Fyctia
Le Dîner avec l'Ange Fabuleux
De magnifiques cheveux châtain et bouclés tombent en harmonie avec son doux visage. Les yeux verts, pâles comme le jade au soleil, scintillent de milles beautés. Ses lèvres, si bien dessinées et pulpeuses, ne demandent qu’à être embrassées. Un corps d’Apollon, des ailes majestueuses, un sourire angélique, des gestes gracieux : il semble être l’homme, ou du moins l’ange, dont toutes les femmes rêveraient d’épouser. J’admets que je ne suis pas indifférente à ses charmes, et il fait drôlement chavirer mon cœur à travers les fougues les plus exquises. Prise d’une soudaine et singulière chaleur, mon souffle se saccade.
Il s’approche de moi, les pas lents, l’allure fière, puis se saisit délicatement de mon bras et couvre mon front d’un doux baiser. Me voilà transformée en une vilaine tomate : mon cœur tambourine contre ma poitrine, ma peau frémit d’un étrange plaisir.
Il me regarde dans les yeux, le sourire toujours ancré sur ses belles lèvres, puis me murmure :
- Vous m’avez manqué.
Je me contente de lui sourire, intimidée par son charme bien trop grand. Les mains jointes devant moi, je crispe mon corps et me dandine : je suis gênée, très gênée par sa présence. Il est tellement beau ! C’est sûr qu’il ne ressemble pas du tout à Léon…
Il ricane, m’offre un nouveau baiser, cette fois-ci sur ma joue, puis me souffle sur un ton fort mielleux :
- Dînons, j’ai très faim, pas vous ?
- Oui… Oui, très, bredouillé-je.
- Allons, allons, ne soyez pas aussi timide.
Comment ne pas être timide face à un Être aussi sublime ? Est-ce-que tous les anges sont aussi beaux ? Non, non, que dis-je : je suis, apparemment, un ange, et je suis fort laide ! Par ailleurs, si je fais partie d’eux, pourquoi n’ai-je pas d’ailes ? Cela est bien étrange, mais je poserai ce genre de question plus tard, lorsque j’aurai fait plus humble connaissance avec ce cher et splendide Meramel.
Nous nous dirigeons vers la grande table de la chef où se dressent plusieurs plats à l’odeur succulente. Meramel tire ma chaise : quel beau geste de galanterie ! Voilà un ange fort bien éduqué. Il me charme de plus en plus.
Je m’installe : il s’assoie à côté de moi. Il me scrute du regard ; je lui esquisse un sourire avant de plonger ma tête dans mon assiette, les joues empourprées à cause de ma trop grande timidité.
Amyrta nous sert un par un. Je déguste au délicieux plat d’Eäril : cela a un goût étrange, mais c’est fort délectable !
- Je vais parler d’un sujet qui fâche, dit Meramel, mais apparemment, princesse, vous aviez vu Musidor. Quelle réaction aviez-vous eu face à lui ?
Oh, la terrible question ! Devrais-je lui dire la vérité, que j’étais pétrifiée par la beauté à la fois terrifiante et merveilleuse de Musidor ? Que mon cœur vibrait une mélodie presque lyrique ? Que nos mains se sont rencontrées bien trop facilement ? Non, non, je ne vais rien dire de tout cela : il vaut mieux que je mente.
- Eh bien… Balbutie-je, j’ai été fortement effrayée par son physique très… Horrifiant.
- Ah ! Cela me plait, se réjouit-il. Rien d’autre ?
- Non… Non, rien d’autre.
Il me dessine un grand sourire, apparemment heureux de savoir que je n’ai eu aucune réaction amoureuse envers ce cher et beau Musidor.
Le dîner se passe bien ; une convivialité fort chaleureuse domine sur l’ambiance générale. Nous rigolons, nous nous amusons et laissons nos pensées se laisser aller à travers la plus belle des joies. J’admets que cette soirée, que je redoutais tant, me libère de plusieurs fardeaux et me fait enfin goûter à une réelle gaieté. Je fais face à des gens au cœur en or, à l’esprit ouvert et à l’âme pure : ils arrivent à faire oublier mes peines du passé en si peu de temps. J’en ai même oublié mes sanglots du mariage avec Léon. Tous ces cauchemars sont finis : me voilà dans un véritable conte de fée. Meramel n’est pas du tout celui que je craignais : en plus d’être splendide, il est un ange fort aimable, poli, intelligent et tendre. Je ne vois pas pourquoi je ne voudrais pas l’épouser : il est parfait.
Deux bonnes heures plus tard, le dîner touche à sa fin. Tout le monde a l’air d’être un peu fatigués, sauf Meramel, qui est toujours bordé par une énergie forte et joyeuse. Il ne cesse de me regarder, de me sourire, parfois même de me contempler : au début, cela me gênait un peu, mais maintenant, j’en suis flattée. J’aime lorsqu'il me scrute du regard et que, à travers ses yeux de jade, sa passion évidente brûle à grand feu.
Sans que je m’en rende compte, je me mets à le regarder droit dans les yeux. J’ai l’impression de m’enfermer dans une bulle avec lui, de gravir un nouveau et plus beau monde, jusque au moment où Amyrta racle sa gorge et jubile :
- Bien, bien, laissons ces deux amants repartir ensembles ! Nous allons ranger la table.
- Oh ! Vous êtes sûrs que vous n’aurez pas besoin d’aide… ? Demandé-je.
- Non, non, me répond-elle, nous sommes quatre. A quatre, cela ira vite. Allez, partez ! Ouste !
Je lui souris puis croise le regard noir de Keïwenn. Ce dernier, les bras croisés, adossé de façon nonchalante sur le dossier de sa chaise, semble être rongé par une immense haine et une grande tristesse. Je baisse les yeux, intimidée par cette obscure œillade puis me lève.
Une fois debout, Meramel s’empresse de se dresser en face de moi et de se saisir de ma main droite.
- Me le permettez-vous ? Me sourit-il.
- De ?
- Que je prenne votre main.
- Oui, oui, allez-y ! Conviens-je.
Je sers un peu plus la sienne. Ses yeux expriment une soudaine et immense joie. Il caresse mon front d’un tendre baiser puis me tire avec lui vers la sortie de l’habitat. Avant de sortir, nous nous arrêtons et, à voix haute, Meramel dit à Amyrta et Eäril :
- Merci à vous deux pour votre succulent repas !
- Merci à vous d’être venu, Prince Meramel, se réjouit Amyrta.
Il sourit puis ouvre la porte et me conduit avec lui vers l’extérieur de la maison. Je lance un dernier regard vers Amyrta, cette dernière me faisant un malicieux clin d’œil. Qu’est-ce que cela signifie ? Pourquoi ce clin d’œil ? J’ai un peu peur, d’un seul coup…
1 commentaire
camrynmesserschmidt
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Il y a 9 ans