Fyctia

St Yves, novembre 2024, présent

Les échos du passé se dissipèrent lentement, tel un voile évanescent, laissant le trio émerger de la valse des souvenirs. Leurs pieds reposaient sur les pétales de fleurs, témoins silencieux des mémoires partagées.

Autour d’eux, la forêt avait retrouvé une quiétude apparente. Les rayons du soleil, filtrant à travers le feuillage dense, créaient des jeux de lumière qui dansaient sur les feuilles et les contours de l’autel.

Elena avait pris la main de Lévi et ne cessait de lui jeter des regards inquiets. Ils avaient tous les trois été spectateurs du passé de ses parents, révélant le rôle que sa mère avait joué. Mais ils n’eurent pas le temps de réfléchir à ce qu’il avait vu, que deux silhouettes émergèrent des arbres du bosquet.

La première personne avait l’air d’un vieillard, une cane à la main, l’homme avait du mal à se déplacer. Sur son crâne, il ne restait presque plus rien de ses cheveux blonds, et sur sa peau pâle s’était dessiné de nombreuses rides. Morbius Parkes était soutenu par une femme, qui elle, resplendissait de jeunesse et de beauté malgré les années.

— Mère ? Murmura Lévi.

Un sourire fendit le visage d’Arabelle Parkes.

— Je suis contente de te voir, mon fils. Mais il a fallu que tu t’entiches de l’Élue, ajouta-t-elle. Même si je ne suis pas étonnée.

Lévi resserra son étreinte autour de la main d’Elena.

— Mais, comment ? Je vous crois morte depuis cinq ans.

Arabelle lâcha le bras de son mari et s’approcha de l’autel.

— Après la Bataille des Ombres, comme tout le monde aime l’appeler, notre famille s’est retrouvée en mauvaise posture auprès de la Grande Autorité Magique. Il fallait sauver notre réputation. Heureusement, les procès concernaient tellement de monde que la justice a pris beaucoup de temps avant de nous juger. Je me suis fait passer pour morte, sans manquer de dire à ton père de raconter qu’il avait été manipuler par la magie de Brack. Après tout, celui-ci était connu pour utiliser des sorts de distorsion. Ça plus le fait qu’il avait perdu sa femme et son fils, Morbius a été relaxé et le nom de notre famille blanchit.

Elena jeta un regard à Lévi qui semblait fébrile. La mère de ce dernier se rapprochait doucement d’eux, les yeux brillants, le port altier.

— Comme tu es parti de la maison après la bataille, j’ai pu vivre cachée au manoir avec Morbius.

Le fils regarda le père, il avait des difficultés à tenir debout.

— Que lui est-il arrivé ? demanda-t-il.

— Ces dernières années, je me suis beaucoup renseignée sur celle qui nous avait fait perdre notre pouvoir, continua Arabelle Parkes en jetant un regard austère à Elena. Et j’ai récemment découvert des informations intéressantes, notamment concernant la Prophétie.

— La Prophétie ? questionna Elena.

La mère de Lévi l’ignora.

— Nous nécessitions une source de puissance, alors j’ai chargé ton père de retrouver un ancien pouvoir lié à la lignée des Parkes. Le problème, c’est qu’il est d’une telle puissance qu’il entraîne quelques effets secondaires. C’est pourquoi j’ai encouragé Morbius à s’en emparer, afin de pouvoir ensuite m’en saisir sans devoir assumer les complications qui l’accompagnent.

— Tu l’as encore manipulé, fulmina le jeune homme blond.

— Si tu savais ce qu’on peut accomplir grâce à cette folie qu’est l’amour, Lévi.

Un courant d’air traversa le bosquet, faisant frissonner Elena. La lumière du soleil continuait de percer à travers les arbres, laissant virevolter des particules dans l’air.

— Tout ça pour dire que j’avais besoin de vous ici. Mon fils et l’Élue. Merci pour ça Noah.

Arabelle Parkes tendit la main vers l’homme brun qui était resté immobile et en retrait. Elena se retourna vers lui, le regardant qui s’avançait vers la femme blonde. Il avait la tête baissée et évitait soigneusement son regard.

(à suivre...)