Mille Tardigrade La mort de Morphée Chapitre IV

Chapitre IV

Achille et Léandre s’isolèrent dans la tente d’investigation que les policiers avaient dressée devant la maison en arrivant. Ce pavillon aux murs jaunes persistait, droit et immobile, tandis qu’un vent rude et agressif rasait ses parois. A l’intérieur, peu de meubles avaient été installés. Quelques tables bordaient latéralement l’abri sur lequel se trouvait le matériel nécessaire à l’enquête. Une caméra positionnée en haut à gauche filmait l’ensemble de la scène. Achille aimait détenir un document audiovisuel de ses interrogatoires. Le soir, cela lui arrivait de les visionner en boucle, juste pour s’aider à s’endormir. La voix stressée des suspects lui provoquait un monstrueux plaisir, comme une impression de puissance.


Léandre était un garçon assez grand, brun aux yeux bleus. D’habitude, il était très extraverti. Tout ce qu’il faisait était exagéré et théâtral, et il rendait hilare tout son entourage. Souvent, le jeune homme de deux mètres huit se mettait même à s’esclaffer comme une baleine, ce qui aurait pu faire rire n’importe qui, y compris sans aucun contexte.


Pourtant, à cet instant, il paraissait totalement démuni. Ses joues rouges traduisaient une fièvre conséquente, et son corps d’athlète semblait tout à coup un corps frêle et malade. Un défaut de confiance en lui était clairement visible dans son regard.



De l’autre côté du bureau, Achille déchirait de ses dents le plastique emballant un carnet de notes, avant de saisir un petit stylo bleu. Il le tendit à son coéquipier, Appollin.


« Très bien… Léandre Cybèle. Vous êtes donc le fils de Mme Ariane Cybèle, la propriétaire de la maison ?


— En personne, grinça-t-il.


— Bon, je vais d’abord poser les questions rudimentaires. Que faisiez-vous hier soir ?


— Je crois qu’aux alentours de 19 h 30, nous avons commencé à manger. Maman avait préparé un repas délicieux, un gratin de pommes de terre. Ensuite, nous avons débarrassé la table et nous avons fini la soirée en regardant le film dans lequel je figurais. Il parlait calmement, de manière machinale et monotone.


— Et après ?


— Je suis monté me coucher.


— Avez-vous entendu des bruits pendant la nuit ?


— Non, aucun, je prends des somnifères. J’ai du mal à dormir.


— Et à quelle heure vous êtes-vous réveillé ?


— Je ne me souviens plus très bien, mon téléphone était à court de batterie donc je n’ai pas vu l’heure. Je crois qu’il était environ 6 h.


— Je pense que vous devinez ma prochaine question. Qu’avez-vous fait précisément ce matin ?


— Vous voulez que je vous dise vraiment tout dans les détails ?


— Jusqu’à la moindre sensation.


— Je peux essayer… Quand je me suis levé, je n’ai entendu aucun bruit, j’avais l’impression d’être le premier. Directement, je suis descendu petit-déjeuner en écoutant les informations. Environ vingt minutes plus tard, je suis allé m’entraîner dans le jardin. Il faisait très froid. Puis, à peu près une heure après, je suis parti prendre ma douche au deuxième étage.


— Mais vous ne possédez pas de sanitaires dans votre chambre ?


— Si, mais je préfère ceux du haut, parce qu’ils sont plus spacieux et mieux chauffés.


— Et vous n’avez croisé personne ?


— Non, mais j’ai entendu du bruit dans la cuisine. Je pensais que quelqu’un petit-déjeunait. Je crois que c’était des couverts qui s’entrechoquaient.


— D’accord, et qu’avez-vous fait entre la douche et l’appel de la femme de ménage ?


— J’ai pris beaucoup de temps à me laver. Je sais que ce n’est pas écologique, mais je fais toujours comme ça. Après, je suis rentré dans ma chambre et je me suis mis à travailler depuis mon ordinateur.


— Dans quel secteur travaillez-vous?


— C’est essentiel pour votre enquête ?


— Tout a une importance, Léandre.


— Je suis coach dans une salle de musculation.


— Et pour ça, vous travaillez en distanciel au milieu des vacances pendant plusieurs heures ?


— Évidemment ! Que sous-entendez-vous ? Je rêve.


— Rien du tout Monsieur, j’essaye juste de comprendre.


— Écoutez, Morphée et moi étions très proches. Je n’aurais jamais levé la main sur elle. Elle était bien trop essentielle. Je l’aimais comme une sœur. Il faut croire que mon frère l’avait bien trouvée. J’avais tellement hâte de devenir oncle… Cet enfant représentait beaucoup. Alors, laissez-moi aller dans ma chambre et songer à tout ce que ce meurtrier m’a enlevé. Une larme coulait sur sa joue.


