Fyctia
Le Sorcier qui hante mes pensées
Il se redresse et plonge sa tête dans le creux de ses deux mains. Il gémit un certain désarroi et se plaint :
- Princesse, princesse, pardonnez-moi…
- Pourquoi dites-vous cela… ? M’enquis-je.
- Offrez-moi une nuit… Une seule…
Il grogne sa colère, tire ses cheveux puis s’agace :
- Vous n’êtes plus vierge, de toute façon… Vous aviez succombé à la tentation avec ce monstre de Musidor ! Ah ! Mais que je vous aime… Je suis perdu…
Je me relève et le serre dans mes bras. Il soupire puis embrasse ma joue. L’un contre l’autre, il caresse mon dos et tente de calmer ses nerfs en respirant lentement.
Je ne suis donc plus vierge… Moi qui aie cru que oui ! Mais je l’ai fait, avec Musidor… Notre relation était alors fort fusionnelle. Voilà que je pense à nouveau à lui… Et je m’imagine, à ses côtés, en train de nous abandonner si intimement dans le sommière féerique d’une forêt… Ah ! Je me pervertis : ce monde a un mauvais effet sur ma dignité…
- Princesse… Me murmure-t-il.
- Oui… ?
- Avez-vous envie de moi… ?
Singulière question… A vrai dire, oui, je le désire : mais depuis que ma pensée s’entête à revoir les beautés de Musidor, je me sens soudainement mal à l’aise, affaiblie et vertigineuse.
- Oui mais… Pas ce soir… Lui réponds-je à voix basse.
- Princesse… Tant que je peux savourer à vos lèvres, je pourrai attendre. Mais ne me faites pas trop languir…
Musidor… Musidor… Ce prénom ne cesse de vagabonder à travers mon esprit avec l’image presque tentatrice de son maître. Ce prince, ce sorcier maléfique… J’en oublie, petit à petit, qu’un ange à l’allure parfaite me fait face.
Je secoue la tête comme pour tenter de sortir de mes rêveries. Meramel, ne comprenant certainement pas ma réaction, recule, fronce les sourcils et me demande :
- Vous allez bien, princesse ?
- Oui, oui… Je… Je me sens un peu fatiguée…
- Allons dormir, alors, sourit-il.
J’acquiesce. Il se lève du canapé et m’aide à me mettre debout en me prêtant sa main. Dressée face à lui, il m’esquisse un grand sourire, dépose ses mains sur mes hanches et m’embrasse d’un baiser fort tendre.
- Vous n’avez pas perdu de votre beauté, me chuchote-t-il. Vous êtes toujours aussi splendide.
- Me… Merci, bredouillé-je, les joues rouges.
- Allez, venez, la chambre est sûrement au fond du couloir.
Il se saisit de ma main puis me guide vers le sombre corridor, qui est à peine éclairé par les rayons de la lune. Il ouvre les portes une à une jusqu’à tomber sur une chambre. Dans la pièce, un grand lit se dresse au milieu des environs avec, à côté, un grand placard en bois. Des bouquets de fleur de toutes les couleurs décorent merveilleusement bien cette petite salle rustique.
Les jambes tremblant mystérieusement, les vertiges continuant à me dévorer, je lâche la main de Meramel et m’empresse de m’allonger sur le lit. Ce dernier, sûrement inquiet de mon état, s’allonge à son tour sur le côté de son corps, se penche un peu vers moi, caresse le haut de ma tête et constate :
- Vous allez l’air faible… Une bonne nuit de repos vous fera du bien.
- Le voyage m’a sûrement beaucoup affaibli, souris-je.
Le voyage et ce cher Musidor… Ah ! Mais pourquoi ne cessé-je de penser à lui ? Il hante mes pensées ! Alors que je ne l’ai vu que de simples et petites minutes… Mais ce court instant a tant fait chavirer mon cœur : lorsqu’il a glissé sa main vers le bas de mon dos, des frissons encore plus délicieux que ceux que Meramel m’a procurée ont envahi si vite mon corps. Ne parlons pas de ce moment où je lui ai tenu la main à cause d’une fougue singulière… Je sentais une chaleur étrange et passionnelle me dominer, mon cœur battait vite, trop vite. Je me sentais poussée par une grande et agréable énergie. C’était magique… Ces simples gestes étaient plus splendides que les tendresses fort désireuses de Meramel. J’ai honte, honte de dire ce genre de chose… Mais c’est la vérité…
Mais… Comment puis-je préférer un sorcier maléfique à un ange divin ? De plus, je ne connais pas ce Musidor… Peut-être est-il un Être affreux, sans cœur, froid et hautain ! Qui sait ? Je ne sais pas, je suis perdue… Ah ! Je n’arrive même pas à dresser une image négative sur ce charmant sorcier… Il me hante, il me hante !
Meramel m’embrasse d’un doux et long baiser avant de me serrer contre lui. Il faut que j’arrête de réfléchir : laisse-toi aller, Aerin. Meramel t’offre de sa douceur : profites-en.
Je ferme les yeux puis me blottis contre le torse de l’ange. Sa chaleur est délicate et me berce, petit à petit, vers un agréable sommeil. Il m’offre quelques baisers sur le dessus de mon crâne et caresse si délicatement mes cheveux. Ma peau frémit de plaisir : je souris ma petite joie tout en gardant les yeux fermés.
Je m’endors… Je suis bien, là, dans ses bras. Il arrive à apaiser mes angoisses ; je ne pense presque plus à Musidor. Enfin je crois… Le sommeil commence à être plus fort que moi…
Musidor…
Musidor…
…
6 commentaires
MikaëlAnge
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Il y a 9 ans
Mareva Lawren
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Il y a 9 ans
Miskail
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Il y a 9 ans
CindyBerville
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Il y a 9 ans
Rouquine13
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Il y a 9 ans
Serenissime
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Il y a 9 ans