Fyctia

Julia

Ne désirer que ce qu’on a, c’est avoir tout ce qu’on désire.

Je m’éclipse donc dans la nuit encore tiède de ce mois de septembre.

Rentrée chez moi, j'allume l'ordi. Savoir que Céline va passer la soirée avec sa chérie me donne le bourdon. Héloïse est surement chez sa mère et penser qu’elle n’aura même pas un moment de libre pour me voir, m’exaspère. Mais en ouvrant l’appli de rencontres, je vois que Dali est connectée. Ma tristesse s’atténue un peu. Après le « coucou » de convenance, notre discussion dépasse les banalités. Dali ose me pose de questions un peu indiscrètes. Mais j’y réponds très à l’aise, je n’ai plus de problème avec mon identité sexuelle même si cela n’a pas été simple. Etre différente, ne pas entrer dans le moule quand on est ado c’est dur. J’ai essayé longtemps de faire comme mes amies lycéennes, de sortir avec des mecs, mais je savais que ce n’était qu’un leurre. D’assumer et annoncer à ses parents qu’on est homo ça relève du courage. Ne pas les blesser, ni les culpabiliser. Moi-même j’ai annoncé mon homosexualité depuis peu de temps.

Ma réponse l’étonne, elle qui pensait que c’était plus simple aujourd’hui. On légalise, c’est vrai mais on ne change pas les mentalités avec des lois.

Julia - Oui, évidement, mais ça reste encore tabou et puis il y a des personnes comme ma copine qui n’assume pas !

Clara- C’est vrai, en plus pour draguer certaines, ça se voit tout de suite qu’elles sont lesbiennes mais pour d’autre ça ne doit pas être évident ?

Julia – D’autant que j’aime les femmes plutôt féminines.

Cette phrase m’entraine vers un aveu que je voulais pourtant garder secret :

Julia – D'ailleurs il m’arrive croiser une femme, et d’avoir un petit coup de cœur, mais ensuite pour l’aborder, c’est une autre histoire. Ça m’est arriver encore récemment.

Dali saute sur l’occasion, et en demande plus. J’en ai trop dit ou pas assez.

Dali- Tu veux dire qu’en ce moment tu flashes sur quelqu’un ?

Après tout ça ne m’engage à rien et d’en parler avec quelqu’un étranger à l’affaire, m’aidera peut-être ?

Julia - Eh bien je suis très attirée par une femme que j’ai rencontrée à mon travail.

Dès que je l’ai vue, elle m’a plu, j’ai un peu parlé avec elle, enfin rien de spécial, ça concernait le travail… mais j’ai pu la voir de plus près et vraiment, elle est très séduisante, et je me sens très attirée par elle.

Clara - Ah oui et alors comment tu te sens exactement quand tu la vois ?

Dali semble très intéressée par mes sentiments, mon ressenti.

Julia - Je ne sais pas si je peux t’expliquer vraiment , je suis contente de la voir ou de l’apercevoir, même brièvement tu vois ! Et puis, physiquement, elle me plait c’est sûr, sa façon de parler, de se mouvoir. Je suis attirée, mais c’est mort de toute façon !

Dali commence un véritable interrogatoire :

Clara - pourquoi ? elle est mariée ?

Dois-je être honnête après tout je ne la connais pas. En y réfléchissant, Je ne risque rien de me dévoiler un peu.

Julia- Elle a été mariée mais à présent elle est divorcée donc hétéro !

Clara - Eh bien ! Tu es bien renseignée dis donc, comment tu sais tout ça sur elle ? Elle te l’a dit ?

Naturellement je me suis tellement lâchée que je me retrouve coincée. Évidemment comment je peux savoir tout ça sur elle ? Je ne peux pas dire que je suis instit et que j’ai lu la fiche de sa fille. Comment m’en sortir sans trop mentir ? Je ne voudrais pas être malhonnête avec Dali que j’apprécie de plus en plus.

Julia- J’ai une amie qui la connait et c’est elle qui me l’a dit.

Clara- Et donc, que comptes-tu faire alors ? Elle est divorcée, il y a peut-être un espoir, non ?

Julia- Je ne sais pas...

Clara - Mais tu ne vas laisser tomber ?

Julia- Je dois la revoir, je verrai comment ça se passe nos prochaines rencontres… j’agirai en conséquence...

Clara - C’est-à-dire ???

Oh ! Je la trouve bien curieuse. Je ne sais pas, alors je ne peux pas lui raconter.

Julia - Je te l’ai dit, je ne sais pas encore… Oh lala, tu as vu l’heure !?

Clara - Oh oui, il est tard mais demain c’est samedi, on peut faire la grasse mat !

Julia - J’ai eu une journée difficile, je vais me coucher, je suis naze...

Je sens que Dali voudrait encore parler mais je suis vraiment trop fatiguée et demain j’ai un match. Il faut que je sois en forme. Et au vu la tournure de la discussion, je préfère arrêter, je me sens mal à l'aise.

Clara - Ok, moi aussi, je vais y aller, mais ça me fait bizarre, parce que ma fille n’est pas là. Elle s’endort dans mon lit quand elle n’a pas d’école le lendemain. Ce soir je vais dormir seule.

Je souris. La perche est trop énorme. Est-ce qu’elle l’a fait exprès ou ne s’est pas rendu compte de la perche qu’elle tend ?

Julia - Tu veux que je vienne ?

Clara - T'es bête, non, mais j’aime pas être toute seule dans la maison. Allez, j’y vais avant que tu écrives encore une bêtise...

Je souris, sa réponse me plaît.