— Je pense que j’en ai entendu assez. Achille avait posé son coude sur la table. Ses sourcils gris et broussailleux étaient froncés. Il réfléchissait. Léandre, quant à lui, s’était levé.


— Attendez ! Je dois vous poser encore une dernière question. Qui, selon vous, serait le plus apte à tuer ?


— Personne, c’est ma famille.


— Faîtes un petit effort. Il y a bien quelqu’un qui a le sang plus froid.


— Oui, mais vous le trouverez seul, sans mon aide.


— Alors vous soupçonnez bien quelqu’un ?


— Je n’ai pas dit ça. Léandre rougissait de plus en plus.


— Ne vous inquiétez pas, vous ne condamnez personne en me le confiant. Ce sera la suite de l’enquête qui confirmera ou non vos doutes. S’ils sont infondés, vous pouvez vous assurer que je m’en rendrai compte. Le jeune homme ne semblait pas convaincu.


— Je ne suis pas idiot, et vous non plus d’ailleurs. Vous vous débrouillerez seul.


— Léandre, écoutez-moi bien. Achille commençait déjà à perdre patience. Je ne le répéterai qu’une fois. Ici, la personne qui est en position d’autorité, c’est moi. Si vous faites le malin, croyez-le ou non, cela aura des conséquences. Vous regretterez très vite votre insolence. Alors tant que vous ne me dites pas à qui vous pensez, vous ne pourrez pas sortir. Au fil de ses mots, le vieil homme s’était rapproché de celui qu’il interrogeait, jusqu’à presque toucher son front avec le sien. Sa voix était de plus en plus forte et rocailleuse. Léandre était impressionnable, et le coup de pression d’Achille avait très rapidement fonctionné.


— Si vous voulez un nom, je peux vous en dire un. »








NB : Je suis à la recherche de conseils et de progrès, donc si quelque chose vous déplaît dans ma rédaction, n’hésitez pas à m’en informer en commentaires. Merci d’avance.


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7 commentaires

Ivy Lou

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Il y a 6 mois

C'est intriguant ! Je ne m'attendais pas à découvrir une histoire comme celle-ci sur Fyctia hors d'un concours forçant le genre du thriller. Je me demande où apparaîtra le thème de la victoire ! Dans les motivations du meurtrier ? Dans la nécessité de résoudre l'enquête, ou de faire accuser quelqu'un d'autre ? Dans les remarques que je pourrais faire, je trouve la narration juste un peu trop rapide à mon goût, trop semblable au texte d'une pièce de théâtre en quelque sorte. J'ai du mal à faire connaissance avec les personnages et à vraiment me plonger dans l'ambiance de la scène et dans ce qu'ils ressentent. J'ai plus l'impression d'être un spectateur extérieur qui voit la scène se dérouler comme un script, et c'est dommage je trouve.

Mille Tardigrade

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Il y a 6 mois

Merci, ton commentaire m'aide beaucoup, tu es la deuxième à me le dire. En fait, j'ai toujours peur d'ennuyer le lecteur, mais c'est vrai que peut-être que ça provoque l'effet inverse, à savoir le détachement. Donc je vais largement le prendre en compte pour la suite, j'espère que ça te plaira. Pour ce qui est de la victoire, ne t'inquiète pas, ça arrive !

Amphitrite

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Il y a 6 mois

Puisque tu demandes des retours sur ton écriture, je trouve que ton texte est bien écrit et bien présenté aussi jusqu’ici.La grammaire et l’orthographe sont impeccables, ce qui améliore bien la fluidité de la leur, et j’aime bien les petites touches d’humour aussi.

Mille Tardigrade

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Il y a 6 mois

Merci Amphitrite, ça me fait vraiment plaisir qu'on prenne le temps de donner un avis. Je suis assez flattée que tu ne trouves rien à redire. Personnellement, à chaque fois que je relis ce que j'ai écrit, je vois des milliers de détails à modifier, mais bon c'est pour ça que je cherche des avis extérieurs. J'ai vu que ton histoire avait très bien marchée et honnêtement, chapeau. Elle est incroyable, c'est une de mes préférées.

Amphitrite

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Il y a 6 mois

De toute façon, on est toujours très critique envers soi-même et c’est logique de trouver à chaque relecture des petits détails à améliorer. Le hic, c’est qu’on ne peut rien corriger ici et c’est donc aussi frustrant qu’inutile de se relire et voir tout ce qui cloche. J’avais commencé ton histoire et trouvé l’idée du contraste entre les noms de la mythologie et l’intrigue moderne très intéressante. Ta story a vraiment du potentiel, j’espère que tu pourras poster encore pas mal de chapitres avant la fin du concours.
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