Heïdi G La Purge Chapitre 2. 2

Chapitre 2. 2

Nous avons à peine le temps d’avancer qu’une vitre se brise à deux mètres de nous. Un homme se met à hurler à plein poumon alors qu’une jeune femme en pleurs est à moitié dans le vide, seulement retenue par un autre homme tout vêtu de noir avec une casquette de la même couleur. Nous nous regardons toutes les deux dans les yeux, elle en larmes, et moi tétanisée par la peur. Ses lèvres se mettent à bouger, comme pour murmurer quelque chose, peut être me demandait-elle de l’aide, mais je ne suis qu’une spectatrice, incapable de bouger. L’homme qui la tenait par le cou la fait passer par-dessus la fenêtre et elle finit en une fraction de seconde 20 mètres plus bas. Personne ne survit à une chute de cette envergure, c’est humainement impossible. Je ne peux m’empêcher de m’imaginer à la place de cette jeune femme, nous devions avoir le même âge, nous vivions dans le même immeuble, au même étage, l’homme que j’ai entendu hurler devait certainement être son copain. Ça aurait pu être moi, si Josh’ ne nous avait pas fait sortir de là, c’est peut-être moi qu’on aurait jetée par la fenêtre.


— Elena !


Je sors rapidement de mes pensées et tourne la tête en direction de Joshua qui me fait signe de la tête de continuer à avancer. Je prends quelques secondes pour jeter un coup d’œil au sol avec l’espoir qu’elle ne soit pas morte, même si je sais que c’est complètement idiot. J’essaye de ne pas penser brûlures sur mes mains causées par les frottements contre le mur rugueux et continue aussi vite et prudemment que possible mon escapade. Une fois arrivés à l’escalier, Josh’ passe par-dessus la barrière et enroule ses bras autour de mes hanches pour m’aider à faire de même.


— Ça va ? T’as rien ?


Il prend mes mains déjà toutes rougies dans les siennes et les embrasse délicatement, je ne mérite définitivement pas cet homme. Je ne me suis jamais sentie aussi en sécurité qu’à ses côtés, et même à ce moment précis je me sens comme si rien ne pouvait jamais nous arriver. J’aimerais que cet instant dure éternellement, mais nous devons encore descendre ces sept étages et nous trouver un lieu sûr. Nous commençons à dévaler les marches, ma main toujours dans la sienne et lui devant moi pour donner le rythme. Sa grande taille et donc ses grandes jambes lui donnent l’avantage d’être rapide, néanmoins, je ne suis pas aussi grande que lui alors j’essaie de descendre les marches deux par deux, si ce n’est plus, pour le rattraper. Mais ce qui devait arriver arriva, mon pied manque l’une des marches. Ma cheville s’est tordue en essayant de me rattraper. Je trébuche et finis de descendre les escaliers en roulant sur moi-même. Josh’ se hâte pour voir si tout va bien et m’aide à me relever. Sans compter ma douleur à la cheville et ma tête étourdie, je crois que ça va. Mais une cheville foulée c’est déjà trop, je ne vais faire que nous retarder. J’ai vraiment l’impression d’être un boulet pour lui.


— Je vais te porter.


— Quoi ? Non je vais te ralentir, et puis je peux encore marcher.


— Et si on doit courir ?


Je feins de ne pas l’avoir entendu et continu de descendre les quelques marches qu’il nous reste. Je ne lui ai même pas demandé où nous allions mais je pense déjà le savoir : son meilleur ami habite à une centaine de mètres d’ici et c’est certainement l’endroit le plus sûr et le plus proche. La nuit est déjà presque entièrement tombée mais nous pouvons toujours voir, même sans l’aide des lampadaires. La température est supportable, plutôt agréable même, un temps normal pour un mois de septembre. Les rues sont désertes et entièrement silencieuses. Ce silence devrait nous rassurer, cela veut dire que nous sommes seuls, et pourtant l’atmosphère est pesante, oppressante. Paradoxalement, nous ne prenons que des petites rues assez sombres. En temps normal ça aurait été illogique, mais aujourd’hui nous sommes plus exposés en empruntant des grandes rues. Malheureusement, je peine à marcher, même avec l’aide de Josh’. Je ne peux que trottiner, et même avec la meilleure volonté, nous sommes obligés de nous arrêter un moment derrière des poubelles.


