Fyctia
Chapitre 7
Julia
La matinée se passe bien. Les élèves sont attentifs et très sages ce qui me permet de bien avancer dans ce que j’avais prévu. Puis midi arrive avec ce satané soutien. Depuis l’an passé, nous devons effectuer deux heures d’aide personnalisée auprès des élèves en difficultés. Il faut caser ces heures le midi ou en fin d’après-midi après l’école mais les journées sont allongées pour ces élèves-là, or ce sont déjà ceux-là qui ont du mal à se concentrer toute une journée. Chercher l’erreur ? Et puis est-ce vraiment bénéfique ? Pour ceux qui ont besoin d’un coup de pouce sur une notion que l’on vient de commencer, ça peut les aider mais pour les élèves en grandes difficultés ? Ce n’est pas deux fois trente minutes pendant trois semaines qui vont les aider… vaste débat, surtout qu’à chaque changement de ministre, on change de méthode.La pause repas arrive, bien méritée. Avec mes collègues, nous mangeons à l’école car nous n’habitons pas le village et que la cantine est sur l’autre site ; ça évite les frais personnels de route. Nous avons un micro-onde dans une classe pour faire réchauffer notre tambouille et une bouilloire pour le café ou le thé c’est rudimentaire mais ce qui compte pour nous c’est de bien s’entendre.
« Alors tes deux nouveaux élèves ? me demande Angélique. Ça se passe bien ?
- Pour l’instant très bien. Ils semblent tous les deux avoir un bon niveau et ils sont pour le moment calmes mais il faut voir d’ici quelques semaines. Méfions-nous de l’eau qui dort !
- Oui ça c’est sûr ! Tous les ans, on est surpris par certains !
- J’ai demandé à Clémence et Mathilde de jouer avec Alexia, ça a l’air d’aller. Quant à Romain, comme presque tous les garçons, ils jouent au foot avec les autres alors je ne m’inquiète pas.
- C’est la mère de la nouvelle qui est venue te parler ce matin ? me demande Elise.
- Oui. En fait, elle est venue s’excuser de s’être emportée hier…
- Ah bon ?! me coupe Angélique. J’ai raté un épisode là.
- Tu étais déjà partie. J’ai dû attendre 25 minutes qu’il y ait quelqu’un qui vienne chercher Alexia. C’est sa mère qui était en retard. Déjà le matin elle l’avait déposée vite fait. Ça fait bien le premier jour. Du coup, on s’est un peu accrochées hier. Tu me connais, moi et mon ton aimable… Enfin, elle aussi est partie au quart de tour ! Mais elle est venue ce matin s’excuser et j’ai fait de même. Cependant, je n’ai pas vraiment su les raisons de son retard. J’y pense, j’ai ramassé les feuilles de renseignement ce matin, je vais pouvoir regarder le contexte familial pour elle et pour Romain. »
Je vais chercher ma pochette où j’ai rangé les feuilles. Je cherche celle d’Alexia.
« Parents divorcés. La mère est assistante comptable, le père est commercial. Pas de frère ni de sœur. Le père habite loin. Voilà pour l’essentiel.
- ça peut expliquer son retard d’hier. Un imprévu au boulot peut-être. Si elle vient d’emménager et qu’elle ne connaît personne qui puisse aller chercher sa fille, ça n’est pas forcément évident… me dit Elise.
- Oui, bien sûr. Si elle est toute seule pour s’occuper de sa fille et qu’elle doit gérer le quotidien en plus de son boulot, pas facile tous les jours.
Pendant qu’Elise et Angélique continuent de parler je fixe la feuille et repense aux yeux pétillants de… Clara… elle s’appelle Clara… très joli prénom… enfin, il lui va bien… et je revois son sourire magnifique… puis ma gêne à retirer ma main de la sienne. Je sens une émotion montée en moi. Certes, elle est ravissante mais quand même.
« Ouh ouh ! Julia !
- Oui. Pardon, j’étais dans mes pensées.
- Ah bon ? Les filles éclatent de rire.
- Un thé ?
