Fyctia
Septembre 2018 - Nathalie
Une semaine passa avant que je sois autorisée à sortir de ma chambre pour aller à nouveau avec les autres patients et surtout, me rendre dans le petit jardin respirer l’air frais du matin. On a beau être au début du mois de septembre, nous sommes toujours en période de canicule. Un record depuis des dizaines d’années. Je n’ai passé que deux jours en chambre d’isolement mais cela m’a paru durer une éternité. Depuis cet épisode, mon nombre de consultation avec le psychiatre du service est passé à une séance tous les trois jours, à des rendez-vous quotidien.
Je me prépare à me rendre au bureau du Dr Lebrun. J’avoue ne pas trop l’aimé puisque c’est suite à son passage quand j’étais en réanimation qu’il a convaincu ma famille de m’interner. Du coup, nos échanges pendant les consultations sont très froids , voir glaciales. J’ai demandé à de multiples reprises de changer de médecin mais aucune réponse positive pour le moment.
Je m’installe sur une chaise en face de son bureau. Mes jambes veulent prendre la fuite. Or si je veux sortir de cet asile de fou, je dois me tenir correctement. Mon psychiatre ouvre la porte et m’invite à rentrer. C’est une petite pièce blanche avec quelques tableaux très étranges représentant diverses pathologies psychiatriques. Je m’installe dans le petit canapé près de la fenêtre tandis qu’il s’assoit sur une chaise juste en face. Non, il n’y a pas de bureau ni quoique ce soit d’autre.
– Comment vas-tu aujourd’hui Nathalie ?
– Comme d’habitude. J’ai l’impression que plus je passe du temps ici et plus je deviens folle, je réponds tout en regardant par la fenêtre.
– As-tu des souvenirs qui remontent ?
– Non, toujours pas. D’ailleurs, vous l’avez contacté ?
– Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée, Nathalie. Tu as tout de même essayé de le tuer.
– Ça, vous ne pouvez pas le prouver, je lui répond sèchement. Je sais qu’il peut m’aider à me remémorer ces derniers mois, même je ne me souviens de rien en ce qui le concerne.
– Et que fais-tu si tu as à nouveau des délires paranoïaques ?
– C’est pas votre job de gérer mes folies ? Je rétorque d’agacement. Et puis, il faut mieux que ça arrive ici plutôt que dehors, non ?
Franchement, ne faut-il pas mettre l’objet de la tentation ou de l’addiction pour voir si une personne est soignée ? D’un côté, si je me met à débloquer, au moins j’aurai une certaine preuve. Mais j’en doute fortement.
Le Dr Lebrun se lève et sort de sa poche une enveloppe qui a déjà été ouverte. Sûrement par lui-même. Il me la tend en me mettant en garde sur la possibilité de réapparition de mes délires paranoïaques. Je l’ouvre en priant que ce soit une réponse positive de Baptiste.
Baptiste.
Ce nom me paraît entièrement étranger. Pourtant quelque chose en moi se produit à chaque fois que je prononce son prénom.
– Je pense qu’il serait préférable de l’ouvrir pendant notre consultation.
– Parce que vous avez peur que je pète un câble ? je rigole devant son air inquiet.
Je prends une grande bouffée d’air avant de retirer le papier de l’enveloppe d’une main tremblante. Et si il refuse de venir ? Comment je vais faire pour essayer de me souvenir ce qu’il s’est passé depuis huit mois ? Et s’il accepte ? Comment notre rencontre va se passer ? Je ne l’avouerai jamais mais je sais que mon psychiatre à entièrement raison. Baptiste peut être le déclencheur d’un nouveau délire. Et que se passera-t-il après ? Pleine d’angoisse et d’interrogation, je commence à lire sa lettre.
« Nathalie,
Ça fait maintenant plusieurs semaines que j’essais d’écrire une réponse à ta demande. J’avoue que je ne savais pas quoi faire après ce qu’on a vécu tout les deux durant ces derniers mois. J’ai alors contacté de nombreuses personnes et toutes avaient des avis différents si je devais, ou non, te rendre visite.
Alors je me suis dit que pour toi et pour notre histoire, je devais au moins essayer de t’aider à te souvenir. Et peut-être, avoir aussi des réponses à mon tour.
Je viendrais te voir mais je ne sais pas encore la date exactement.
Baptiste »
Il va venir. Je n’en reviens pas. Il va venir !
Sans m’en rendre compte, je respire à nouveau et l’ensemble de mes muscles se détendent. Voilà maintenant presque un mois que j’attendais sa réponse. Je quitte le bureau de consultation pleine d’espérance. Pour la première fois depuis un mois, il y a une lueur d’espoir pour que je découvre mon passé et la vérité. Cependant, un doute persiste encore. Et si il décide de changer d’avis ? Après tout, j’ai tout de même essayer de le tuer.
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Lollly
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Mellaudy
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Il y a 6 ans