— T’es sûre que tu ne veux pas que je te porte ?


— Je peux encore tenir debout, ça va le faire.


— On est plus très loin, tiens encore une dizaine de minutes.


Je ne fais qu’acquiescer et me relève aussitôt en m’appuyant sur l’une des poubelles qui se trouvait à ma droite. La ruelle dans laquelle nous nous trouvons et très étroite et sombre, il n’y a aucun lampadaire, pas une seule source de lumière artificielle, seule la lueur de la lune nous éclaire. Pour rejoindre l’autre côté de la rue nous devons traverser un carrefour, Joshua jette un coup d’œil pour vérifier s’il n’y a personne et me fait signe de le rejoindre. Mais un fois au milieu de la route nous nous retrouvons nez à nez avec une camionnette blanche. Il est difficile de savoir qui se trouve à l’intérieur, à vrai dire nous ne pouvons pas non plus regarder en face de nous, les phares du véhicule nous aveuglent totalement. Nous ne pouvons qu’entendre une portière claquer, mais aucun bruit de pas. L’homme avec qui je partage ma vie n’hésite pas une seule seconde avant de passer son bras devant moi et me faire passer derrière lui. Mais c’était sans compter le van noir qui venait tout juste de s’arrêter derrière nous. Nous voilà donc encerclés. Est-ce vraiment notre fin ? Nous avons survécu à une petite escapade à vingt mètres du sol, on ne peut pas mourir maintenant. Et pourtant j’ai bien l’impression que notre fuite touche à sa fin. Je me sens comme une fugitive en cavale depuis trop longtemps, comme si ma tête avait été mise à prix et qu’on cherchait à me retrouver coute que coute. Le van derrière nous éteint ses phares et j’en profite pour voir qui se trouve à l’intérieur. Je ne vois que deux hommes à l’avant, mais je suppose qu’ils sont plusieurs à l’arrière puisque les portières se sont ouvertes. J'ai voulu me retourner, mais je n'eus que le temps d'entendre Josh’ crier mon prénom. Quelque chose de dur vient heurter mon crâne. Je me retrouve au sol. Il m’est impossible de bouger. Je ne sens que ma tête qui me lance et me fais souffrir le martyre. Tout est devenu flou, est-ce à cause des larmes qui se sont formées dans le coin de mes yeux et qui ne demandent qu’à couler, ou alors juste à cause du choc ? Je ne perçois que quelques silhouettes qui s’agitent autour de moi et des voix qui s’élèvent et résonnent dans ma tête, mais je ne parviens pas à comprendre un seul fichtre mot de ce qui est dit. Je n’arrive pas à entendre la voix de Joshua, j’espère qu’il ne lui est rien arrivé. J’aimerais pouvoir reprendre mes esprits et nous sortir de là, je voudrais pouvoir l’aider comme il le fait toujours pour moi, mais c’est juste impossible. Tout devient noir, je ne vois plus rien, je n’entends plus rien non plus, je suis seule avec ma douleur. Sans même m’en rendre compte, je finis par tomber dans l’inconscient.


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4 commentaires

Kathleenm

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Il y a 3 ans

coucou j'ai liker tous tes chapitres, n'hésite pas à passer sur mon histoire je suis bloquée ;)

La plume des rêves

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Il y a 3 ans

Tout nous tient en haleine avec ton histoire. Très bien écrite, tes descriptions nous font bien comprendre les lieux et le ressentit de tes persos. J'ai envie d'en lire plus :)

EllenKasefni

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Il y a 3 ans

Super début ! N'hésite pas a venir voir mon histoire « The Final Choice » !^^ Petit soutien de ma part 💕

Dystopia_Girl

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Il y a 3 ans

Début intéressant, qui donne envie d'en savoir plus:)
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