Fyctia
Chapitre 18
Julia/Clara
Alex est couché, elle m’a dit que sa maîtresse n’était pas de bonne humeur aujourd’hui. Je n’ai pas répondu, mon cœur s’est serré, je culpabilise.
Hier j’avais répondu à Sonia/Julia, et depuis pas de nouvelles. Pourtant elle l’a lu ? Je n’ose pas bougé de mon siège, je guette si un message arrive, je suis à l’affût, j’ai des demandes de dial de toutes parts mais je les occulte, cela ne m’ intéresse pas. C’est elle que je veux, c’est avec elle que je veux discuter. Même si c’est de la pluie ou du beau temps, j’en ai besoin. Mais la nuit s’installe sans que Sonia/Julia ne se connecte.
La nuit m’a emportée avec elle, sans crier gare, l’épuisement de la journée sûrement …je sursaute, j’entends une voix lointaine, maman, maman, mais qu’est ce que tu fa….
Blottie sous le plaid je ne veux pas m’éveiller. Non, pas encore, pas maintenant, laissez-moi juste un moment, un instant. Arrêtez les pendules, arrêtez le temps et laissez-moi replonger dans mon sommeil. Je veux encore dormir. Puis je sens que l’on me bouscule, qu’on me pousse, j’ouvre un œil, je mets quelques instants à revenir sur terre.
— mais maman, pourquoi tu dors là ?
C’est Alex qui me regarde. Etonnée, je déglutis, ferme les yeux, puis les ouvre :
— hum ! bein, je crois que je me suis endormie dans le canapé, ma chérie !
— Tu n’aurais pas du, parce que t’as une de ces têtes ce matin !
J’imagine, le tête des lendemain de fête, c’est sûr, le genre cocker triste, avec les valoches juste au dessous des yeux.
— bon, maman, faut te lever, aujourd’hui c’est le jour de la sortie, faut pas arriver en retard.
— Hum !! ok, je me lève.
Je reste un instant sur le dos essayant d’imaginer, ce qu’il va se passer lorsque je vais la voir. On verra, je me traîne, passe devant le PC, je bouge la souris pour le rallumer, ma session est encore allumée, mais je n’ai toujours pas de message… je peste toute seule !Tout cela n’est pas de bonnes augures !
Arrivée devant l’école, nous ne sommes pas les premières mais, il y a encore peu de personnes. Je prends mon temps, même si ma chipie de fille en a décidé autrement et me prend la main pour que je vienne dire bonjour à sa super maîtresse . Mais Alex ne sais pas à quel point j’en ai envie et en même temps comme j’ai peur de me retrouver en face d’elle. Ce mélange de sentiments me torture, je sais que je ne peux pas tomber amoureuse d’une femme, mais mon cœur montre son désaccord.
Que faire ?? suivre mon cœur, ou suivre la morale et peut être l’oublier, qui sait, je me trompe peut être, cette attirance n’est autre qu’un intérêt futile, qui ne durera pas. Je suis fragile depuis mon divorce.
Heureusement, elle ne sait pas que je suis Dali, et même si elle a un petit coup de cœur pour moi, il faut que j’agisse comme les autres mères. Il ne faut pas que je la regarde, que je rougisse lorsque son regard sera sur moi. Que je ne bafouille pas lorsqu’elle me parlera. Je sais que c’est pratiquement mission impossible, mais je vais faire de mon mieux. J’ai élaboré une stratégie pendant notre trajet jusqu'à l’école. Je vais me fondre parmi les parents, et me trouver un autre parent qui serait un binôme. Sinon je ne tiendrai jamais la distance. Et surtout, ne pas me retrouver trop prés de Julia. C’est primordial !
Mon plan est élaboré lorsque j’arrive dans la cour de l’école. Mlle Millet est toujours aussi ravissante. Elle a choisit comme moi pour cette journée, un jeans, je ne vois pas ce qu’elle a en dessous de son blouson, mais sûrement quelque chose de très sexy, je n’en doute pas ! En bref, il ne me faut pas longtemps pour oublier, toutes mes belles théories, mes fausses promesses, je fonds déjà… et elle s’approche seulement !
A ce moment précis, je rêve de me cacher dans un trou, de m’enterrer, d’hiberner, mais c’est trop tard, elle se plante devant moi, sûr d’elle. Une chaleur monte dans mon corps comme la lave d’un volcan, je ne dois pas laisser transparaître mon émoi. Clara reprends toi !! je n’ai plus ressenti cela depuis longtemps, depuis ma rencontre avec Marc. Oui, voilà, il y a quinze, une rencontre où tous les éléments sont réunis, un homme et une femme, lui et moi. Une osmose, une attirance réciproque qui nous ont rapprochées.
Mais aujourd’hui, maintenant, le trouble qui s’éveille en moi à chaque fois que je la vois, ce n’est pas moi, ce n’est pas normal. Je ne dois pas, c’est une femme, et je ne suis pas comme ça ? Je la salue rapidement et la plante là sans un mot. Elle est un peu surprise, mais tant pis je ne peux pas soutenir son regard alors je ne traîne pas et me dirige vers l’autre institutrice et l’autre maman qui accompagneront l’autre classe. Mon plan tombe à l’eau lorsque j’apprends par l’autre institutrice que mon binôme sera Julia. J’essaie d’être à l’aise, je souris, je discute avec elles. C’est un faux semblant en fait, je n’entends rien, j’essaie juste de retarder le moment où je serai avec Julia.
Nous arrivons à la caserne de pompiers après un petit trajet en bus. Les enfants sont très excités. Il faut gérer tout ce petit monde, cela me permet de penser enfin à autre chose qu’à elle. Deux pompiers nous accueillent. Le premier qui s’appelle Jérémy est assez jeune. Je dirais moins que la trentaine, et le deuxième, Pierre, 35 ans à peu prés . Après s’être présentés, ils nous font entrer dans le garage, afin de nous expliquer les différents camions et leurs fonctions.
Les enfants sont passés devant, Julia et moi fermons la marche. Quand nous entendons l’un des pompiers qui discutent ensemble. Ils sont derrière nous : - — On a de la chance, elles sont pas mal, ces deux là !
— Oui, jolies, mais moi je préfère la plus âgée, dit le plus jeune.
— Ah bon, oui pas mal, mais je préfère l’autre !"
Je me tourne vers Julia , elle aussi a entendu, et nous nous sourions. Non il ne faut pas, cette complicité va tout compliquer. Et voilà, elle se penche vers moi, je sens son parfum, j’ai une envie terrible de la prendre dans mes bras. Cette attirance sexuelle est quelque peu gênante, mais je suis assez adulte pour la refouler. Je me retiens, elle s’approche si prés, et puis je sens son souffle sur mon oreille lorsqu’ elle me chuchote :
— Eh bien, on a du succès et vous avec le plus jeune..
Je me remets de cette proximité, j’en ai des frisson, et je réponds difficilement :
— Hm ! Ah oui ……. mais les hommes, vous savez comme ils sont ?
Elle se rapproche encore, je ne finirai pas la journée indemne c’est sûr !
— Oui, c’est vrai, les hommes sont comme ça, quand ils voient de belles femmes…… comme vous ! rajoute t’elle.
Et voilà, je ne sais plus quoi dire, je bafouille, que oui sûrement. Alors elle me souris encore, son visage s’éclaire, elle est super jolie, alors je sens que je deviens rouge, parce qu’une chaleur envahie soudainement mon visage. Et ce n’est que le début de la journée, comment vais je gérer le trouble qu’elle fait monter en moi ?
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