Fyctia
Un air de famille (P2) 🎞️
Jack
Dans mon imposante pièce de vie se trouve un coin cuisine dans les tons de gris avec un tas d’appareils dont l’utilité de certains m’échappe.
L’espace est simplement délimité par un large plan de travail entouré d’une dizaine de tabourets au design futuriste. Le reste de la superficie est un immense salon où on peut accueillir sans problème une quinzaine de personnes sur de grands canapés. La décoration, déclinaison d’anthracites et de blancs est réchauffée par un parquet couleur miel. Mais ce qui m’a fait craquer lors de la visite, c’est ce mur vitré aux dimensions indécentes qui donne sur la ville en contrebas.
Un logement démesuré peuplé de vide, voilà ce que c’est…
Mon père a peut-être raison, il a souvent raison, et ça me fait mal de l’admettre. Je dirais même que ça m’agace prodigieusement. Il a rencontré ma mère à l’université et sans elle, il n’aurait jamais réussi à gravir toutes ces étapes qui l’ont mené au statut auquel il peut prétendre aujourd’hui, un chef d’entreprise avisé qui a fait prospérer son affaire au-delà de ce qu’on aurait pu prévoir. Quand il a repris la direction de la boîte, à la mort de mon grand-père, elle était en perte de vitesse. Le manque d’investissements, des parts de marché récupérées par une concurrence féroce…tout ce qu’il a su relancer par la suite. Je me souviens des discussions avec ma mère sur tel ou tel choix à faire. Elle le rassurait quand il avait des hésitations, s’associait à lui dans ses prises de risque et ne l’accablait jamais en cas d’échec. Sans elle, il n’en serait pas là. Nous n’en serions pas là.
Comment pourrais-je avoir la chance de tomber sur une femme de l’acabit de ma mère ?
Sûrement pas dans le genre de plans tels que celui que me présente Loïs.
— Et c’est lui qui t’a demandé de me convaincre pour ça ? questionné-je ma sœur en me tournant à moitié pour me reconnecter à son regard.
— Non, affirme-t-elle sans aucune hésitation. C’est moi qui ai trouvé ce séjour. C’est lui qui m’a poussée à te le proposer, c’est vrai, mais c’est bien moi qui ai eu l’idée au départ.
Je hoche la tête en soupirant, dépité.
— OK, je vois. Quand est-ce prévu ?
— Le prochain a lieu le week-end de mi-avril. Le vendredi est férié et ça démarre dès le jeudi soir.
Il y a tout de même un détail qui m’interpelle.
— Mais dis-moi, comment tu as entendu parler de cette « expérience » ?
— Un ami d’Andrew, tu sais celui qui dirige cette boîte de design durable, il sponsorise l’évènement.
— « Design durable » … Et ils vont faire quoi tous ces designers une fois que tout sera durable, hein ? Une fois que tous les gens ne posséderont que des trucs durables, ils auront plus de job, les gars !
— Tu sais très bien que cela ne se réduit pas à ça, enfin !
— Bien sûr que je le sais, c’était juste une petite blague. Pour décompresser. Je te sens un chouïa tendue sœurette… Bon, admettons que j’y aille, comment ça se passe si quelqu’un me reconnaît ?
Elle soupire en creusant sa ride du lion.
— Le monde ne tourne pas autour de toi Jay, la majorité des personnes en Angleterre ne te connaissent pas.
— Et c’est bien dommage pour eux d’ailleurs…
— Mon Dieu, Jay ! Tu es indécrottable !
Ma sœur a du mal avec le second degré quand elle a la pression, mais je ne m’en lasse pas surtout quand je suis moi-même pas très à mon aise. Je soupire en hochant la tête et je regrette déjà ce que je vais dire, mais les mots s'échappent sans que je les retienne.
— D’accord, mais je te laisse t’occuper de tout. Je veux juste arriver là-bas et ne rien avoir à gérer, OK ?
Un large sourire détend ses traits.
— Je m’en charge avec plaisir Jay ! Tu sais que je rêve d’avoir une ribambelle de neveux et nièces à gâter.
— Oh là ! Tu brûles un paquet d’étapes, il me semble…
Elle s’approche la mine ravie et vient se blottir contre moi. J’embrasse son front avec tendresse. Si je pouvais trouver une femme comme ma sœur, je serais le plus heureux des hommes. Mais autant chercher une aiguille dans une botte de foin…
— Et tu passeras nourrir Bubulle ? ajouté-je.
Elle relève son visage vers le mien, les sourcils froncés.
— Je te promets de m’occuper de ton horrible poisson au nom ridicule. Le fait qu’il soit encore en vie est tellement incroyable ! Et, je vais aussi me charger de ton sac. Tel que je te connais tu es capable de ne prévoir que des costards.
Je ris en secouant la tête.
— Comme tu voudras, Sis'… Comme tu voudras. Tant que tu nourris Bubulle.
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Sarah B
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