Fyctia
☏ 𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟐𝟏
𝐋𝐢𝐯𝐢𝐚
Après notre échange tumultueux, lui et moi sommes plongés dans un silence profond. Les heures passent à toute allure, seul le bruit de la télévision diffusant les informations résonne dans la pièce. Lorsque la sonnerie stridente du téléphone de mon patron résonne dans l'air, brisant le lourd silence qui nous enveloppait.
Nous nous regardons tour à tour, jusqu'à ce qu'il décide de rappeler son interlocuteur en quittant précipitamment le salon.
𝐉𝐮𝐚𝐧
Je passe un coup de fil à mon très cher associé et ami Pablo. Au bout de deux sonneries, il décide de décrocher l'appel en me demandant d'un air détendu.
- Eh mec, comment vas-tu depuis l'annonce officiel de tes fiançailles ?
- À ton avis, Pablo ? M'exclame-je en levant mes yeux au plafond.
- Mal, étant donné l'état dans lequel tu te trouves, réplique ce dernier d'un ton narquois.
- Ça a l'air de te divertir, crétin !
- C'est bon, ça va... Il est interdit de plaisanter avec toi maintenant !
- Non, ce n'est pas le bon moment pour rire. J'ai de nombreux problèmes à résoudre en commençant par régler le compte de Rita Lopez.
- Effectivement, la vipère a encore frappé au mauvais moment... Elle a bien préparé son coup, la garce.
- Ton vocabulaire Pablo, souffle-je agacé par sa grossièreté.
- Elle mérite aucun respect de ma part, Juan. C'est une croqueuse de diamant qui cherche des pierres précieuses avec un gros compte en banque.
- Tu veux dire comme toi et moi.
- C'est pourquoi nous sommes amis... Je peux discerner tout en toi, même tes pensées les plus sombres.
- Ça me tranquillise d'être compris par un ami comme toi.
-Est-ce une allusion ironique Juan ?
- Depuis toujours, mes paroles ont été le reflet de mes pensées les plus profondes.
- Je suis soulagé... Tu n'es pas aussi mauvais que je le pensais.
- Sympa, tu pensais ça de moi ! Tu as gravement atteint mon ego !
- Arrête tes salades, je ne t'ai même pas effleuré, gamin !
- Mon ami, tu es aussi un grand enfant dans l'âme, tu l'as toujours été.
- En somme, revenons à nos brebis. As-tu des idées pour faire payer à Rita son affront de ce soir? Personnellement, j'ai une idée qui à germer dans mon esprit-
- Si c'est une idée pernicieuse, tu peux faire une croix dessus !
- Tu ne m'amuses pas du tout quand tu es comme ça !
- C'est le but recherché, Pablo. Une idée salutaire serait en revanche la bienvenue ! Des suggestions, peut-être !?
- Non, aucune pour l'instant.
- Très bien, ce fut un bref et fugace appel, au revoir.
- Attends- Bip.
Je suis épuisé de me triturer l'esprit avec Pablo. En ce moment, ma principale préoccupation est de neutraliser la menace que la famille Lopez incarne à mes yeux. Pour y parvenir, j'ai besoin de peaufiner un stratagème qui les écarte du jeu sans avoir recours à l'assassinat.
Je me dis que c'est une aubaine que Livia devienne ma femme, car cela me permet de repousser les profiteuses de mon chemin et de pouvoir affronter les Lopez avec une facilité déconcertante dans mon domaine d'expertise : la vente.
En évoquant la vente, il se trouve qu'un jour avant l'ouverture de l'hôtel, un magnat de l'immobilier m'a approché avec une offre alléchante, un contrat en or qui me permettrait de faire prospérer mes bénéfices et ainsi surpasser ce vautour qui se prétend être un rival de taille, alors que c'est qu'un misérable insecte qui vole aux autres ce qu'ils ont de plus chers.
Autrefois dans le passé j'ai payé le prix de lui avoir accordé ma confiance ainsi que le statut d'ami proche au détriment d'un mariage parti en lambeaux. Dorénavant, je ne le laisserai pas saboter mon union avec Livia qui a su me redonner goût à la vie.
Avant de la connaître, j'étais une coquille vide d'amour dépourvu de toutes émotions que procure ce type de sentiments. Un sentiment dévastateur qui a ruiné mon cœur... Cette organe qui a été blessé par les actes de Rosé et de Pedro, mon ex-meilleur ami et ma précédente épouse, nus sur notre lit entrain de copuler comme deux animaux lorsqu'ils sont dans la saison des amours.
Enlacés l'un contre l'autre, hurlant leurs plaisirs devant moi. Devant cette scène, mon corps est resté inerte complètement vider de toutes émotions. J'étais là, au seuil de la porte de notre chambre à regarder les personnes qui comptaient parmi mes proches en qui j'avais le plus confiance, me trahir de la pire des façons.
Je reviens à la dure réalité lorsque je ressens la douce étreinte de deux bras enlacer mon torse. À cet instant précis, une prise de conscience s'empare de moi alors que mes larmes dévalent mes joues.
La peur m'envahit... Quelle est cette crainte qui me hante ? Ma plus grande angoisse en ce monde est d'être trahi une fois de plus par celle que j'aime, cette femme qui fait battre mon cœur.
Je n'ose pas croiser son regard, persuadé qu'elle me juge faible, un homme brisé par une femme vénale qui fut mon épouse durant trois longues années. Elle doit penser qu'elle mérite mieux, qu'un homme tel que moi est incapable de lui offrir le bonheur qu'elle désire en tant que femme.
Au plus profond de moi, je sais que je suis un homme brisé, qui a aimé la mauvaise personne, mais qui a retrouvé l'espoir de trouver l'amour avec Livia, elle aussi blessée par les manigances de la famille Lopez.
Je promets de trouver un moyen redoutable de nous venger de ces vautours que sont les Lopez. Et pour cela, j'ai besoin que Livia me dévoile la partie la plus obscure de son existence.
Pour l'instant, je suis incapable de lui dire quoi que ce soit. Aucun son ne franchit ma bouche, mes lèvres restent closes pendant un long moment avant qu'une douce main ne vienne essuyer mes larmes avec tendresse.
Gêné, je relève la tête en fixant intensément ses yeux. Ses iris ambrés d'une beauté saisissante me scrutent avec fascination, comme si j'étais la plus belle œuvre d'art qu'elle ait jamais contemplée.
Soudain, une impulsion dévorante s'empare de mon être, prenant le contrôle total de mes mouvements. Sans plus attendre, je presse mes lèvres contre les siennes, lui offrant un baiser enflammé et sauvage.
Le son de nos respirations remplit la pièce adjacente au salon, une vaste salle qui me sert de bureau. C'est ici que je travaille lorsque je suis en télétravail. Ne pensant à rien d'autre, j'attire ma secrétaire près de moi d'un bras, tandis que de l'autre, je renverse tout ce qui se trouve sur la table.
Un bref instant, je me détache de ses lèvres douces et savoureuses, me léchant la lèvre inférieure en repensant à ce qui vient de se produire à l'instant.
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