Fyctia
Chapitre 1 (1/3)
❀ ᥆mᥒ᰻sᥴ᰻ᥱᥒ𝗍
𝐂𝐨𝐧𝐭𝐢𝐧𝐞𝐧𝐭 𝐈𝐜𝐚𝐫𝐢𝐬, 𝐕𝐢𝐥𝐥𝐞 𝐅𝐫𝐨𝐧𝐭𝐚𝐥𝐢𝐞̀𝐫𝐞
Dans cet endroit lugubre et aride qu’était la Ville Frontalière, le froid s'était installé assez tôt. Les habitants s’habillaient chaudement, même chez eux. Depuis le temps que Esra Kaya a été exilée ici, aucune personne n’a pu l’apercevoir. Maintenant, les rumeurs s’en étaient allées, plus personne n’y faisait attention.
Depuis son arrivée ici, elle s’était enfermée dans le manoir familial et n’était plus jamais sortie. Cela faisait déjà quatre mois qu’elle y avait été envoyée. Ici, elle était encore plus désorientée, sans aucun repère. Elle avait perdu ses souvenirs et se sentait mal comme si elle n’était pas à sa place. Alors, Esra sortait assez peu de sa chambre. De plus, elle avait parfois des pertes d’appétit dû à un mauvais rythme de sommeil à cause de ses cauchemars répétés. Elle essayait de rester éveillée grâce à des mixtures et des médicaments.
À force de rester éveillé deux jours d’affilée, elle a fini par s’endormir d’épuisement. Allongée sur son lit, elle fronçait les sourcils inconsciemment. À voix basse, elle murmura quelque chose de presque indiscernable: « Maître… Maître! ». C’était à nouveau le même cauchemar pour lequel elle ne voulait pas dormir.
Elle était dans un lieu sombre entouré de brume. Elle entendait autour d’elle et venant de tous les côtés une voix très familière en train de prononcer son prénom avec empressement. C’était la voix de son Maître. Son cœur battait plus vite alors qu’elle le cherchait partout. Mais quand elle avançait, il reculait, quand elle croyait voir son ombre, il disparaissait. Et son anxiété montait à une vitesse folle. À chaque grain d’espoir, elle retombait avec force dans la réalité.
— Maître! S’il vous plaît, montrez-vous! Vous ne m’avez pas dit comment faire!
Son espoir s’effondrait petit à petit. Elle avait espéré savoir comment atteindre son objectif. Mais son Maître ne le lui avait jamais dit. Et comme à cet instant, il lui répéta la même chose:
— Ma disciple bien-aimée, tu le sauras bien assez tôt.
Sa voix était douce et apaisante. Elle calma tous ses sens et avant qu’elle ne s’en rende compte, sa présence avait déjà disparu. Prise de panique, elle se réveilla.
Dans son lit, sa respiration était erratique. Elle s’était redressé en sursaut et tapotait sa poitrine. Son corps était couvert d’une fine couche de sueur. Pendant un moment, elle fut déboussolée, ne sachant pas où elle se trouvait. Quand elle eut retrouvé ses sens elle se calma, ramena ses genoux à sa poitrine et cacha sa tête au creux de celle-ci. Elle se sentait complètement démunie.
Les larmes coulaient sur ses joues rosées. Elle voulait vraiment retrouver la mémoire, c’était l’un de ses vœux les plus chers. Elle devait savoir de quelle façon elle était devenue ainsi. On lui a dit qu’elle s’était dépassée durant son entraînement toute seule, et lorsqu’elle voulait surpasser son propre record, elle s’était surestimée à cause de la pression de sa famille, le résultat étant le mauvais retour de son énergie ce qui avait brisé tous ses méridiens. Au fond d’elle-même, Esra croyait qu’il y avait quelque chose de plus profond derrière son accident. Elle avait même songé à ce que ça ne soit pas un accident. Bien sûr toutes ces pensées n’ont jamais été dites à voix haute. Sinon, elle serait prise pour une folle. Alors elle s’était enfermée de peur. Elle ne savait pas quoi faire. Elle repensait au premier souvenirs qu’elle avait eu en se réveillant.
Elle se redressait contre un arbre. Quand elle voulait se relever, elle tombait de douleur. Esra ne reconnaissait pas le paysage. Rien ne lui revenait. Elle fronça les sourcils et se mordit la lèvre de stress. En baissant les yeux sur sa jambe, elle vit qu’elle était en sang. Ses vêtements étaient tous déchirés et imprégnés de sang et de pluie. D’un coup, la douleur l’assaillit, elle était beaucoup trop effrayée de ne se rappeler de rien qu’elle avait fait fit de toute sa douleur.
Son corps était douloureux, elle avait du mal à respirer. Des larmes s'amassèrent au coin de ses yeux. Elle s'empêchait de crier. Elle ne pouvait pas s’être blessée toute seule, elle ne voulait pas imaginer si son assaillant était encore dans les parages. Elle essayait de se rappeler de comment elle était arrivée dans cette situation. Mais plus Esra essayait, plus elle paniquait. Rien ne lui venait.
— Tu ne te rappelleras de rien, ma chère disciple. Tu le sauras bien assez tôt.
Elle sursauta et essaya de regarder d’où venait la voix.
— Laisse-moi te soigner.
Soudainement, une chaleur se faisait sentir sur sa poitrine. Et devant elle, une silhouette apparaissait la laissant bouché-bée. Elle essaya de reculer mais dès qu’il s’approcha et toucha son épaule pour la rassurer, elle se sentit bizarrement à l’aise. Les yeux de l’homme brillaient d’une émotion complexe. Il y avait un soupçon de soulagement et un peu de tendresse. Esra détourna son regard désemparée par ce qu’elle croyait avoir vu. Elle déglutissait et n’osait plus tourner son regard vers lui. En fixant le vide, elle finit par remarquer qu’il n’avait toujours rien fait et qu’elle souffrait toujours.
— Vous avez dit que vous alliez me soigner?
Il hocha la tête et soupira.
— Comment vous appelez-vous?
Le silence et l’absence de discussion commençait à être gênant pour elle et assez ennuyeux. Elle voulait entamer une conversation pour alléger son ennui et sa peur. De toute façon, dans les environs il ne semblait y avoir qu’elle et lui. Par d’étrange circonstance l’homme semblait être sorti de son pendentif de jade, elle voulait en savoir plus sur lui puisqu’il la connaissait d’après son regard. Il mettait un temps pour répondre.
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