Fyctia

𝐋𝐢𝐯𝐢𝐚

Il a brutalement ouvert la porte de ma cellule en marchant deux pas à l'intérieur de l'espace confiné ou il m'a retenue captive. Il se tenait près de moi qui tremblais comme une feuille. Son allure d'athlète, bien qu'elle ne soit pas similaire à celle de mon fiancé, dégage une aura féroce qui me fait ressentir de la crainte mêlé à de la colère. Pedro jette un regard furtif dans ma direction avant de s'accroupir en face de moi. Un sourire carnassier s'étire sur ses lèvres, me faisant frissonner. Oh la la, j'ai envie de me lamenter sur mon propre sort.

Quelle tragédie ! Il est ironique que je sois là, près de ce cousin cruel et sadique qui m'enferme pour une vengeance personnelle. Si je devais le décrire, il ressemble à un caniche qui dit oui à toutes les demandes de Sergio Lopez. C'est pathétique !

Il approche subtilement son visage à quelques centimètres du mien, en me susurrant d'une voix gutturale :

- Livia, je sais ce que tu penses. Crois-tu que je t'ai emmenée ici pour satisfaire la volonté de mon père? Ai-je raison?

- Bah oui, sinon pour quelle raison serais-je là? Je réplique en le fusillant du regard.

- Imbécile, tu n'as toujours pas saisi que je t'aimais d'un amour sans limites! Par amour pour toi, je pourrais réaliser l'inconcevable... Pourtant, toi, tu l'as choisis, lui... Ce pervers sans état d'âme à moi ton cousin !

- Oh là là, tu me fais une crise de jalousie... Non, laisse-moi rigoler. Je suis libre de choisir avec qui je veux être, et ce n'est sûrement pas avec toi que je vais construire un avenir stable. Sérieusement, regarde-toi, tu as déjà Tania, non ?

- Tania, elle n'est rien pour moi ! Ce n'est qu'une remplaçante que j'ai pu me procurer à un tarif raisonnable !

Argh, en gros c'est son vide couille personnel. Quelle horreur, dans quel piège je me suis fourré ? Reprends ton calme, il est possible qu'il mente comme à son habitude, n'est-ce pas ? Je suis confiante que ce cauchemar va bientôt se terminer, que je vais me réveiller auprès de mon bien-aimé et que tout ça sera bientôt derrière moi.

- Non Livia tu n'es pas entrain de rêver ! Je suis bien en face de toi à te déballer toute la vérité sur mes sentiments que j'éprouve pour toi depuis belle lurette. Je ne vais plus obéir aveuglément aux ordres d'un père obnubilé par le pouvoir et l'argent. Tout ce qui m'importe c'est toi, rien que toi mon amour !

- Mais lâche-moi espèce de malade ! Il est hors de question que je sois une Lopez, tu m'entends jamais!

- Ouch, je suis navré de te dire que je ne te laisse guère le choix, mi princesa.

𝐉𝐮𝐚𝐧 

La gifle de mon ami a rétabli mon état d'esprit. Rapidement, je sécurise le périmètre sur l'ensemble de la ville et dans les villes avoisinantes. Dans chaque quartier de Cordoue, je déploie plusieurs unités de recherche afin d'optimiser nos chances de retrouver Livia en vie.

Sans aucun doute, je supervise toutes les opérations depuis ma chambre d'hôpital. Vous comprenez que je ne suis pas en état de faire quoi que ce soit.

Bien évidemment, je vous passe les deux jours de recherches intensives qui n'ont pas été très concluants. Toutefois, aujourd'hui, à ma plus grande surprise, une Rita complètement bouleversée fait son entrée dans la pièce où je réside temporairement. Elle est en compagnie de ma garde rapprochée composée de deux gardes. Le plus téméraire d'entre eux s'est exprimé d'un ton hésitant :

- Monsieur Alvarez, nous vous prions de bien vouloir accepter nos excuses pour cette interruption soudaine... mais Madame Lopez voulait absolument discuter avec vous d'un sujet crucial qui est en rapport avec la disparition de votre fiancée... Je me suis dis que-

- Eh dites-moi Diego c'est qui entre la demoiselle et moi qui te verse mensuellement ton salaire. 

- C'est que-

- Oui, mais encore... Je t'écoute.

- C'est vous, monsieur.

- Bien, alors expliquez-moi pourquoi vous me ramenez cette femme dans ma chambre sans au préalable m'avertir de sa visite impromptue.

- Monsieur, Madame Lopez a exprimé son désir de vous fournir ses informations cruciales en personne. Je vous assure qu'elle a su se montrer très exigeante.

- Très bien, je passe l'éponge pour cette fois vous pouvez disposez.

En parfaite synchronie, les deux bodyguards affirment mes propos avant de quitter la salle d'un pas pressé.

Peu de temps après, Pablo et Mathilde font leur entrée dans la chambre d'hôpital. Rita Lopez est assise devant eux, essayant de garder le peu de dignité qu'elle a, en levant son menton avec fierté. Les attitudes de diva de cette dernière suscitent de l'agacement chez mes deux amis. Ce que je comprends tout à fait, mais l'heure n'est pas aux querelles. Il est fort probable que Rita ait une idée de l'endroit où son frère a retenu ma fiancée prisonnière, ainsi que de ses intentions à son encontre. C'est la raison pour laquelle je fais taire mes amis d'un seul regard.

D'un mouvement de la main, j'invite Rita à s'exprimer sur la raison de sa venue qui reste étrange :

- Je tiens d'abord à m'excuser pour mon mauvais comportement, si aujourd'hui je suis ici c'est pour me racheter auprès de vous tous. Pedro est bien l'auteur du kidnapping de Livia, Demetrio n'a été qu'un pion dans ce stratagème sordide. Au départ, l'idée était que Demetrio vous enlève et vous livre à nous le lendemain matin, afin que nous puissions vous assassiner, en veillant à ne laisser aucune trace derrière nous. Malheureusement, mon frère a apporté des modifications au plan : il a mis fin de manière brutale à la vie de mon amant... Peu de temps après, il s'est lancé à la poursuite de Livia, qui a réussi à le semer. Une fois que Pedro était hors de mon champ de vision, je me suis approchée de Demetrio qui gisait dans son propre sang... Il était inerte sur la terre humide. Prise de panique, j'ai immédiatement appelé les secours qui sont arrivés quelques instants plus tard. Leur diagnostic était sans équivoque : Demetrio était mort, conclut Rita d'une voix éraillée avant de s'écrouler sur le carrelage froid de la chambre d'hôpital.