Fyctia
Chapitre 3.2 - Matcha
– Merde, je jure entre mes dents.
Suffisamment fort pour qu'Ethan m’entende puisqu’il relève la tête dans ma direction et m'interroge du regard.
– Je me suis juste coupée, c’est rien, je lui explique brièvement en délaissant mon couteau et en rejoignant l’évier afin de passer mon doigt sous l’eau.
Comme je le pensais, la coupure n’est pas du tout profonde. Tant mieux ! Je ferme le robinet et récupère ma trousse de soins rangée sous l’évier, puis, un coup de désinfectant et un bandage plus tard, mon doigt est prêt à reprendre du service !
Juste avant de continuer mon ouvrage, je prends trois grandes inspirations pour éviter de perdre mes moyens. Je me connais : quand je commence à stresser et faire n’importe quoi (comme dans le cas présent) j’ai tendance à ne pas me contenter d’une seule bourde, mais plutôt de les accumuler… jusqu’à ce que mort du dessert s’ensuive ! Je retrouve donc ma concentration et termine de tout découper avant de déposer les morceaux de fruits dans une marmite, d’ajouter du sucre et de l’eau et de mettre à chauffer sur le feu. Je suis en train de débarrasser les ustensiles dont je n’ai plus besoin lorsque, du coin de l'œil, j’aperçois Ethan se redresser.
– Dis-moi que tu sais d’où ça vient et que tu vas le réparer… je le supplie le cœur au bord des lèvres et terriblement inquiète quant à son diagnostic.
– Il est bon à jeter, déclare-t-il d’une voix professionnelle, calme, impassible.
Il m’explique d’où vient le problème, mais franchement je n’y comprends rien. Je suis trop focalisée sur le fait que je risque de ne pas pouvoir honorer ma commande et m’asseoir sur le chèque. Surtout que j’en ai besoin plus que jamais étant donné que je n’ai peut-être plus du tout de four…
Non.
Non, non, non.
Ce n’est pas possible !
Il va me le réparer et tout ira bien. Je pourrais finir ma commande en temps et en heure, je recevrai mon chèque et je pourrais remplacer le four très bientôt. Voilà.
– Ethan, il faut que tu le répares. Tu peux le réparer n’est-ce pas ?
– Crois-moi, j’aimerais bien. Mais en l’état, tu ferais mieux de racheter un four. C’est déjà un miracle s’il fonctionnait jusqu’à présent.
Mon cœur rate un battement et je serre les poings pour ne pas céder à la panique.
– Non.
– Comment ça, « non » ?
– Il faut que tu le répares.
– Je n’ai même pas la pièce nécessaire sur moi et bon courage pour en trouver une, lâche-t-il avec une pointe d’agacement.
– Tu es réparateur non ? Tu ne peux pas bricoler un truc provisoire ?
Je contiens mon stress du mieux que je peux, pourtant il me regarde les bras croisés comme si j’étais, je ne sais pas… une folle tout droit sortie de l’asile psychiatrique ?
– Tu vas me planter avec ton couteau de cuisine si je refuse ? me provoque-t-il en haussant un sourcil.
Hum… Effectivement mon grand couteau pointé sur lui peut être mal interprété… À ma décharge, je ne m’étais même pas rendu compte que je le tenais ! Je le pose sur mon plan de travail et prends une grande inspiration afin de tenter de me calmer (même si, jusque là c’est loin d’être très efficace…). Ce n’est pas en l’agressant que je vais le convaincre de m’aider. Il faut que je me reprenne !
– Écoute, si je pouvais le remplacer en un claquement de doigts je le ferais, sauf que là tout de suite, ce n’est pas possible… J’ai des clientes qui passent goûter des échantillons de gâteaux de mariage dans l’après-midi et si je ne peux pas respecter cet engagement, je peux dire adieu au contrat. Or, j’en ai vraiment besoin, par exemple pour gagner de quoi racheter un four. Sans compter que sans four, on ne peut pas ouvrir le café mardi…
Quoique, à la rigueur je pourrais me contenter de pâtisseries sans cuisson afin de limiter les dégâts. Ce ne sera pas idéal, mais je m’en sortirais. En revanche, si je loupe ce contrat, c’est la catastrophe !
– … Tu es le seul à pouvoir m’aider. Tu ne peux vraiment, vraiment rien faire ? S’il te plaît… ? je l’implore avec espoir.
Il soupire bruyamment et se pince l’arrête du nez.
Pitié, pitié, pitié ! Dis oui !!
– Je vais voir ce que je peux faire, cède-t-il enfin. Mais je ne te promets rien ! s’empresse-t-il d’ajouter. Et ça sera au mieux une solution temporaire. Je vais chercher plus d’outils, je reviens.
J’ai à peine le temps de le remercier, qu’il quitte la pièce. J’ai beau être soulagée qu’il accepte de m’aider, cette sensation d’angoisse qui m’étreint la poitrine ne disparaît pas malgré tout. Ni lorsqu’il revient avec ses outils et que je reprends ma pâtisserie. Au contraire, plus les minutes passent, plus j’angoisse. Il faut absolument qu’il réussisse à trouver une solution, même si ça ne fonctionne que quelques heures.
La survie du four et la mienne en dépendent !
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Justine_De_Beaussier
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Il y a un mois
Juliette Delh
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Il y a un mois
Nyh
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Juliette Delh
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Stormy__a
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Cara Loventi
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Juliette Delh
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JustineSt
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Juliette Delh
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Il y a 2 mois