- Oui, parfait »
Et nous reprenons nos discussions avant de retourner chacune dans nos classes en attendant que les élèves ne reviennent.
Clara
Cette journée qui s’installe s’annonce très laborieuse. Pendant toute la matinée, je suis très occupée… j’ai des saisies comptables à faire. Pour le journal des ventes, ça va je l’exporte directement de ma Gescom. Quelques clics et c’est fait, mais les factures d’achats je suis obligée de les saisir une par une… et ça prend énormément de temps. Je vais essayer de tout saisir aujourd’hui, mais c’est sans compter sur Vincent qui me sollicite toutes les 5 minutes.
Mes yeux s’attardent sur l’horloge, la journée est déjà bien avancée. Je suis concentrée sur mon travail lorsque Vincent entre une fois de plus dans mon bureau. Je relève la tête, contrariée, je le toise méchamment :
« Je t’ai dit de ne plus me déranger, j’ai ma compta à finir…
Il ne me laisse pas finir ma phrase et m’invite à boire un café :
- allez arrêtes de râler, viens je te paye un café !
C’est vrai qu’une petite pause me ferait du bien.
- D’accord, mais après je ne veux plus être dérangée, tu as compris.
- Promis, puis il continue, tu sais que t’es belle toi quand tu te fâches !
Vincent est mon patron depuis des années, aussi nous ne prenons pas de pincette pour nous parler. Il a ce côté dragueur à deux balles que je ne supporte pas, mais je lui pardonne toujours ses écarts. C’est un excellent patron et un ami, sur qui je peux compter :
- C’est ça oui, passe la pommade, tu sais pourtant que ça ne marchera pas ! »
Nous nous dirigeons vers la machine à café qui se trouve dans l’atelier, Vincent a posé sa main sur ma hanche comme pour me guider, je déteste ça. Déjà les gars qui travaillent à l’atelier nous regardent, c’est très gênant. Alors je me dégage gentiment. Je prends le café qu’il me tend, nous parlons des différents problèmes à régler, puis je m’éloigne. Je sens bien que Vincent me regarde. Et ce coup si j’ai raison !
Je crois qu’il est amoureux de moi et depuis que je suis séparée, il s’enhardit. Je ne veux pas de relations amoureuses au boulot, lorsque ça ne va plus, on est obligé de travailler ensemble. Ça doit être horrible.
L’après-midi passe, je regarde régulièrement l’horloge, je ne voudrais pas être à nouveau en retard pour l’école. Mes pensées s’envolent, je reste figée devant mon ordi, la tête ailleurs. Les souvenirs de ma rencontre avec Mlle Millet. Lorsqu’elle s’avance vers moi :
« Clara … hou !!
- quoi ! Je regarde Vincent qui rit de me trouver en plein rêve.
- Alors c’est comme ça que tu fais la compta, toi ?
- Je cherchais un numéro de compte fournisseur, dis-je rapidement comme pour me disculper.
- Ne te justifie pas je disais ça pour rire.
- Oui, bon qu’est-ce que tu veux encore ?
- un devis à faire.
Mon sang ne fait qu’un tour :
- Non, non et non, dis-je en m’approchant de lui … Tu vois l’heure-là, je lui tourne la tête pour qu’il regarde bien. Dans 5 minutes je dois partir pour aller chercher Alex à l’école, alors ton devis il attendra demain, ok !
- ok ! Ne t’énerves pas. Mais qu’est-ce que t’as aujourd’hui ?
- Je suis comme d’habitude.
Je ferme mes applications, range mes classeurs, prends le courrier, hop ! mon blouson. Une bise à Vincent
- A demain !
- Tchao Bella ! et n’oublies pas ?
- Quoi ?
- De penser à moi ! et il rit.
- C’est ça oui !
J’arrive à l’heure devant l’école.
7 commentaires
François Lamour
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Il y a un an
Raphaël J Adam
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Il y a un an
Eloïse_f
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Il y a un an
Chloézoccola
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KBrusop
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Emeline Guezel
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Il y a un an