Fyctia
Expériences
Depuis maintenant une journée suivie de quelques heures de la nuit, nous étions sur le chemin du Havre, laissant dans notre sillage l'incertitude d'être recherchés. Nous nous arrêtions que rarement pour reposer les chevaux et respirer un peu d'air frais.
Nos conversations se tournaient simplement vers le futur.
— Victor, vous pourriez travailler à mes côtés, annonça Pâris. Je peux vous offrir un emploi, vous garantissant un bon train de vie et des aventures enrichissantes.
— Je vous remercie et vous promets d'être à la hauteur de votre générosité ! Moi aussi, je souhaiterais formuler une proposition. Elle s'adresse à vous Louise. J'aimerais vous fournir un foyer et du confort.
— C'est une demande en mariage ? s'étonna-t-elle. Je suis touchée mon ami, mais je refuse de vous priver de votre liberté !
En pleine réflexion sur son avenir, elle cherchait maintenant une activité où elle aiderait les gens, les soins peut-être.
À force de patience, notre attelage arriva au port sous la lune ronde. Grâce à la lumière de l'astre, nous admirâmes le bateau à trois mats se dressant devant nous. Sa voilure importante accentuait sa magnificence et sa coque en bois et acier, gage de robustesse, me rassura.
Pâris nous expliqua que ce navire de charge était l'un des plus rapides. Impressionnés, nous montâmes à bord. Le pont était large, massif et porteur d'une batterie de canons. À la faveur de cette artillerie, notre arche résisterait aux attaques.
L'équipage prenait du repos avant le grand voyage, mais un aspirant avait attendu notre arrivée. Il nous accompagna jusqu'à nos cabines. Celles de Louise et de Victor étaient spartiates, mais fonctionnelles. Ensemble, nous décidâmes de nous offrir une belle nuit et de nous retrouver sur le pont à l'aurore.
Pâris remercia le marin et lui donna congé. Enfin seuls, il plaça sa main sur mes yeux. J'entendis le grincement de la porte.
— J'ai une surprise pour vous, chuchota-t-il, au creux de mon oreille.
— Je suis trop impatiente, dis-je en retirant ses doigts. Mon dieu, c'est magnifique ! Nous sommes loin d'un décor minimaliste !
— Votre confort et votre bien-être sont ma priorité. J'ai fait livrer une coiffeuse, un bureau pour vos écrits et quelques coussins fleuris. Mais je garde le meilleur pour la fin. Je vous en prie, soulever ce drap !
— Un pianoforte ! Mais, vous êtes fou ! Il est tellement beau et si petit !
— C'est un modèle miniature, il me semblait adéquat pour notre espace. Je vous rappelle la promesse d'une séance très privée, ajouta-t-il le regard brûlant de désir.
Je m'installai sur le tabouret, et fis glisser mes doigts sur les touches. La musique remplissait l’air autour de nous, dessinant le bonheur dans lequel je me blottissais. Les notes douces grandissaient tel un prélude. Je vibrai, me déployai sous mes mouvements.
Pâris attrapa un siège et s'installa derrière moi. Ses mains dégagèrent ma nuque. La mélodie entrelaça mon corps et lui ma taille, explorant ma peau avec ses lèvres. Ma chaleur intérieure grimpait en flèche à chaque intervalle de croches et de baisers.
Il délaça mon corset et ma résistance à la concentration atteignit mes limites. Lorsqu'il entreprit de faufiler sa paume sous mes jupons, la première fausse note retentit, lui arrachant un rire.
La frustration m'emportait m'obligeant à faire parcourir mes doigts sur le clavier et non sur son corps. Humide et chaud, mon entrecuisse accueillit sa main avec fébrilité. Pâris me caressa et mon être se souvint déjà à quel point il aimait ces sensations incontrôlables.
Son jeu ruina mes chances de terminer mon morceau.
— J'abandonne, annonçai-je en levant les bras ! Vous êtes trop fort pour moi !
— Mon Anna, c'est vous qui mettez ma volonté à rude épreuve. Comment vous résister ?
— Pourquoi le faire ?
— Ce moment est important dans la vie, vous sentez-vous prête ? Rien ne presse !
— J'en ai envie, admis-je. Mais, j'ai besoin dans savoir plus. Je suis une oie blanche !
— Je vous garantis que non, vous assumez vos désirs. Vous êtes libre dans votre corps et dans votre tête et j'aime ça ! La bonne société que nous avons enfin quittée demande une certaine retenue aux femmes en matière de ferveur. Le bonheur est majoritairement masculin. Heureusement, certains découvrent le plaisir à deux. Autre exemple, les couples ne se déshabillent pas complètement. Je trouve cela tellement incohérent !
— Alors faîtes le ! le défiai-je.
— Anna, en avançant encore d'un pas vers vous, je signe mon engagement envers votre personne !
— Dans ce cas, faisons-le tous les deux, répondis-je en bougeant mon pied.
Pâris tremblant, s'approcha et m'effeuilla avec langueur. Ma pudeur était bien présente, mais je voulais me voir dans ses yeux. Son souffle saccadé réveilla ma peau. Dénudée, je m'allongeai en l'invitant à me rejoindre.
Mon amant se débarrassa à la hâte de ses vêtements, puis s’installa à mes côtés, entièrement nu. Il se redressa sur son coude et dévora mes lèvres de petits baisers, de plus en plus impatients.
Je pris le temps de l'admirer en détail pour la première fois. Son front lisse, son nez parfait et sa fossette appelaient à la cajolerie. Mon cœur accéléra quand il se plaça au-dessus de moi. Il recula légèrement pour observer ma réaction, lire dans mes yeux mon accord et mon envie. Mais mon regard préférait s'attarder sur son buste et ses courbes vigoureuses.
Je l'attirai plus près de moi et l'incitai à aller plus loin en ouvrant doucement mes cuisses.
Mon souffle s'interrompit, attendant le contact entre nos chairs. Pâris, la respiration entrecoupée, envahit mon être lentement, laissant à mon corps le temps de l'appréhender.
Son bassin s'agita et ses mouvements l'amenèrent plus en avant, m'arrachant un gémissement. Mélange de bien-être et d'une douleur diffuse que j'oubliai rapidement.
À cet instant, il déposa sur mes lèvres un baiser tendre, un au revoir à mon innocence. Puis, mon amant accéléra le rythme, glissant toujours en moi. Ma voix portée par mon plaisir velouté submergea le silence de la cabine.
Mon corps commença à bouger, à rouler sous ses hanches. Cette danse charnelle m'entraîna dans un supplice délicieux. Je me cambrai, ses muscles se contractèrent. Pâris prononça mon nom encore et encore. Son timbre rauque, ces lettres soufflées par ses lèvres me donnèrent le vertige.
Sous mes caresses, il succomba dans un dernier coup de reins.
Il me prodigua toute sa douceur avec ses baisers, en me regardant être emportée par le sommeil.
Le lendemain, main dans la main, libres de nos gestes, nous gagnâmes le pont. Nous fîmes le tour pour saluer l'équipage et prîmes place près de Louise et Victor, admiratifs devant le lever de soleil.
— Alors, prête pour la plus belle expérience romantique, me demanda mon frère en pointant le ciel.
— Ma plus belle expérience, c'est vous, murmurai-je à l'oreille de Pâris.
Mon aimé goûta à la saveur de mes lèvres sous le mat. La grande voile claqua, laissant le vent s'infiltrer et souffler son air de liberté sur nous.
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Nascana
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Gabriele VICTOIRE
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danielle35
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Jo Mack
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