Fyctia
Chapitre 6 : Adèle (4/4)
Lorelei se tourne vers l’assemblée, déclare la cérémonie close et invite toutes les sorcières à se diriger vers le buffet dînatoire.
Je n’ai pas le temps de voir ma mère se jeter sur moi tel un boulet de canon et me prendre dans ses bras. Son visage est inondé de larmes mais elle semble heureuse. Je ne crois pas l’avoir déjà vu ainsi.
— Ma chérie tu étais sublime! Comment tu te sens ? Tu n’as mal nul part ? Tout va bien ? Parce que si…
— Maman, maman calme-toi ! Je vais bien. Bizarrement bien.
Elle s’écarte de moi et me contemple pour s’assurer que je ne mens pas. Puis, rassurée, elle saisit mes mains.
— Je savais que tu serais amenée à faire de grandes choses mais jamais je n’aurais pensé que tu serais aussi puissante. La magie qui coule dans tes veines est incommensurable.
— Toutes les cérémonies ne se déroulent pas ainsi ?
Je suis perplexe qu’elle puisse penser que je sois aussi forte.
— Si. Mais les réactions magiques sont plus ou moins importantes en fonction du pouvoir personnel de chacune. Nous n’avions jamais vu une telle explosion de magie !
— Le pouvoir personnel ?
— C’est l’énergie qui est en toi et provient des quatre éléments.
— L’eau, la terre, l’air et le feu devinai-je.
— Bien, je vois que tu commences à appréhender la magie élémentaire.
— Ne t’emballe pas quand même! souris-je les mains encore tremblantes.
— Bref. C’est assez pour ce soir. Tu dois être fatiguée après tout ce que tu viens de vivre. Allons faire un tour au buffet. Les quintuplées sont des cuisinières hors pair ! Leur gombo est extra mais fais attention il est très épicé.
Nous nous dirigeons vers les tables et je laisse ma mère babiller encore toute excitée par ce qu’il vient de se passer. Elle a raison je commence à fatiguer et je sens comme une brûlure à la base de la nuque.
Je reste malgré tout manger avec ces femmes qui viennent toutes me voir une à une pour me féliciter. Je n’arriverai pas à me souvenir du prénom de chacune d’entre elles mais j’accueille leur bienveillance avec émotion. Seule une garde ses distances. Keeva.
Qu’ai-je bien pu lui faire pour qu’elle se comporte ainsi avec moi ?
Une main se pose sur mes épaules et je me retourne pour faire face à Leavana. Elle est plus petite que dans mon souvenir. Son visage mangé par des yeux bruns très expressifs arbore un doux sourire qui me la rend d’emblée sympathique.
— Ne prête pas attention au comportement de Keeva. Elle est comme ça avec toutes les nouvelles sorcières.
— Difficile de l’ignorer. On dirait qu’elle va me manger toute crue! grimacai-je.
Elle éclate de rire ce qui me vaut un regard encore plus menaçant de Keeva.
— Qu’est-ce-que je lui ai fait ? Elle ne me connaît même pas.
Leavana se fait sérieuse, attrape un thé fumant et en bois une gorgée avant de me répondre.
— Sache que Keeva a la capacité de créer des portails pour accéder aux différents royaumes.
— Ma mère me l’a dit mais je t’avoue qu’avec tout ce que j’ai appris depuis hier je n’ai pas tout compris. C’est du chinois pour moi.
— C’est normal. Pour faire simple la terre fait partie de l’Univers d’Eternité.
— Je sens que tu vas finir de me donner mal à la tête mais vas-y, continue.
— L’Univers d’Eternité est uniquement connu des sorcières et des mages. La terre, aussi appelée royaume d’Azurée, est un des royaumes qui la composent. Il y en a neuf au total. On peut passer de l’un à l’autre grâce un portail. Dans chaque royaume une seule personne est désignée par Hécate pour pouvoir les ouvrir.
— Keeva pour la Terre.
