Fyctia
Chapitre 2
Je recoiffais distraitement mes cheveux tout en regardant autour de moi.
J'observais la foule qui s'éclaircissait au fil des minutes. Des retrouvailles, des départs, au bout du compte j'étais la seule immobile devant ces fourmies qui s'activaient.
Je regardais mon téléphone, éprouvant une réticence à l'ouvrir, puis tapais un message rapide à Alienor.
"Je suis arrivée à la gare, assise devant le quais"
Quelques secondes plus tard, j'entendis avec distinction un bip sonore a côté de moi, je tournais la tête avec curiosité, et vis une femme maquillée et habillée avec classe. Elle semblait soucieuse et ses mains tremblaient alors qu'elle tapait fébrilement sur son portable haut de gamme.
Elle rangea ensuite son téléphone et scruta les environ, je baissais la tête au moment où son regard bleu se posa sur moi, surprise par une vibration dans ma poche. Je sortis mon portable et vis un message de ma mère s'afficher.
"Je suis aussi sur le quais, fais moi signe"
Je levais la tête vers la femme qui regardait autour d'elle intensément, ses cheveux roux et bouclés s'agitant à chaque mouvement comme des flammes. Sa peau était pâle et sa bouche écarlate, son nez mutin était constellé de tâches de rousseurs.
Elle se tordait les mains dans une belle robe verte aux bordures brillantes d'arabesques dorées.
Je soupirais et me levais, la femme sursauta et me fixa, je fis de même, la toisant de mon seul oeil.
- Alienor.
Elle écarquilla les yeux et se redressa en vitesse, le tissu légé de sa robe flottait derrière elle, des larmes perlèrent au coin de ses yeux.
- Elerina ! S'exclama-t-ell d'une voix au timbre doux.
Elle me pris dans ses bras, m'étouffant dans une étreinte dont je restais figée, bras ballants, inspirant son odeur fleurie.
Elle m'écarta, les larmes ruisselant de ses joues rougies, et m'observa intensément.
- Bienvenue à Bresyrick ma cherie.
Gênée, je recalais la lanière de mon sac sur mon épaule, lassant tomber une mèche de cheveux sur mon oeil valide.
Alienor sembla alors remarquer le cache dont j'étais pourvue, elle eut un tressaillement, de honte ou de chagrin, ça je ne le savais pas, mais je me refermais sur moi-même en baissant la tête.
Je me fichais du regard des gens, mais lorsque ma mère me regardait ainsi, je ne pouvait que ressentir de la culpabilité pour attirer autant les regards sur nous.
- Bon, si on y allait ! Fit-elle avec une voix tendue, tu dois avoir faim et il faut un peut de temps pour rejoindre la Lande !
Je l'interrogeais du regard mais elle ne me répondit qu'avec un petit sourire mystérieux.
Elle saisit ma valise avec autorité, me défiant de faire quelques remarques, mais je ne pus m'empêcher de lui dire :
- Tu sais, je peux la porter toute seule.
Je vis ses mains blanchir et ses yeux s'embuer de larmes, je levais les mains en signe de réddition et la suivis hors de la gare sans un mot de plus.
Je scrutais les voitures sur le parking, une en particulier attira mon attention.
Un énorme hummer noir et rutilant me faisait de l'oeil, mon coeur battait à tout rompre au fur et à mesure qu'on s'en approchait...avant de s'arrêter brutalement alors qu'on le dépassait et que l'on se retrouvait devant une Renault Mégane verte datant sûrement de l'âge de pierre.
Ma mère ouvrit le coffre avec difficulté, de la peinture s'éffritait à chaque fois que je la touchais, je décidais donc de m'abstenir et mis mes mains dans mes poches, regardant ma mère galérer avec ma valise.
Elle leva les yeux vers moi mais ne dit rien, elle avait voulu prendre ma valise, elle assumait.
J'ouvris la portière passager, m'étonnant qu'elle ne me reste pas dans les mains, et m'installais confortablement - si dans un endroit aussi exigus, c'était possible - et posais mon sac sur mes genoux.
Alienor ne tarda pas à revenir, me lançant un coup d'oeil en s'asseyant.
Je me contentais de l'ignorer, calant ma tête sur la vitre en soufflant.
Quand elle mit en route sa machine infernale, je m'agripais à la poignée au dessus de moi.
- J'espère qu'elle est assurée ta bagnole, ronchonnais-je alors qu'elle zigzagait entre les voitures avec un calme qui m'impressionnait.
Malgré le bruit tonitruant du moteur, Alienor tourna la tête vers moi avec une expression outrée.
- Bien sûr qu'elle l'est ! S'exclama-t-elle.
Je me retins de lui hurler de regarder la route, mon coeur loupa quelque battement lorsqu'elle quitta le goudron de la nationale pour s'engager sur un chemin accidenté.
Mes jointures devinrent blanches à force de serrer la poignée, j'avais le coeur au bord des lèvres, et la chaleur n'arrangeait pas mon état...Mais bon sang ! Comment se faisait-il qu'il fasse aussi chaud en Bretagne !
- Ne t'en fait pas, c'est juste l'affaire d'une petite heure, me fit ma mère avec un sourire sadique.
Ce fut à mon tour de prendre un air choqué.
Je ne remontrais plus jamais dans cette voiture, me répètais-je pendant une heure au moins, j'étais tellement ballottée pendant le voyage que je ne m'étais pas préoccupé du paysage et de la présence de ma...mère...concentrée à ne pas restituer le contenu de mon estomac torturé.
A plusieurs reprises, j'avais bien cru que nous allions percuter un arbre, apparut sur la route comme par magie, mais à chaque fois ma mère donnait de brusques coup de volant pour les éviter...de justesse.
Je sentais encore la sueur couler le long de mon dos tandis que nous nous engagions sur une route nettement plus accueillante.
Je regardais la route avec suspicion, aucun arbre à l'horizon, et me détendis en n'en voyant aucun pousser sur l'épaisse route goudronnée.
- Tout va bien ma...puce ? Me demanda Alienor pour la centième fois au moins.
Je hochais la tête, je ne savais pas si elle me demandais ça à cause de mon teint livide ou en général, dans ma vie.
J'avais envie de lui répondre que si elle avait voulu le savoir, elle ne serait pas partie.
Je ne dis rien, autant pour la promesse que j'avais faite à mon père - Une des nombreuses - que parce que je m'en fichais un peut au fond.
Je risquais un petit coup d'oeil sur le côté, tombant sur le profil mutin de ma...mère.
Elle avait l'air d'une fée sortie tout droit d'un conte pour enfant, pour conduire, elle avait relevé ses longs cheveux indisciplinés en queue de cheval qui mettrait en valeur son beau regard émeraude.
Elle iradiait et semblait réellement heureuse, même si quelque chose dans son attitude me paraissait étrange...je ne parvins cependant pas à savoir quoi.
Mon regard se porta enfin sur la route, j'eu le souffle coupé par le paysage qui s'étendait devant moi.
4 commentaires
Valkyria32
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Il y a 8 ans
Manon Kaljar
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Il y a 8 ans
Valkyria32
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Il y a 8 ans
LexaReverse
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Il y a 8 ans