. Sa main tremblait légèrement alors qu’elle traçait les lignes complexes du symbole sur le parchemin. Pour un instant, tout sembla se figer, et une lueur argentée émana du parchemin, baignant la pièce d’une douce lumière lunaire.


Maître Soren se pencha sur son travail, ses yeux perçants analysant chaque détail. Lysandra retint son souffle, redoutant son verdict.


« Correct, » dit-il simplement, sans autre commentaire, avant de passer à l’élève suivant.


Lysandra expira lentement, un mélange de soulagement et de fierté la submergeant. Elle avait réussi.


Après la leçon, les élèves furent libérés pour le déjeuner, mais Lysandra resta dans la salle quelques instants, observant les runes gravées sur le parchemin. Nia s’approcha d’elle, un sourire encourageant sur les lèvres.


« Tu t’en es bien sortie, » dit-elle.


« Merci, » répondit Lysandra, tout en repliant soigneusement son parchemin. « Ces runes… elles sont si puissantes. »


Nia hocha la tête. « Oui, et ce n’est que la surface. Il y a tant à apprendre ici, et chaque réponse que tu trouves te mène à de nouvelles questions. »


Alors qu’elles sortaient de la salle de classe, Rohan et Elyna les rejoignirent, discutant de la leçon. Lysandra se sentait déjà un peu plus à l’aise en leur compagnie. Elle sentait qu’une amitié naissait entre eux, forgée dans cette atmosphère de mystère et de défi.


Alors qu’ils traversaient les couloirs pour se rendre à la grande salle à manger, Lysandra ne put s’empêcher de jeter un coup d’œil vers les sombres recoins de l’Académie. Il y avait quelque chose de non-dit, une présence presque palpable qui rôdait entre les murs anciens. Les ombres semblaient vivantes, prêtes à révéler des secrets enfouis depuis des siècles.


Et au fond d’elle, Lysandra savait que ces secrets la concernaient plus qu’elle ne pouvait l’imaginer.


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1 commentaire

Ada Guilbert

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Il y a 5 mois

Excellent concours :)
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