— Exact. De ce fait elle a longtemps été persuadée d’être l’Élue de la Prophétie. Ce qui serait logique quand on y réfléchit. Mais lorsque la Grande Prêtresse a lu ton arrivée dans les runes…
— Elle s’est sentie évincée, comprends-je.
— En quelque sorte. En plus elle te voies refuser ta magie. Ça a finit de l’agacer car elle attend ce rôle depuis longtemps. Ne lui en veux pas s’il-te-plaît. Cela n’a rien de personnel. Sache seulement qu’elle a de bonnes raisons de se conduire ainsi même si cela n’excuse pas tout. Je lui parlerai.
— Je suppose que tu ne m’en diras pas plus.
— En effet. C’est à Keeva seule de te raconter son histoire si elle le souhaite.
La principale concernée arrive sur ces entrefaites et entoure la taille de Leavana pour me mettre en garde de m’approcher davantage.
— Je suppose que je dois te féliciter.
— Tu ne me dois rien du tout, je tempère.
Coup de coude de Leavana dans les cotes de Keeva. Sur une grimace cette dernière me tend la main.
— Je te conseille d’aller te coucher pour prendre des forces. A compter de demain tu n’auras plus le temps de te la couler douce.
Je ne dois pas me laisser démonter face à cette harpie sinon je ne pourrais pas m’en sortir.
Il m’est difficile de m’opposer à elle car je ne suis pas habituée aux confrontations. Malheureusement je devine que ça va être mon principal mode de communication avec elle.
— Je serai prête, ne t’inquiètes pas pour moi.
Sur un salut je les quitte pour rejoindre ma mère. J’ai le temps d’entendre Leavana sermonner sa compagne :
— Si tu te conduis comme avec Aglaé je te jure que tu finiras par dormir sur le canapé ! Et sans les coussins !
Je souris en me disant que Leavana cache bien son jeu derrière son air angélique.
— Maman je rentre je suis fatiguée.
— Bien sûr. Profite de ta matinée. Après nous reprendrons notre discussion et je t’en dirai plus sur…
— L’Univers d’Eternité ? Les portails dimensionnels ? Les incantations ? La recette du Kouign-amann ?
Déstabilisée, elle me regarde ne sachant si je plaisante ou si je suis encore une fois en colère. Je souris et elle se détend.
— Nous t’en demandons beaucoup Adèle. J’en suis consciente. Et même si je suis heureuse de t’avoir transmis la magie familiale je ne voulais pas qu’autant de choses pèsent sur tes épaules.
Son ton ému me désempare et je me surprends moi-même à la prendre dans mes bras. Je dépose un baiser sur sa joue.
— Je le sais. Je retourne à la maison.
— Bien sûr.
— A demain maman dis-je en prenant la direction du chalet.
— A demain.
Je n’ai pas fait plus de trois pas qu’elle m’interpelle :
— J’ai toujours préféré ta couleur naturelle, elle te va beaucoup mieux.
— Quoi… ?
Théodora a déjà disparu dans la foule avant que je puisse lui demander de quoi elle parle.
Plantée devant le miroir de la chambre je tourne encore une fois la tête dans tous les sens. Je n’en reviens toujours pas : mes cheveux ont repris leur couleur naturelle. Je suis à nouveau rousse.
Je me frotte la nuque perdue dans mes pensées. La sensation de brûlure n’a pas disparu depuis tout à l’heure. J’attrape sur la commode mon miroir de poche et revient devant la glace. J’émets un hoquet de surprise quand je vois un tatouage dessiné sur ma peau. Je reconnais pour l’avoir déjà vu le symbole de triple Lune*. Je n’arrive toutefois pas à identifier les quatre dessins qui l’encadrent. Je relâche les cheveux sur ma nuque décidant que ça fait beaucoup pour une journée et me couche.
8 commentaires
Siha
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Il y a un an
steph09
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eleni
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Miouchkia
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Arielle Rock
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Il y a un an