Fyctia

Julia

Je retourne dans ma classe en faisant un crochet par la classe d’Elise. Je toque à la porte et entre. Elise est en train de ranger ses affaires. Je lui raconte ce qui vient de m’arriver.

- Ah ! Je me disais bien que c’était bizarre que tu n’aies pas encore râlé aujourd’hui. Me dit-elle avec un grand sourire !

- Rohhhhh ! Que veux-tu, même à mon âge on ne se refait pas ! Et j’éclate de rire.

- Cette fameuse mère, elle a peut-être eu un imprévu. Elle culpabilisait peut-être en plus d’arriver en retard, or toi, tu la remballes direct. Je comprends un peu qu’elle soit montée sur ses grands chevaux.

- Oui mais elle ne m’a pas donné d’explications pour son retard.

- Ah oui… Bon tu verras bien ce qu’il en est demain.

- J’avoue que je me suis un peu emportée, c’est bête de ma part… Oui, on verra bien quand je la reverrai… Mais bon, il ne faut pas abuser non plus.

- t’as pas tort. Allez, j’y vais moi, Antoine doit m’attendre !

- Ok. Bonne soirée. À demain !

- À demain Julia.

Elise s’en va et je retourne dans ma classe. Je vais enfin pouvoir travailler. Je rédige dans mon cahier-journal ce qu’on a fait dans la journée. Puis, je corrige les cahiers du jour parce que l’on a déjà travaillé un peu : des révisions de français et de maths. Ensuite, j’écris en gros ce que l’on a révisé sur des affiches et je les accroche aux murs. Cela permet aux élèves de les voir tous les jours, de s’en imprégner et de s’y référer si besoin pendant certaines activités. Il est déjà 18h. Je lirai le petit questionnaire que j’ai fait remplir aux élèves pour mieux les connaître après, quand je serai à l’appart.

Arrivée chez moi, je termine de travailler puis je prends enfin le temps de regarder mes mails. Rien d’intéressant.

Je décide donc de me préparer à manger et j’allume la télé. Héloïse ne va tarder à m’appeler. C’est ma copine. Cela fait trois ans que nous sommes ensemble, pour le meilleur et pour le pire !

Nous n’habitons pas ensemble car elle a trouvé un poste à Toulouse, un poste de directrice adjointe des sports. Cela fait 9 mois déjà qu’elle travaille là-bas. Du coup on se voit peu souvent et cela me pèse de plus en plus… mais il va falloir tenir l’année entière car je ne peux pas me faire muter comme ça. En plus, changer pour l’académie de Toulouse, ce n’est pas gagné car il faudrait que j’ai des points or et je commence seulement ma cinquième année d’enseignement !

Donc j’ai des hauts et des bas et je commence à me poser des questions car il était prévu qu’elle demanderait sa mutation au bout d’un an, mais elle ne m’en parle plus. Et cet été elle ne m’a rien répondu quand je lui ai parlé que je ferais le nécessaire cette année pour demander ma mutation en septembre dans l’académie de Toulouse. Je sais bien qu’elle est très introvertie mais quand même.

Mon téléphone portable sonne. Cela me sort de mes réflexions. C’est elle...

Clara

Pendant le trajet, Alexia me raconte comment c’est passé sa journée. Je suis heureuse qu’elle se soit fait des amis et qu’elle aime bien sa nouvelle école ainsi que sa nouvelle maîtresse.

Je réfléchis à ce qu’a dit ma fille et ne peux m’empêcher de penser à sa jeune institutrice. J’ai été très impolie, je me suis tout juste excusée. De surcroit j’ai haussé le ton.

Que doit t’elle penser de moi ?

Je me gare devant la maison. Alexia derrière moi, me parle des prochaines vacances avec son père. Je lui dis que j’en parlerai avec lui mais qu’en attendant j’ai plein de choses à faire et elle aussi, dont ses devoirs.

- Non ! la maîtresse ne nous a rien donné à faire parce que c’était le premier jour d’école, par contre j’ai plein de papiers pour toi que tu dois remplir, dit-elle, en souriant ! »

je souffle rien qu’à y penser :

- Comme si je n’en avais pas assez de remplir des papiers ?

Elle s’en va dans le salon, pendant que je m’affaire dans ma cuisine, pour la préparation du dîner. Heureusement j’ai un plat de lasagne au congélateur. Avec une salade cela nous fera un repas très convenable. Alexia a fini de goûter, et me regarde :

- quoi ???

- Pourquoi toi et papa vous avez divorcé, hein ? dit-elle la bouche entourée d'un halo de confiture.

- Tu sais ma puce quelque fois on s’aime pour toute la vie et quelque fois, on ne sait pas pourquoi, y a quelque chose qui se casse ou que l’on se perd en route et on a plus qu’une simple affection amicale pour la personne que l’on a aimée. »

Alexia me demandait souvent pourquoi Marc et moi n’étions plus en couple. Nous nous sommes séparés sans heurts et sans larmes, sans tromperie d’aucune part et nous sommes même restés amis. Alors pour elle c’est un peu difficile à assimiler. Comment ses deux parents qui s’entendent, ne vivent plus ensemble ? J'ai même entendu de certains de mes amis : t'as tout pour être heureuse ! oui, faut croire que cela ne suffit pas toujours.

Il est l’heure pour Alexia d’aller se coucher, après une bonne douche. Enfin je vais pouvoir penser à moi. Mais avant j’ai quelques petits trucs à terminer. Je charge le lave-vaisselle et le fait tourner, puis je trie mon linge que je mets dans la machine à laver. Il est 22H30 lorsque je m’affale sur le canapé, j’allume la télé, je regarde la fin d’une série. Je baille, il est 23H50.

Je suis morte, je crois que je vais me coucher sans demander mon reste.

Je plonge dans mon lit, je suis crevée, je tourne et me retourne. Je n'arrive pas à dormir. Et puis Je repense à mon altercation avec l’institutrice d’Alex, je ne comprends même pas pourquoi ça me tracasse autant ! Mais il faut que j’arrange les choses avec elle. Je serais amenée à la côtoyer souvent. Et puis je n’ai pas été très correcte, enfin elle n’a pas été commode non plus. Elle aurait pu comprendre que j’ai fait mon possible pour arriver à l’heure. Je me retourne et essaie de penser à dormir. Mais le souvenir de ma rencontre avec la jeune institutrice me revient sans cesse. Je suis contrariée, je n’ai jamais eu d’histoire avec les anciennes maîtresses d’Alex. J’avais même de bons contacts avec elles. Bon allez, faut que je dorme, il ne faudrait pas que je sois en retard à nouveau. Mais c’est peine perdue !

Comme le sommeil a l’air de ne pas vouloir venir, je décide de me lever, et de boire un verre d’eau. Puis mon verre à la main, je me dirige vers le salon sans allumer la lumière. J’adore ça, me promener dans la maison ensommeillée , sans lumière !

Je m’assois sur la chaise tournante du bureau, je tourne doucement comme pour me bercer. J’ouvre l’ordinateur portable machinalement. La solitude commence à me peser, cela fait maintenant plus de 6 mois que je suis divorcées et malgré nos différents nous étions un couple qui s’entendait bien sexuellement. Les câlins commencent à me manquer même si je ne suis pas une nymphomane. J’allume Internet et je pianote sur rencontre sur le moteur de recherches. Une file de sites de rencontre s’affiche. j’en sélectionne un au hasard … c’est bizarre j’ai l’impression d’être une ado qui fait un truc défendu !