Fyctia
Chapitre 8.2 & 9
Si je compte sur ma théorie, qui date de quelque temps déjà, personne, à part moi, ne peut la voir et encore moins y entrer. Cet endroit est mon salut. Dieu merci. Je continue la discussion, l’air de rien :
- Oui eh bien, figure-toi que dix mille dollars réduits en poussière font plus mal qu’un bras dans le plâtre ! Et ces humains t’emmerdent ! Si t’es pas content, tu n’as qu’a retourné sur Arka truc !
Ma phrase semble le faire tiquer puisqu’il me fixe, surpris.
- Tu connais Arkania ?
- Humpf…, je grogne, énervée, non, uniquement de nom.
- Hum… mais, tu ne sais pas ce que tu es, je me trompe ?
- Bien sûr que si ! Je suis Angela, étudiante en deuxième année d’architecture à San Francisco !
- Et l’Oracle de San Francisco à mi-temps ?
J’arrête ma tirade et le regarde, interdite. Personne ne connait mon identité à part Astrid et Élise et maman. Comment ce petit prétentieux au regard suffisant connait-il mon identité ?
- Qui te l’as dit ?
- Hum, ta collègue de voyance.
- Astrid ? demandais-je étonnée.
- Elle-même.
Remarquant mes yeux plissez et mon visage figer dans le doute et l’incompréhension, il se rectifie :
- Bon je l’avoue, je vous ai espionné. C’est là que j’ai découvert ton petit boulot secret qui doit te rapporter un sacré paquet de fric si je me fie à mes calculs…
Je souffle d’agacement et croise les bras sur ma poitrine, qu’il ne tarde pas à fixer. Je claque des doigts et son regard remonte sur mes lèvres puis s’arrête finalement sur mes pupilles. Je dois être aussi rouge qu’une tomate.
- Bon, assez parler, qu’est-ce que tu me veux ?
- Je suis en mission princesse, et je…
- Ne m’appelle pas princesse, le coupais-je durement.
- Très bien poupée, je disais donc, enchaine-t-il tandis que je souffle bruyamment, Je suis ici en mission pour venir chercher une âme égarée dans le monde des mortels et Ô surprise, c’est toi !
Son petit discours à l’air de fortement l’amusé si j’en crois le sourire qui trône sur son incorrigible visage.
- Quel dommage que tu doives repartir sans le paquet ! lançais-je en lui faisant un adieu de la main.
- Poupée chérie, si tu ne viens pas, tu risques bien pire que l’accident que je t’ai fait subir hier soir…
- Arghhh, arrête de m’appeler comme ça !
- Très bien, comment dois-je t’appeler, madame ronchon ?
L’audace avec laquelle il me répond me sidère et ma haine augmente chaque minute, au même niveau que mon envie de sourire…
- Simplement Angela, soufflais-je en espérant qu’il cesse de se comporter comme un enfant.
- Je t’appellerais Ella…
- Non ce n’est pas… laisse tomber, finissais-je par murmurer, résolue, pourquoi avoir voulu me tuer ?
- Hum… juste pour vérifier tes capacités à te régénérer. Impressionnante, en passant.
Je hausse un sourcil et mon regard doit être empli d’une incompréhension générale au vu de l’expression de son visage.
- Tu es un connard.
Je profite de son air surpris pour me faufiler sur sa gauche, mais je n’ai pas le temps de crier victoire qu’il se retourne vivement et m’attrape la jambe, ce qui me ratatine par terre. Super maintenant, en plus du coude, je saigne du nez. Je me mets sur le dos et l’observe au-dessus de moi. Position très dérangeante au passage. Il est lourd en plus. Je le pousse et m’aide de la roche pour me relever. Sans demander mon reste, je marche lentement jusqu’à la grotte et le vois m’observer en me suivant. Pitié faite qu’il ne peut pas y entrer.
Je passe l’entrer et pars m’allonger sur le banc blanc en me tenant le nez. Génial, maintenant les pierres blanches seront tachées de mon sang rouge dégueulasse. Et c’est en regardant mon sang attentivement que je constate que ce dernier n’est pas uniquement rouge. Des paillettes d’or se promènent par-ci par-là.
- Qu’est-ce que…
- Surprise ! s’amuse-t-il en secouant ses mains d’un air joyeux.
Chapitre 9
Je le fixe sans répondre à sa provocation. J’attends qu’il entre dans ma grotte. Mais ce moment ne vient pas. Je croise mentalement les doigts pour que ma théorie tienne debout. Je me détourne et fixe de nouveau mon sang. Bordel de merde. Du sang or. Des putains de filaments d’or coulent parmi mes globules rouges.
Je finis par m’allonge sur le dos afin de stopper cette hémorragie qui sort de mon nez, et me remettre de mes émotions. Je ferme les yeux pour oublier la douleur et m’isole mentalement de cette vie de merde.
- Tu fermes les yeux pour m’ignorer ? Ou pour éviter de regarder en face le problème ? me demande-t-il, toujours devant l’entrée de la cavité.
C’est dingue cette manière si innocente qu’il a de poser des questions énervantes aux personnes énervées. En ayant les yeux clos, je réponds :
- Et toi tu attends le déluge, ou ma permission pour entrer dans cette foutue grotte ?
J’ouvre les paupières et le regarde m’observer, cet air amuser toujours collé au visage.
- Je pense que tu as déjà ta réponse, mais que tu veux une confirmation de ma part… alors oui, chaque personne inconnue à cette grotte doit demander la permission à la propriétaire d’entrer.
- Comment fais-tu pour savoir ce que je pense ?
- Des années d’entrainements sur l’étude des comportements humains… annonce-t-il, lasse.
Je reste impressionnée même si je ne le montre pas et je suis satisfaite de la réponse positive à ma théorie loufoque.
- Bien, maintenant, j’aimerais que tu répondes à certaines de mes questions.
Il hoche la tête et s’assoit à l’entrée de la grotte, d’un air désinvolte.
- Non, en fait, dis-moi juste ce que tu sais, je saurais déceler le vrai du faux.
- Bien, répond-il calmement.
- Bien, lui retournais-je pour avoir le dernier mot.
Il hausse un sourcil et sourit, amusé par mon comportement.
- Ta mère est…
- Ce n’est pas ma mère, le coupais-je, les yeux dans le vague.
Il me fixe quelques instants :
- Ne me coupe pas. Je hoche la tête et il continue, Elena, ta mère, avait pour mission de te protéger, de te chérir et de t’aimer comme sa propre fille.
Je respire fortement comme pour me donner du courage avant d’entendre la suite de son récit.
- Elle t’expliquera mieux que moi sa mission et qui était tes vrais parents, mais ce que je sais, c’est que ton origine est inconnue. Enfin, la moitié de ton sang.
- La moitié ?
- Hum. Ta mère est d’origine inconnue. Ton père, lui, était un contrôleur du temps, il a été retrouvé le cœur arraché et éventré, au pied d’un des portails Arkanien, il s’interrompt en remarquant mon air de dégoût et de tristesse, Désolé, c’était un peu brusque.
Je hoche la tête tandis que mon regard se voile. L’annonce est rude.
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