Fyctia

— Donc si j’ai bien compris, hier, tu as reçu un mot de menace découpé dans du papier journal et glissé dans ton cartable après le cours d’initiation de la magie, et maintenant tu penses que c’est Dorian qui a fait ça ? résuma Assia qui m’avait rejointe dès la fin des cours avec Cécile.

— C’est ça, dis-je. Je n’avais rien reçu de ma deuxième année, cela correspond à la fois à son arrivée, de plus que l’on était assis à côté ce jour-là. Cela lui aurait permis de le mettre discrètement. Si on ajoute à cela que je n’ai rien reçu aujourd’hui…

— Tu en penses quoi Cécile ? Tu le connais mieux que nous, serait-il capable de ce genre de choses ? argua Assia en s’adressant à sa copine qui me faisait une tresse à mes cheveux mouillés à présent noir comme l’ébène.

Celle-ci prit un temps pour réfléchir, cessant de natter, tandis que je reprenais une poignée de snacks, que j’engloutis. Nous étions assises par terre à défaut de mieux dans cette pièce étroite et sinistre. J’avais tendance à manger pour calmer mes angoisses.

— C’est vrai que Dorian à un caractère de cochon, et je ne pourrais pas dire que c’est une personne fréquentable, mais de là à harceler quelqu’un ? Ça ne lui ressemble pas.

Je repris des snacks tandis que je poussais un soupir. C’était forcément lui. À peine arrivée et dès notre première interaction, il m’avait fait comprendre ce qu’il pensait de moi. Si seulement le mot avait été rédigé en manuscrit, alors j’aurais pu comparer les écritures. Même en tentant de camoufler ses cursives, il y avait des détails qui ne trompaient pas. Comme j’avais pu le voir dans mes polars préférés.

Cécile finit sa tresse pour la mettre sur mon épaule avant de s’installer aux côtés d’Assia. Leurs mains se joignirent et elles s'échangèrent un regard amoureux, hors du temps. Je souris. Moi aussi, lorsque je serai diplômée et cristalliseuse, alors je m’intéresserais à l’amour.

— Mais il est vrai que ton interaction avec Dorian était intense. Ça ne te ressemble pas de te mettre dans tes états pareils, me fit remarquer mon amie.

Je haussai les épaules.

— Il représente tout ce que je n’aime pas, j’espère simplement qu’il ne va pas tout faire foirer avec son devoir solo. Ça nous rajoute du travail en plus, argumentai-je. D’ailleurs, je ne vais pas tarder à m’y mettre.

— Déjà ? Mais ça ne fait qu’une heure que nous sommes là ! Et c’est encore la rentrée, s’étonna Cécile.

— Ah, c’est toujours ça avec Vic, elle pense toujours travail, travail et travail. Et académie parfois aussi !

Je ris, amusée.

— Vous pouvez rester pendant que je fais mes devoirs, ça ne me dérange pas, répliquai-je en me mettant à mon bureau.

La fille unique de la directrice plongea son regard dans celui d’Assia avant que ces yeux vert d’eau entrèrent en contact avec les miens.

— On va faire que te déconcentrer en restant ici.

Rien ne parvenait à me tirer de ma concentration mais je ne répliquai rien.

— Cécile a raison, mais il faudra qu’on parle de la soirée d’entrée qui aura lieu dans deux semaines, exigea mon amie d’enfance.

— Ça ne m’intéresse pas, je n’apprécie personne ici à part vous deux.

— Tu ne vas vraiment jamais t’y rendre de toute ta scolarité ?! poursuit-elle.

J’étais complètement en accord avec cela mais je ne dis rien pour ne pas éterniser le débat tandis que je commençais déjà à me concentrer sur ce dont j’allais devoir m’atteler après leur départ.

— Prends soin de toi Vic. Je sais à quel point les études sont importantes pour toi mais ne te surmenage pas quand même. N’oublie pas de profiter, tu as vingt-et-un ans ! Et ne te bile pas pour le mot, je suis sûre que ce n’est rien, finit par dire Assia en posant une main réconfortante sur mon épaule qui me fit un bien fou.

— J’ai vingt-deux ans depuis la rentrée, précisai-je.

— C’est bon, tu es vieille comme nous ! Raison de plus !

Il n’y avait pas à dire, elle était vraiment dotée de cette aura de grande sœur, ce qui n’était pas étonnant vu qu’elle était l’aînée d’une fratrie de sept enfants. Elle était toute la chaleur et l’affection dont j’avais besoin et soudain, je n’avais plus envie qu’elle parte du tout. Cependant, je ne pouvais plus nourrir ce type de pensées égoïstes. Assia était en couple, et ça faisait longtemps que je ne l’avais pas vue aussi heureuse. L’Académie de cristal avait commencé à grignoter son optimisme à toute épreuve. Elle était une personne sociale, ce qui n’était pas aisé dans un internat aussi compétitif.

Depuis qu’elle était avec Cécile, ses yeux aussi chaud et doux que le soleil, retrouvant leur éclat d’antan. C’était ce qu’il y avait de plus important.

— Bonne nuit Vicki ! À demain, me salua celle aux yeux verts.

— Bonne nuit Vic. Je t’aime.

— Moi aussi ! Salut les filles, à demain.

Et, une fois n’étant pas coutume, je me replongeai dans les devoirs dans l’espoir de noyer toutes mes idées noires et d'échapper à l’image de cuillère-d’argent qui faisait tout ce qu’il avait en son pouvoir pour éliminer la concurrence. Pour m’éliminer, moi.

***

Hello tout le monde !

J'espère que tout se passe bien pour vous !

C'est un chapitre un peu slow pour comprendre comment l'académie et les personnages s'articulent avant d'entrer dans le vive du sujet.

N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez en commentaire !

Bonne journée/soirée.