Sdech Chas La Reine Céruléenne Chapitre 3

Chapitre 3

La salle majeure n'usurpait pas son nom.


Immense et décorée avec faste, elle coupa le souffle des invités. En plein milieu de la salle, une sculpture d'eau fascinante : une femme berçant un enfant. L'eau parcourait la sculpture de l'intérieur ruisselant entre des canaux de silice et d'or.


Tout autour de la pièce une grande fresque rendait hommage aux Astres. Des statues en chryséléphantin ou même en électrum montaient la garde aux quatre coins de la pièce.


Un buffet énorme leur tendait les bras. Poisson, crustacés, viande, champignons, fruits, glaces tout ce que l'on pouvait imaginé ne manquait. De même que du vin, liqueur, hydromel et autres remontants.


Comme dans l'antichambre, des balcons surplombaient la pièce. Sept cette fois-ci.


Dès l'annonce de Myrmaria Ixo Antarès, Jorentine comme les douze autres, portaient un foulard en madras autour du cou. Un soldat désormais la suivait en permanence. Le bougre portait un masque blanc décoré d'un arbre. Il ne répondait à aucune de ses sollicitations et repoussaient les convives un peu trop insistants.


La plupart des invités la saluait, chacun essayant de gagner ses faveurs au cas où elle serait la prochaine Sainte.


Alors que sa famille s'était rapprochée du buffet, elle contemplait la sculpture d'eau.


— N'est-elle pas magnifique ? dit un homme en lui tendant un verre.


Elle reconnut le parèdre de la famille Ophiuchi puis fit la révérence. Ensuite elle regarda le verre avec étonnement.


— C'est de l'eau. Et de Aquarii qui plus est. (Il porta son propre verre à la bouche.) Rien n'est trop beau pour la future Sainte.


— Comment le savez-vous ? demanda Jorentine en n'osant boire.


— Je ne le sais pas. De toutes les prétendantes, vous êtes la seule à vous isoler. N'êtes-vous pas friande des bains de foule ?


— Je n'aime pas les grands rassemblements, précisa-t-elle lasse.


— Et l'eau aussi, rajouta-t-il en indiquant du menton le verre. Je sais que ma famille n'a pas bonne presse. On nous prête pas mal de ... maléfices. Mais je vous promets, gente dame, que votre verre n'est pas empoissonné.


Gênée, Jorentine but une gorgée en s'empourprant.


— Je ne voulais pas vous portez offense, s'excusa-t-elle.


— Je vois ça. Vous avez bu sans sourciller alors que j'aurais pu vous empoissonner.


Elle déglutit en voulant recracher.


— Je plaisante. Mon humour est assez vénéneux, vous en conviendrez. Mais ne soyez pas si prompt à faire confiance et plaisir, gente dame. Téthrion est un endroit ... piquant. Vous vous en rendrez compte.


Elle savait que les Origines les plus anciennes, en plus d'avoir leur propre territoire, se partageait le Castel. Un palais gigantesque en plein milieu de la capitale.


Le parèdre fut rejoint par sa cour toute de noir vêtue.


Jorentine n'avait pas remarqué jusqu'ici, mais la cour n'était composée que de femmes. Il s'éloigna après avoir pris congés.


Un violoncelle puis un lyre embaumèrent l'air de notes mélodieuses. Le parèdre de la famille de Léonis parlait avec candeur et grandiloquence de l'autre côté de la sculpture, captivant l'attention de l'assemblée et surtout de trois prétendantes. Jorentine en reconnut l'une d'entre elle. Elle résidait aussi à Mousse-Grise.


Un homme lui apporta une assiette d'amuse-bouches. Un autre un fruit. Une femme la complimenta sur sa beauté.


Elle eut soudainement conscience que son ancienne vie se dérobait sous ses pieds. Elle n'était certes pas une laideron, mais de là à faire des alexandrins sur sa beauté ...


Elle n'était qu'un bout de femme de la campagne mais on la voyait dorénavant comme la future gouvernante de Téthrion et de toutes les maisons. La future tenancière du Castel. Elle ou une autre.


Son ventre se noua.


Et si c'était elle ? Et si c'était elle la Sainte ? Verrait-elle encore Mébra ? Sa Mère ? Mousse-Grise ?


Sa mère la rejoint.


— Tu tiens le coup ?


— J'ai envie de rentrer, maman.


Sa mère ne répondit. Un groupe de personne les rejoint. Jorentine tenta de les ignorer mais Fémia serra fièrement la main d'une demi-douzaine de personnes.


— On se reverra vite Jorentine, dit-elle ensuite, trois mois ça passe vite.


— C'est trois mois si je ne suis pas la Sainte. Ou Si je suis une Main. Presque toutes les autres options me feront rester en ville. A Téthrion, à Saules-Mare, Vindell ou même Ipodron.


— Et c'est mal ?


— Maman, je n'ai pas envie de partir. Je n'ai pas envie que ma vie change. Regarde-moi, je fais tâche entourée de toutes ces personnes raffinées.


— Je pensais la même chose lorsque j'ai épousé ton père. Mais regarde les belles filles que j'ai.


Sa mère ne la comprenait pas. Comme d'habitude.


Au loin, elle vit Nedjarn Ixo Ras Alhague qui ne pas la quittait des yeux.


Plus tard quatre soldats portèrent un grand coffre somptueux. Les invités s'écartèrent avec respect à son passage. Et le caisson fut posé au milieu de la pièce.


Une fois que le buffet fut sérieusement entamé, Myrmaria reprit la parole. Cette fois-ci au milieu d'eux et non d'un des balcons. De près, ses boucles d'oreilles impressionnaient encore plus.


Quatre fauteuils avaient été placés autour du coffre.


— Mes chers invités, le moment tant attendu pour nos jeunes garçons est enfin arrivé. La Célébration est un passage importante dans la vie de tous. Les Astres nous ont donné une utilité et celle-ci se révèle durant cette cérémonie. (Il eut des chauds applaudissements.) Dix-sept jeunes garçons vont devenir dix-sept hommes. Les femmes de cette ville ont été prolifique cette année-là. (Il eut des rires dans l'assemblée.) Et nous en avons besoin. Comme ..., poursuivit-elle en louant le courage et l'abnégation du bas peuple.


Les dix-sept mâles dans les habits d'apparats attendaient en file indienne. Les Origines avaient pris place sur les fauteuils. Jorentine n'avait jamais vu de Célébration mais avait lu des tonnes de livres dessus. Surtout lorsqu'elle avait l'âge de Mébra. Avec le temps cette curiosité avait cessé. Mais être là, la transcendait.


Le coffre était l'ŒIL des Astres, l'Oculis Veritatis. L'un des plus important artefacts.


Le coffre irradiait d'une lumière diaphane et des gravures en ceignaient le contour.


Mébra lui prit la main. Elle aussi ressentait l'émotion. Eux tous la ressentaient.


Myrmadia s'assit ensuite après avoir fini son discours.


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1 commentaire

Anthony Dabsal

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Il y a 5 mois

je te like tes autres chapitres pour le soutien. Je repasse lire la suite si je trouve le temps (mais je ne te promets rien).
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