Fyctia
Coup Double
Lidy essaye de comprendre, mais n'en revient toujours pas d'entendre une telle nouvelle. Elle se souvient de son dernier passage chez Mélusine, pas franchement gai d’ailleurs, mais elle n'aurait jamais imaginé que sa mère la méprisait autant.
—C’est hallucinant … J’ai l’impression d’être dans un film, lance Lidy complètement abasourdie par ce récit.
— Cela fait plusieurs mois déjà que je soupçonne ma mère de faire des choses bizarres dans son bureau. Elle y passe des heures entières et en ressort complètement fatiguée. Elle nous a toujours défendu d'entrer, que ça soit moi ou mes sœurs. Je crois que c’est un vrai sortilège qu’elle m’a lancé, répond Mélusine.
— Je me souviens, avant mon départ, je t'ai offert un almanach de sorcière. Il y avait des incantations de toutes sortes, me semble-t-il et à la fin du livre, il y parlait de sorts avec une histoire d'animaux. Tu l'as toujours ?
Lidy n’a pas le temps de terminer sa phrase que Mélusine se précipite vers un de ses sacs de sport. Elle l’ouvre, fouille, saisit le livre et revient près de Lidy essoufflée. Elle survole les pages à toute vitesse.
Bingo ! Elle tombe sur une page où un verset parle des animaux aquatiques et des animaux rampants. Une goutte de sueur glacée coule le long de son dos.
— Lili ! Oh mon dieu ! Ce n’est pas possible… regarde !
Mélusine n'a pas le temps de montrer ce qu'elle vient de trouver qu'elle sursaute. Son portable vient de vibrer dans sa poche. Un sms un vendredi soir, bizarre, personne ne la contacte ni à cette heure, ni ce jour-là habituellement. Elle déverrouille l’écran, regarde son amie horrifiée, le lit, tremble et déglutie.
— C'est ma mère… Elle m'avertit que pour contrer le maléfice, je dois trouver un homme, prêt à m'épouser et qu'il me fasse la promesse, de ne jamais chercher à me voir, ni à savoir ce que je fais tous les samedis. Que si on me surprend dans cet état, je ne retrouverais jamais ma forme humaine. Mais elle ne me dit pas en quoi je vais me changer.
Une porte claque. Les jeunes femmes sursautent. C’est Pascal qui vient d’arriver de courses.
— Tu nous as fait peur ! tressaillis Lidy.
— Et bien ce n’est que moi, on dirait que vous avez vu un fantôme qu’est-ce qui se passe ?
— C’est un peu long à expliquer, profitons du dîner pour te raconter cette affaire invraisemblable.
Lidy narre les tribulations de son amie et le pourquoi de sa présence. À la fin du repas, pour digérer toutes ces nouvelles, Pascal propose une petite infusion apaisante qu’il a lui-même préparée, un mélange de tilleul, valériane et son petit secret pour un sommeil réparateur : un soupçon de houblon. Il pose devant Lidy un mug avec une autre décoction.
— J’en ai déjà bu une tasse pendant le goûter. C’est bien une prise toutes les quatre heures ? D’ailleurs, je tiens à dire, elle a un drôle de goût râpeux en bouche. J’ai l’impression d’avoir une colonie de fourmis dans l’œsophage, dans le nez et les pieds, depuis tout à l’heure.
— Mais pourquoi tu l’as bu maintenant ? Sur Druidissimo, ils expliquent bien qu’il faut attendre 24h pour la boire afin d’éviter les effets secondaires aléatoires et ils peuvent devenir récurrents. Ils sont amplifiés lorsqu'on la boit les nuits de pleine lune. Catastrophe ! Il y en a justement une ce soir. Et puis, je n'avais pas assez de cannelle et comme j’ai lu que la poudre de corne de licorne, soi-disant, détruit les virus en moins de 2h, je me suis dit que ça serait plus efficace mais c’est un test donc je ne suis sûr de rien.
