Pellier Valérie La jeune fille et le soldat La Rencontre

La Rencontre

Il était une fois, dans un grand et magnifique château, une princesse timide, possédant une grande gentillesse. Ses parents, le roi et la reine aimés de tous, gouvernés d'une main-forte et juste. Chacun donnait de sa personne, afin d'améliorer ou de défendre le royaume. Cependant, ils étaient impuissants face aux invisibles, qui attaquaient sans répit et tous les jours, les murs de leur forteresse. Tout du moins, c'était ainsi que je me le racontais. Bien évidemment, il en était tout autrement !

Pour commencer, nous ne vivions pas dans un conte de fées et nous ne vivions guère dans un château... Pas encore !

Un beau matin, en plein petit déjeuner, ma mère reçu un appel téléphonique, l'informant d'une nouvelle succession. Elle reçut en héritage une énorme somme d'argent, où nous nous étions empressés d'acheter et d'emménager dans un gigantesque domaine. Fraîchement acquit, nous l'avions nommé " Les 1000 lucioles". Une idée inspirée par la fontaine construite au centre même du domaine et habitée par des centaines de ces insectes. Selon mon père, au fil des siècles, ces lucioles avaient fait de ces terres leur maison et c'était répandu de partout, apportant un peu de magie et de mystère dans un monde devenu trop grand pour de si petites choses.


À l'intérieur, on y trouvait une grande forêt de chêne, de grands jardins non entretenues, un mini labyrinthe devenu un mini champ pourri, une piscine hyper crade et éparpillés un peu de partout, tels de petits cailloux sur une plage de sable fin, quelques ruines appartenant à une ancienne vie. Parmi les moins délabrés, on y retrouvait la majestueuse fontaine, le puits aux grenouilles, la rivière aux papillons, le clocher aux épines et le ponton aux fantômes. Des appellations inventés par moi-même, essayant de rendre vivant ce qui paraissait sans le moindre doute, mort. Par exemple, le côté "fantômes" pour l'embarcadère m'était apparu tellement évident, lorsqu'à la nuit tombée, une brume épaisse s'emparait du lieu, laissant l'imagination baigner dans un suspens d'épouvante. Dans aucun cas, je m'y risquais à m'y promener pendant la nuit...

En attendant, nous vivions dans une petite cabane de chasse, qui ressemblait trait-portrait à notre ancienne maison de campagne. Elle possédait tout ce qu'il fallait et bien plus encore !


Nous étions les nouveaux riches arrivés tout fraîchement de la région parisienne. Cette nouvelle vie m'avait beaucoup affecté, c'était du moins l'excuse de mes parents à mon nouveau comportement, qu'il ne comprenait pas. De nature pleine de vie, je m'étais renfermée sur moi-même, privilégiant la solitude aux soirées mondaines de la haute société. Mes notes avaient cruellement chuté et je dus m'habituer au soleil du sud, qui semblait s'amuser à me griller la peau ! Par moments, j'aurais aimé avoir une amie avec qui passer du temps, mais les élèves de mon nouvel établissement, m'avait bien fait comprendre qu'il ne souhaitait pas d'une petite nouvelle dans leur rang. Il n'avait fallu que 3 mois pour me tuer socialement. Le premier mois avait servi d'ouverture, où ils avaient commencé par de petites taquineries et des blagues humiliantes. Le deuxième mois avait accueilli les insultes et quelques attaques physiques dans les couloirs, mais toujours assez discrète pour qu'aucun professeur ne le remarque. Pour finir, le troisième mois mit en place l'ignorance sociale. Un sort que je préférais à tous les autres, mais qui me tuait à petit feu. L'idée de m'insérer et de finir comme tous ces sales gosses de riche, ne me plaisait pas du tout. La véritable question que je me posais c'était “quel avenir je souhaitais pour moi ?”


Six mois plus tard, j'avais commencé à développer des aptitudes de survie en société. Je me faisais discrète, me rendant physiquement banale, me cachant dans les fonds de salle ou dans les recoins les plus sombres. Même ma voix avait pris le pli et avait diminué le son de ces mots. J'en regrettais notre ancienne maison à la campagne, loin de tout...

La seule chose qui me sortait de ma solitude écrasante et de la folie, était mes histoires sans fin. Je me plaisais à vagabonder dans mon imaginaire, à me construire de nouveaux mondes et à m'inventer de faux-amis. Ils étaient toujours mieux que tout le reste !


- Valia ! Debout ! Dépêche-toi ! Vivement les domestiques, peut-être qu’avec elles, tu te lèveras au premier son de ton réveil ! Allez, debout !


Valia, prénom unique qui sonnait "joliment" aux oreilles perfides des gens fortunés. Personne ne le prononçait, sauf ma mère, lors de ses humeurs fragiles. Autrement, ils me nommaient tous, sans exception, "Alie". Elle me sortit de mon lit, d'une énergie qu'elle aimait employer pour me contraindre à réaliser une tâche, que j’hésitais à exercer. Elle voulait également s'assurer que je la réalise parfaitement, car c'était là le maître-mot, de ce à quoi ma personnalité devait ressembler durant les prochaines vingt-quatre heures. En effet, ma nouvelle école avait organisé une cérémonie, où chaque élève de ma classe devait y réaliser un exposé oral. On devait y parler de notre famille, de notre maison, vanter nos parents sur leur métier en y racontant ce qu'ils gagnaient et prononcer un discours futur sur notre avenir, lors de la succession de nos parents. Le gagnant du meilleur exposé recevait un coupon "tout achat gratuit" valable dans toutes les boutiques de la ville et ceux pendant un an. Dans les coulisses, cette victoire permettait, également, d'assouvir et d'agrandir la notoriété de la toute la famille. Toutes les opportunités leur étaient prioritaires, toutes les portes leur étaient ouvertes et tous leurs désirs leur était accordé dans la minute qui suivait. Au yeux de mes parents, il s'agissait du Graal à ne pas louper !


Qui disait événement important, disait garde robe irréprochable ! C'est pourquoi, elle m'avait préparé un ensemble, exprès, pour l'occasion. Il s'agissait d'une jupe et d'un blason écossais, de couleur rose et vert, où un collant blanc venait s'y ajouter, m'apportant une élégance intemporelle (selon ses dires...). J'aurais préféré porter mon habituel jean bleu, avec mon sweat à capuche gris foncé, où une ampoule y était dessiné dans le dos, mais le simple fait d'en avoir soulevé l'idée, lui donna un haut-le-cœur, qu'elle s'empressa de chasser en me mettant des bijoux doré et m'obligeant à enfiler des chaussures à talons. Lorsque j'eus le droit de m'observer à travers le miroir, j'avais la très nette sensation de participer à une soirée déguisée. Je pouvais sentir mon âme avait honte de ce que je faisais subir à mes yeux... Affronter le monde de cette façon, n'allait que me tuer plus rapidement, néanmoins, il y avait une chose pour laquelle j'étais plus ou moins confiante. Mon exposé était très bien travaillé, où je m'étais surprise d'avoir autant d'idées pour le futur du domaine des 1000 lucioles !

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