Fyctia
5-(part 2) Elya
Arriverais-je à m’en contenter ? Je l’apprécie beaucoup et je ne parle même pas de mon attirance physique... Maintenant que j’ai gouté à ses baisers je vais avoir des difficultés à ne pas en redemander, surtout si nous allons passer plus de temps ensemble…
- D’accord.
Je lui réponds avec, je l’espère, assez d’assurance pour paraitre sincère mais au fond de moi mon cœur pleure à chaudes larmes.
Nous reprenons notre ascension et finissons par retrouver les autres en haut.
Le reste de la journée se passe plutôt bien. Nous n’avons pas l’occasion de nous retrouver seul à seul une seconde fois et c’est plutôt bien. Je souffre suffisamment de devoir faire semblant d’être son ami.
Nous rentrons vers 16h et je mets un réveil pour 17h afin de me reposer un peu. Après une petite sieste non superflue, je me douche et m’habille d’un jogging et d’un T-Shirt. Je rejoins ensuite la suite d’Alex et Lana comme prévu. Je suis un peu morose suite à la discussion que j’ai eu avec Adrien. J’espère que la soirée ne va pas s’éterniser, je ne suis vraiment pas d’humeur à faire la fête.
Lana vient m’ouvrir la porte et me prend dans ces bras en guise de bienvenu.
- Tu vas voir, ta robe est scandaleuse !
Une certaine appréhension me nous l’estomac. Je suis rarement enchanté des choix de Betty, notre chargé de communication. Moi qui suis bien en jeans, elle me choisit toujours des tenues ultra courtes, inconfortables au possible et qui ne me ressembles pas le moins du monde. Je suis bien consciente que je n’en ai pas encore parlé et que du coup le groupe ne se doute peut-être pas que ça me met mal à l’aise mais je vais devoir faire quelque chose. Si je veux me sentir complètement membre d’ARCANGE, il va falloir que j’assume mes choix et mes envies.
A peine arrivé que Betty me tend la robe qui m’est destinée : rouge, courte et bien qu’elle soit plutôt sage vue de devant, le décolleté jusqu’en bas des reins ne laisse que peu de place à l’imagination.
- Tu n’aurais pas autre chose s’il te plait ? tentai-je.
- Pourquoi tu ne l’aimes pas ? Elle est superbe pourtant. Tu vas faire un carton ce soir. Tout le monde va te regarder.
- Et si je n’ai pas envie que tout le monde me dévisage justement ?
- Ne dis pas n’importe quoi ! Ça va vous faire une pub d’enfer. Je suis sûre qu’en moins de cinq minutes tu seras sur tous les réseaux sociaux.
Mon estomac continue de se comprimer, je suis à fleur de peau et je sens que la discussion qui va suivre ne va pas m’aider à être plus en forme.
- Betty, je ne mettrais pas cette robe. Je ne serai jamais à l’aise dans ce bout de tissu. Pourquoi je ne peux pas mettre un pantalon en cuirs ou des leggins avec un joli haut tout simplement.
- Parce qu’on ne te remarquera jamais autant qu’avec cette robe ! Lana, les garçons ? appelle-t-elle en criant, venez m’aider !
Elle se sert du reste du groupe pour me faire plier. Elle pense que je vais les écouter puisque je suis la dernière arrivée. Mais aujourd’hui, c’est la goutte de trop, mes nerfs lâchent et même si je n’ai pas la force de me battre, je n’en ai pas non plus pour m’assumer dans cette robe ce soir.
- Oui Betty ? demande Nathan en arrivant avec le reste du groupe.
- Elya ne veut pas de la robe apparemment. Est-ce que vous pouvez la convaincre tous les cinq ?
- Pourquoi tu ne veux pas la mettre ? Elle est superbe ! continu Nathan,
- Superbe ? tu la trouves superbe toi ? Je vais ressembler à quoi moi dedans ? Une chatte en chaleur qui ne cherche qu’à se faire sauter ? Ou mieux encore, la nouvelle chanteuse du groupe ARCANGE qui n’arrive pas à se faire connaitre autrement que par son physique ? On va voir en gros titre des magazines demain : « Elya tente tout pour quelques minutes de scène en plus ? » Pourquoi je ne pourrai pas m’habiller comme Lana moi aussi ? Je suis avec vous parce que je suis une bonne chanteuse ou parce que je suis bonne tout court ?
Ça y est je craque, je sens les larmes rouler sur mes joues. Ils me regardent tous avec de grands yeux comme si je devenais complètement folle.
- Mais d’où te viens de telles idées ? me dit Lana en s’approchant de moi.
J’essuie tant bien que mal mes larmes mais d’autres suivent immédiatement. J’enroule mes bras autour de mon corps comme pour me protéger et continue. Autant tout déballer maintenant que j’y suis.
- Depuis que je suis dans le groupe j’accepte tout ce que vous me demandez : tenues, soirées, photos, interview, mais ça ne semble jamais assez. Je n’en peux plus. Moi aussi je veux pouvoir m’habiller comme je veux et montrer ce que je suis moi, la vraie moi, simple et naturelle. Pas une greluche en mini robe à paillettes. Je veux pouvoir me rendre à des soirées moins guindées. Je veux avoir le choix de mes interviews. Vous avez tous votre mot à dire quand il s’agit de vous, mais moi, je ne fais qu’acquiescer. Je sais que je ne suis là que depuis un an, pourtant je suis bien avec vous. Je me sens comme dans ma famille, mais je dois toujours faire attention à mes faits et gestes. J’ai peur qu’au moindre faux pas vous me remerciez et que je ne sois plus une ARCANGE. Je n’en peux plus. Je ne veux plus jouer ce rôle qui ne me ressemble pas. Ça m’oppresse tellement…
- Oh ma chérie, dit Lana en me prenant dans les bras.
Je finis de craquer complétement et ne peux plus arrêter mes pleures. J’ai l’impression que mes larmes ne s’arrêterons plus jamais tellement je suis secouée de sanglots.
- Je suis désolée si nous t’avons fait penser que tu n’étais pas un membre à part entière de ce groupe. Bien sûr que tu peux t’habiller comme tu le souhaites. Je pensais sincèrement que tes tenues te plaisaient. Tu ne nous as jamais rien dis.
Je n’arrive même pas à répondre tellement je suis secouée.
- Chut calme toi, continue Lana en me berçant.
Après quelques minutes, j’arrive enfin à me remettre un peu. Lana m’a entrainée dans le canapé et Alex à fait sortir Betty pour que nous ne parlions rien que tous les six. Je me redresse mais n’arrive pas encore à croiser le regard de chacun.
- Ça va mieux ? me demande Alex.
- Oui… je suis désolée… je ne voulais pas…
- Tu aurais surtout dû nous dire tout ça il y a bien longtemps, me coupe Fred sur un ton plutôt doux et sans reproche.
Nous passons l’heure suivante à discuter. Je me rends alors compte que je me mettais beaucoup de pression toute seule. Ils m’assurent que j’ai mon mot à dire dans toutes les décisions du groupe. Nous déballons tous notre sac et j’arrive même à leur avouer que j’aimerai être plus présente sur scène. A priori ils avaient justement prévu de me proposer de nouvelles chansons. Ils attendaient juste un peu pour ne pas me mettre trop de pression.
Nous nous préparons finalement pour la soirée et j’opte pour un pantalon en cuire et un chemiser vert bouteille assortie à mes bottines. Je me sens enfin moi quand nous partons et notre discussion n’a finalement fait que nous rapprocher encore plus. J'ai le sentiment d'être enfin complètement une ARCANGE.
JE SUIS une ARCANGE !
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