Fyctia
Le loup de Wall Street🎞️
🎶 Let Go - Central Cee🎶
Jack (Jay)
— Putain Jay, t’en as pas marre d'afficher un corps pareil !
— Tu dis ça par pure jalousie, mec.
— Bien sûr que je suis jaloux ! On a le même âge, on pratique quasiment les mêmes activités sportives et regarde mes abdos à côté des tiens !
Je jette un œil au ventre de mon pote, Timothy, et même si il est très bien foutu, il est vrai que ses plaquettes sont moins marquées que les miennes. Nous sommes seuls dans les douches de la salle de fitness comme tous les jeudis soir à cette heure tardive. Je pense que le gérant a hâte que nous partions pour pouvoir fermer, mais au prix où nous payons notre abonnement, aucun risque qu’il se permette une remarque.
— Ça doit aussi dépendre du métabolisme de chacun ! conclus-je tout en continuant à me savonner appréciant la fermeté de mon corps entretenu.
Après chaque séance de squash, c’est la même histoire, mon pote ne peut pas s’empêcher de se comparer à moi. Nous appartenions tous les deux à l’équipe élite d’aviron à Cambridge, et ce goût de la compétition ne nous a jamais quittés. Il n’a pourtant rien à m’envier. Là où j’atteins les un mètre quatre-vingt-six, lui doit frôler les un mètre quatre-vingt-dix. Ses muscles sont bien dessinés tout comme les miens, à part ce ridicule détail concernant nos abdos.
Après tout, je me donne pour être au maximum. Malgré mes horaires de dingue au boulot, je cours quasiment tous les matins, je transpire avec mon pote au squash le jeudi et je continue à ramer tous les samedis avant le déjeuner. Ma seule journée sans sport est le dimanche, enfin… sauf si j’ai la chance qu'une demoiselle me tienne compagnie au lit.
— Au fait, comment ça s’est terminé le week-end dernier ? me demande à propos Tim en jouant des sourcils.
Je comprends qu’il évoque la soirée de samedi organisée par l’amicale des anciens élèves à laquelle nous avons assisté, et plus particulièrement la nuit qui a suivi, mais je le fais mariner.
— À quoi fais-tu allusion précisément ?
Il souffle, agacé :
— Tu sais très bien de quoi je parle !
Je me marre doucement… C’est si facile de l’énerver.
Nous participions à une de ces petites sauteries qui se tient une fois par an et qui consiste à prouver qu’on pisse toujours plus loin que les autres. J’estime être sans conteste, celui qui a le mieux réussi de ma promo. Tim travaille comme trader et a beau gagner plus que confortablement sa vie, il se trouve derrière moi dans le classement. Même si j’ai finalement bien peu de mérite en tant que fils à papa.
Je suspends ma réponse tandis que nous terminons de nous sécher avant d’avancer vers nos casiers pour nous rhabiller.
— Bien.
— Merde, tu dois me raconter ! Je vis tes petites histoires de cul par procuration moi !
Tim est marié depuis trois ans avec une charmante jeune femme et sera bientôt papa. Il est fidèle à sa dulcinée et même s’il dit avoir trouvé celle qui lui était destinée, il apprécie d’entendre tous les détails croustillants que j’accepte parfois de lui livrer. Bien que j’adore le faire tourner en bourrique, je mets fin à son supplice tout en boutonnant ma chemise.
— Elle s'est montrée... très imaginative, si tu veux savoir. Enfin au début. Mais une fois qu’elle a compris qu’il n’y aurait pas de deuxième nuit, elle m’a balancé mon boxer dans la tronche en me traitant de connard. Et elle est partie. Et je suis resté… comme un con.
À trente ans, moi, Jack Pendon, je suis un des partis les plus en vue à Londres et même en Angleterre. Diplômé de la célèbre Cambridge Judge Business School, j’œuvre comme directeur financier d’une grosse entreprise pharmaceutique dont le PDG est mon père pour quelques années encore. Je suis, d’après le dernier numéro de Success England, un des célibataires les plus convoités du moment.
Avec une telle étiquette, difficile de rencontrer quelqu’une qui ne serait pas intéressée par le train de vie que je pourrais lui assurer. La vénalité assumée de la plupart des femmes me surprendra toujours.
Une fois habillé, je me recoiffe devant la glace, tentant de remettre en ordre mes mèches rebelles. Mes cheveux châtain foncé sont plus longs sur le dessus et ont tendance à se placer à leur guise, mais j’aime les garder ainsi pour pouvoir y glisser mes doigts. Tim me rejoint et son regard bleu acier vient croiser mes yeux couleur whisky dans le miroir. Sa gueule d’ange sous sa tignasse blond foncé provoque toujours un certain émoi parmi les représentantes de la gent féminine, mais une seule d’entre elles fait désormais son bonheur. Quelque part, je l’envie, même si je ne l’avouerai jamais.
— J’arrive pas à comprendre comment t’as pas encore réussi à trouver ta beauté fatale…
Il balance ça en secouant la tête, et me scrute sans vergogne, une expression étrange sur le visage.
— Tu me fais quand même flipper quand tu me mates comme ça. Rassure-moi, t’es pas en train de changer de bord ?
— Que t’es con !
Il chasse cette idée de la main et ajoute, tel un poète :
— Pas question qu’une queue, même la tienne s’approche d’un de mes orifices. N’empêche qu’un jour, toi aussi tu tomberas sur celle qui te foutra à genoux !
— Pour le moment, c’est elles qui aiment se mettre à genoux devant moi, lui balancé-je en lui adressant un clin d’œil égrillard.
Après cette répartie ringarde que j’assume, j’enfile ma veste et attrape mon sac. Tim me suit et nous partons rejoindre nos pénates. Lui va retrouver sa femme et moi… mon Betta Splendens(*).
La porte de mon appartement refermée sur ma solitude, je m’arrête quelques secondes devant le large miroir au-dessus de la console sur laquelle je pose mes clés. Mon visage est plutôt avenant, mes yeux couleur d’ambre associés à mon teint hâlé plaisent beaucoup aux femmes. Ma grand-mère était d’origine indienne et malgré la carnation porcelaine de ma mère, ce sont les caractéristiques physiques de mon père, héritées de sa propre mère, qui l’ont emporté dans la bagarre des gènes. Mes cheveux châtain foncé sont désordonnés, mais je les recoiffe d’un geste de la main devenu presque un réflexe.
Je fais le malin, mais j’aurais aimé trouver la perle rare, celle qui aurait pu me soutenir dans ma carrière et qui m’aurait donné de beaux enfants qui à leur tour auraient pu me succéder dans les affaires. Celle pour qui mon argent et ma réussite professionnelle n’auraient pas été les raisons de son attachement. J’aurais voulu l’amour, celui avec un grand A.
Mais comme je ne crois pas aux contes de fées, il y a longtemps que j’ai abandonné ce rêve un peu dingue. En revanche, je ne refuse pas ma compagnie pour quelques heures à certaines qui me plaisent.
À partir du moment où c'est réciproque, pourquoi se priver des bonnes choses ?
* Le Betta splendens est le nom des poissons combattants.
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La Plume d'Ellen
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Il y a 2 ans
Sissy Batzy
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Vanessa S.
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Sarah B
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40books
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Sissy Batzy
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Mariebookfan14
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Sissy Batzy
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JULIA S. GRANT
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