K.C Sankr La fuite Retrouvailles

Retrouvailles

- Loïc -

— Mec sérieux qu’est ce que tu fous ? J’essaie de lui retirer le téléphone qui ne lâche pas depuis qu’on est arrivés.

— Un dernier message ok.

— C’est la centième fois que tu me dis ça, range ce portable et concentre-toi sur tes potes, tu vas passer le reste de ta vie avec cette femme, tu peux bien respirer pendant deux heures.

— Je ne respire qu’à travers ces baisers, me répond Marcus en jouant des sourcils.

— t’es perdu mec, je peux plus rien pour toi. On explose de rire ensemble, j’arrive à lui retirer son téléphone et le planque dans la poche de ma veste.

— Tu verras quand ce sera ton tour, je me foutrai de toi aussi, je te torturerai comme tu es en train de le faire.

— Y a pas de risque, je suis pas dispo pour ça.

— Et Emma ?

— On ne parle pas des choses qui fâchent ce soir !

— Ouais, je sais pas qui est celle qui t’a bousillé, mais je n’aime pas ce que je vois.

— Personne ne m’a bousillé, je ne suis pas fait pour ces trucs de couples et d’amour. Ajouté-je en levant les yeux au ciel.

En réalité, il n’a pas tort, mais comment lui dire, à lui, qui est responsable, puisqu’il y est intimement lié ? J’ai pris mon parti, je profite de la vie, plus question de m’attacher à qui que ce soit.

— Qui doit arriver encore ?

— Les mecs du club, Laurent aussi, je crois qu’il est missionné par ta femme pour nous surveiller et quelques potes du boulot.

Marcus se frotte les mains,

— Bien, bien, on va s’éclater. Bonne idée ce coin. T’as tout sous la main, le bar, la piste de danse, le karaoké, tout ce que j’aime.

J’acquiesce, j’étais sûr de taper juste.

— Ma mère m’a dit qu’elle me réservait une surprise, tu sais de quoi il s’agit ?

— Nan, elle m’a prévenu par un « Vous saurez quand vous verrez » sans donner aucun détail, . T’as même pas une idée ?

Il fait non de la tête

— Elle était bizarre quand elle m’en a parlé. Elle n’avait pas l’air très sûre d’elle.

Laurent arrive en premier. Il a toujours un peu de mal à s’intégrer. Comme à son habitude il s’assoit à deux places de nous. Marcus secoue la tête, il a tenté si souvent des rapprochements qu’il est déçu de ne pas développer une meilleure relation avec son futur beau-frère.

Un groupe de mecs entre et se retourne en sifflant. Les boulets sérieux. Je ne sais pas quand une femme s’est dit, ah ouais des gars me sifflent alors je vais m’arrêter et faire connaissance. Malgré tout, je tourne la tête pour découvrir l’objet de leurs envies et je me fige.

Je la reconnais à peine. Elle a grandi, ses cheveux ont tellement poussé, mais pas que, ces courbes là, elle ne les avait pas.

Elle s’approche de nous et pose ses mains fines et parfaitement manucurées sur les yeux de mon pote qui ne l’a pas vu arriver.

— Heu désolée ma jolie, mais je me marie demain, si tu cherches un gars, c’est pas ici.

— J’ai trouvé mon gars, et je compte bien assister à son mariage.

Je le vois se raidir, ça sent pas bon. Il saisit les mains qui lui cachent les yeux, mais ne les ôte pas.

— Pas content de voir ta petite sœur. Dis quelque chose Doudou.

— T’es sérieuse ? Tu disparais de ma vie pendant 5 ans, tu reviens comme une fleur et je devrais te sauter dans les bras.

Il lui hurle sans se retourner. Il tremble, de colère ou d’émotions, je n’arrive pas à savoir.

— Pas sûre que ce soit une bonne idée que tu me sautes dans les bras, j’ai encore grandi, mais je suis toujours ta minus.

La tentative de désamorçage de Charlotte tombe à l’eau quand Marcus se lève, il en renverse son siège puis se dirige vers la sortie sans même lui jeter un regard.

