Fyctia
Indecent proposal (P1) 🎞️
Jack
Devant son silence qui s'éternise, je reprends :
— J’ai répondu à ta question, à mon tour de t’en poser une.
— Ah... je n’avais pas compris qu’on était partis sur cette règle, mais vas-y, je t’en prie.
— Il se trouve que j’ai une demande un peu particulière à te soumettre.
Ses sourcils se froncent, mais un sourire flotte encore sur son charmant minois. Elle est interpellée par ma question.
— Quelle demande ?
Elle attrape son verre et boit une lampée du grand cru Carbonnieux que je viens de lui servir. Un Pessac Léognan que j’apprécie. Comme il n’y a pas de français à l’horizon pour souligner que déguster un tel nectar avec un plat épicé est une hérésie... j'en profite.
— Alors voilà, j’aurais besoin que tu m’accompagnes dimanche midi pour déjeuner chez mes parents.
Sa réaction ne se fait pas attendre, elle recrache le contenu de sa bouche en pluie fine. Mon haut Armani blanc se retrouve constellé de taches de vin rouge, tout comme ma figure.
Elle écarquille les yeux, effarée.
— Oh mon dieu ! s’exclame-t-elle. Je suis désolée.
Elle se précipite pour faire le tour avec sa serviette et commence à tamponner mon sweat et mon visage.
Je me lève pour constater l’étendue des dégâts, impossible de rester dans cet état.
— C’est rien, c’est rien. Je reviens. Ressers-toi donc un verre, pas sûr que tu aies vraiment apprécié celui-ci, ajouté-je en remontant le couloir.
Face au miroir de ma salle de bains, je ne peux empêcher un rictus amusé. Ma sollicitation l’a surprise, mais elle n’a pas dit non. Enfin pas encore !
De retour dans la cuisine, je me réinstalle face à elle, un grand sourire aux lèvres et je m’empresse de l’éclairer sur mes réelles intentions :
— Je vais tout t’expliquer. Tu auras ainsi une partie des réponses que tu attends et si tu as d’autres questions, je me plierai à l'exercice avec plaisir. Surtout, ne te précipite pas pour me répondre, je te demande de réfléchir à ma proposition avant. Ça te convient ?
— Ça me va, je t’écoute.
Elle croise ses bras devant elle, appuyée sur le comptoir qu’elle a dû nettoyer pendant que je me changeais. La vision fugace de cette jeune femme qui s’affaire dans ma cuisine me trouble un instant, mais je ne dois pas oublier mon objectif.
— Comme tu le sais sans doute, je suis le directeur financier de la société qui porte le nom de mon père et le mien. J’ai une sœur aînée qui est plus douée pour la partie « scientifique » et absolument pas intéressée par la gestion. Mon beau-frère, son mari œuvre avec elle dans la section études et recherches. Les deux sont obsédés par les molécules et tous ces trucs avec des noms à coucher dehors. C’est donc moi qui me retrouve tout désigné pour succéder à mon père. Mais, jusqu’à il y a peu, j’avais encore le temps de prendre sa place. Mon père n’avait pas prévu de partir si tôt, il est encore jeune.
Je m’arrête un instant pour boire un verre et réfléchir à la manière de lui annoncer la suite. Je n’avais pas vraiment préparé mon discours.
— Et tu n’as plus le temps ? me demande-t-elle.
— Plus vraiment non. Mon père est malade et il va devoir subir un traitement très lourd. Son vœu a toujours été que je lui succède, mais il est persuadé que je ne pourrais pas y arriver en étant seul.
Elle fronce les sourcils, interrogative. Je ne lui laisse pas le temps de poser sa question.
— Célibataire si tu préfères. Il faut connaitre son mode de fonctionnement pour comprendre.
Je l’ai déjà un peu évoqué, mais ma mère est son soutien. Elle a toujours été là pour lui, pour le conforter dans ses choix, le mettre en garde quand il ne prenait pas la bonne direction, bref, pour lui, derrière tous les hommes de pouvoir il y a une femme dans l’ombre. Et moi, moi… je n’ai pas de femme. Alors attention je ne te demande pas de devenir mon épouse, mais j’aimerais au moins pour quelque temps qu’il me croit accompagné. Nous voulons qu’il se concentre sur sa guérison, tu comprends. Et si il pense que je suis avec quelqu’un alors il sera plus serein.
— Je suis vraiment désolée pour ton père. Tu parles de guérison, donc vous êtes confiants ?
— Oui, le mal a été pris à temps fort heureusement. Même si nous n'avons aucune garantie, l'oncologue est confiant.
Elle mordille sa lèvre inférieure, je pourrais presque voir ses méninges tourner dans sa jolie caboche.
— Dois-je en conclure que c’est lui qui t’a obligé à t'inscrire à cette expérience ?
— En partie seulement. C’est ma sœur qui a suggéré l’idée. Mais sache que nous n’avons appris sa maladie qu’après.
— Donc en gros tu me demandes de venir manger chez tes parents pour me présenter comme une potentielle future épouse ?
Je ne pense pas me fourvoyer en détectant un début d’agacement dans son ton. Mais cela a beau me faire grimacer, je ne peux que valider.
— C’est un peu ça.
— Jouons cartes sur table, veux-tu. J’imagine que tu en as appris beaucoup plus sur moi que ce que tu me laisses croire. Est-ce que je me trompe ?
Ah oui, elle est carrément énervée maintenant.
— Non effectivement. Je connais tes activités hors temps scolaires.
— Whoua ! Même en le sachant, le fait de te l’entendre dire, c’est… c’est très étrange, vois-tu. Je trouve plutôt flippant que tu aies enquêté sur moi. C’est bien ce que tu as fait ?
Sa voix s'est emplie de colère, d’indignation. Je me contente d’acquiescer sentant que les vents ne sont pas en train de tourner en ma faveur.
— Qui t'a autorisé à fouiller dans ma vie privée ? Comment fait-on ça d’ailleurs ? Ah j’oubliais ! Avec de l’argent bien sûr ! Tu sais donc que je suis, par conviction opposée à ce que représente ta boite ?
— Oui, bien entendu. Par rapport à ta vie privée, si je peux me permettre…
— Pour le moment, je ne te permets pas ! s’écrie-t-elle.
Je la regarde développer son mode furax et comme un abruti, je la trouve toujours aussi mignonne et sexy quand elle poursuit :
— Et sinon… C’est tout ? Tu veux que je me pointe comme une fleur dans ta famille ? C’est une plaisanterie, rassure-moi. Tu t’es levé ce matin en te disant que tu allais me faire une drôle de farce ? ironise-t-elle.
Ses joues ont pris une franche teinte rosée, effet de son ire, plus que du vin qu’elle a bu. Merde alors, elle croit que je me moque d'elle.
— Non, pas du tout, je t’assure que ce n’est pas ça. Pour être complètement transparent, j’ai parlé de ta présence à ce repas à mes parents, juste après que mon père nous ait annoncé sa maladie et juste avant d’en apprendre un peu plus sur toi. Je suis sincère par rapport à notre rencontre, je te l'ai dit, tu dois me croire Hope.
Elle reste interdite un instant avant de me poser une question que je n’avais pas du tout anticipée.
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Hajarsbookishworld
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Il y a 2 ans
Sissy Batzy
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Anna Wendell - Élodie Faiderbe
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Julia&Mira
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Kalehu
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Sissy Batzy
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Gege89
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La Plume d'Ellen
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Il y a 2 ans