— En général, à chaque fois que tu regardes sur ce site, ça ne marche qu'une fois sur deux ou je suis juste barbouillée quelques heures, donc je ne vais pas craindre grand-chose. Remarque, peut-être me transformer en licorne, sait-on jamais.
Elle regarde son parrain d'un air plaisantin et ajoute en regardant son amie en guise de soutien :
— Au moins, tu vois, Mélusine, si son élixir fait un flop, tu ne seras pas toute seule avec un sort tout pourri.
Pascal se rue sur son ordinateur pour rechercher les effets indésirables avec l’espoir que cela ne déclenche pas quelque chose d’irréversible et trouver un antidote en cas de besoin.
Les jeunes femmes se retirent pour se retrouver entre copines, trouver un moyen fun pour oublier tout ce cinéma et espérer que ce ne soit qu’une mauvaise blague.
Elles entrent dans le lieu préféré de Lidy. Une grande salle que son parrain lui a spécialement rénovée dans une ambiance ultra flashy disco avec banquettes, mini bar, boule à facette et un parterre de danse à la “La fièvre du samedi soir”, une vraie mini discothèque.
Elle lui propose une soirée karaoké, un spécial ABBA, leur groupe préféré depuis qu’elles sont toutes petites. C’était, à l’époque, leur moment privilégié, une sorte d’échappatoire pour Mélusine. Lidy allume le vidéoprojecteur, frappe dans ses mains, instantanément la pièce s’assombrit et se colore immédiatement de bleu et rose. Les tubes s’enchaînent et la bonne humeur va bon train.
Soudain, les premières notes de " Dancing Queen " retentissent, leur chanson fétiche. Elles se lèvent toutes deux, trinquent en l’honneur de leurs retrouvailles, quelques pas de danse s’en suivent.
Brusquement, Mélusine s’effondre à terre. Son pantalon se déchire et laisse apparaître une énorme queue de serpent vert émeraude aux reflets dorés comme les sirènes. Epouvantées par cette scène, les filles se regardent et se figent. Lidy, paniquée, tente de trainer son amie près de la banquette, mais elle semble peser une tonne. Mélusine essaie de ramper jusqu’à la table pour récupérer son portable. Voyant son amie galérer comme ce n'est pas permis, elle court vers le téléphone de cette dernière, trébuche, tombe sur la banquette, saisit le cellulaire et regarde l’heure, 00h03 !
Elle se relève et au moment de se retourner pour prévenir Mélusine, patatras ! Ses jambes se dérobent, elle tombe à nouveau et brise la banquette en deux. Ses jambes se changent en postérieur de cheval, tel un centaure, avec un immense mal de crâne par-dessus le marché…
— Lulu, bon sang ta mère est dingue ce n’était pas une blague ! Et mon parrain a craqué avec ses plantes, c’est quoi ce délire ? J’ai trop mal au crâne en plus, qu’est-ce que j’ai ?!
— Lili… En fait, tu as une corne de licorne en plein milieu du front…
— Pascaaaaaal !!!!!!!!!!!! Hurle Lidy.
Il entre dans la salle, estomaqué face à cette scène rocambolesque et se perd dans toutes sortes d'omanotopées et autres billevesées.
Une salle de bain au rez-de-chaussée est en pleine rénovation. Pascal voit Mélusine commencer à manquer d’air… il a chiné un énorme fût de chêne customisé en baignoire, le week-end dernier. Il met un grand drap de lin dans le fond du bassin qu'il remplit d'eau, tandis que Mélusine rampe avec peine jusqu'à son bain. Pascal la hisse tant bien que mal, elle barbote à présent et respire mieux. Maintenant, passons à Lidy!
Je ne sais pas pour vous mais je sens que la nuit et ces prochaines 24h seront très cocasses.
5 commentaires
Cynthia Letourneur
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Il y a 4 ans
Karl Toyzic (Ktoyz)
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Il y a 5 ans
Micky'Nup
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Il y a 5 ans
Madame Split
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Il y a 5 ans
Micky'Nup
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Il y a 5 ans