— Mince, dit-elle avec un nouvel accent qui lui va bien.

— tu pensais quoi ? lui balancé-je. Tu nous as plantés du jour au lendemain, les rares nouvelles on les avait par ta mère, tu nous as rayés de ta vie et on devrait t’accueillir sans rien dire ?

En réalité je n’ai qu’une envie c’est de lui ouvrir les bras, lui hurler que je suis trop heureux de la retrouver, mais solidarité masculine oblige, le pote avant les meufs. Je suis team Marcus avant tout.

Je la vois faire demi-tour et prendre le même chemin que son frère.

— Ttu pars ? Je demande inquiet.

— Non, non, je vais lui parler, je lui dois des excuses, je vous en dois à tous je sais, je suis vraiment désolée Loïc, ajoute-t-elle en baissant les yeux.

— Laisse j’y vais, je vais essayer de le calmer. Ne disparais pas s’il te plaît.

Cela ressemble à une supplique, et c’en est une. Je ne veux pas qu’elle parte, je suis en colère, mais je suis heureux de la voir aussi. Je me pose tant de questions depuis cinq ans, j’espère qu’elle me racontera.

Elle hoche la tête.

— OK, je vais m’asseoir un peu plus loin.

Je m’en vais rejoindre Marcus et remarque Charlotte installée à côté de Laurent qui commence à lui parler. Il sait donc communiquer.

Je repère les gars de l’équipe qui entourent le futur marié. Ça me rassure de le retrouver sur le parking, j’ai eu peur qu’il soit parti. Il a le visage fermé et les yeux brillants. Je lui tape sur l’épaule et lui demande si ça va.

— Pourquoi ça n’irait pas, se marre Xavier, il épouse le plus beau canon et intelligent en plus, s’il a des doutes, je veux bien prendre sa place !

— Fais gaffe à ce que tu dis grogne Marcus.

— Minus est revenue, elle est dans le bar.

Tous s’esclaffent, s’étonnent, le brouhaha augmente.

— Merde, t’es sérieux ? Elle va bien ? Ça fait quoi trois ou quatre ans déjà non ?

— Cinq. Je sais pas, je ne lui ai pas demandé je suis sorti.

— Ça fait cinq ans que tu pleures ta sœur, elle est ici et tu ne lui as pas parlé ?

Xavier a toujours été cash et je le remercie mentalement de m’ouvrir la voie.

— Il a raison Marcus, je rajoute, laisse-lui au moins l’occasion de s’expliquer. Elle est revenue pour toi, pour ton mariage, quels que soient les motifs de sa fuite, aujourd'hui elle est là.

Je vois dans son regard que nos mots font leur chemin. Il secoue la tête, ses pensées luttent contre sa colère. Quand il souffle, je sais qu’il cède. Je l’attrape par les épaules et lui glisse à l’oreille.

— Donne-lui sa chance. Je suis avec toi.

Je prie pour que cela se passe bien parce que moi aussi j’aimerais avoir l’occasion d’entendre ses explications.

Alors qu’on retourne vers le bar j’entends Laurent s’adresser à Charlotte

— La surprise n’a pas l’air de lui plaire

— Fallait bien s’en douter, même si j’espérais qu’il en soit autrement, je n’ai que ce que je mérite.

Laurent pose sa main sur son avant-bras en signe de réconfort, rien d’inconvenant, pourtant je me crispe.

— Je suis sûre qu’il te pardonnera, je suis un grand frère moi aussi, je comprends ce qu’il peut ressentir, mais il ne pourra pas rester fâché très longtemps. C’est un bon gars.

— Comme j’aimerais que tu aies raison, Marcus est plutôt de têtu.

— Et c’est toi qui dit ça ? Balance son frère.

Laurent quitte son siège pour les laisser seuls, bien que j’ai très envie de suivre cette conversation je pars rejoindre le groupe.

Après de longues minutes d’échanges animés, Charlotte regarde dans notre direction. Mon cœur rate un battement il y a une telle détresse dans ses yeux.


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