Fyctia
Chapitre 4-1
Samedi 8 avril 2023, 15h39, au poste de police de Kennedy.
Qu’est-ce que je fais là déjà ? N’était-ce pas une mauvaise idée ? Autant, porter plainte contre ce fou du métro, ça devrait le faire, mais contre mon connard d’ex ? Alors que je suis dans une salle, à attendre l’officier, accompagnée de Donovan, je suis hésitante et terrifiée à l’idée de raconter mon passé, de mettre des mots dessus. Y arriverai-je seulement ? Je dois pourtant prendre sur moi et tenter d’y aller jusqu’au bout. Donovan me prend alors la main et se tourne vers moi pour me sourire. Je ne suis pas toute seule, je peux le faire. Un officier arrive et s’excuse pour l’attente avant de s’asseoir en face de nous, devant son ordinateur.
— Alors, dites-moi que je puisse faire pour vous ?
— Je… J’aimerai porter plainte pour l’agression dans le métro à Pontchaillou avant-hier.
— Oui, j’ai eu un appel de mes confrères pour me prévenir que certains témoins habitaient dans le quartier. Je vais prendre votre déposition, je vous écoute.
Je lui raconte alors tout ce qui s’est passé dans les moindres détails. Je précise également que je suis arrivée de Sainte-Anne, et que je n’ai donc aucune idée de ce qui s’est passé avant que je ne monte dans la trame.
— J’aimerai vous poser quelques questions, intervient l’agent.
— Oui, bien sûr.
— Est-ce que vous aviez remarqué que l’ambiance dans la trame était bizarre avant d’y entrer ?
— Non du tout, enfin pas spécialement, je ne fais jamais attention aux autres personnes généralement.
— Donc vous n’avez vu aucune personne qui vous fasse un geste ou un regard pour vous dire de ne pas entrer ou de prévenir un service de police ?
— Non du tout, sinon, je pense que je ne serai pas montée.
— Je vois dans le rapport de mes confrères, qu’ils ont mis moins de quinze minutes après l’appel pour intervenir, savez-vous combien de temps avez-vous vécu la scène ?
— Honnêtement, je n’en sais rien, je sais qu’il y a déjà trois bonnes minutes de distance entre Sainte-Anne et Pontchaillou mais je sais aussi que la rame s’est arrêtée pendant plusieurs minutes à cette station et que les portes ne se sont pas ouvertes tant que les agents de police n’étaient pas arrivés. Je dirai facilement entre cinq et dix minutes, maintenant, j’ai envie de vous dire que j’ai vécu la situation de manière longue, mais qu’à la fois tout est allé très vite. Je ne saurai quantifier le temps.
— D’accord, je note. Je vous remercie. J’ai une dernière question pour vous et après je vous laisse repartir. J’aimerai savoir si vous aviez été brusque dans vos gestes dans l’optique de récupérer vos anxiolytiques.
— Comment ça ? Je ne comprends pas votre question.
— En sachant pertinemment que cet homme avait demandé à ce que personne ne bouge, vous deviez le savoir qu’en le faisant, vous alliez le provoquer. De plus, comme vous l’avez dit dans votre déposition : « l’homme n’avait plus l’air d’être totalement lui-même, probablement sous une forte dose d’alcool ». Alors que vous m’avez précisé plus tôt que vous reveniez d’une soirée durant laquelle vous avez bu plusieurs verres. J’aimerai savoir si, sous l’effet d’alcool, vous avez pu passer outre sa menace, que vous n’avez pas assez réfléchi aux conséquences de votre acte et si vous n’avez pas fait exprès pour le titiller.
— Pardon ?!?
Donovan pose sa main sur mon bras droit, alors que le sang bouillonne dans mes veines. Est-il en train de dire que je ne suis pas une victime dans cette affaire, mais tout le contraire ?
— Oui, j’ai bu quelques verres, mais je réfléchissais normalement et l’alcool n’a pas altéré mon jugement. Je vous ai également précisé que je suis très anxieuse, que c’est reconnu par mon médecin traitant et que c’est elle qui m’a préconisée de prendre un cachet si la situation dans laquelle je me trouve n’est pas adéquate avec mon niveau d’anxiété. Je vous interdis de m’accuser de quoi que ce soit alors que je suis une simple victime. Je n’ai en aucun cas voulu provoquer qui que ce soit ni mettre d’autres usagers en danger.
— Hmm… Très bien. Je n’ai plus de questions. Vous allez pouvoir signer votre déposition, une fois imprimée, puis partir.
Il me présente la feuille, que je lis attentivement pour être sûre qu’il n’a rien changé contre ma volonté et signe en bas de la feuille. Au moment où il se lève pour nous faire signe de nous en aller, je me décide à prendre les choses en main.
— Excusez-moi, mais je souhaiterai parler d’autre chose et porter plainte contre quelqu’un.
— Très bien, je vais vous écou…
— Non, merci. J’aimerai parler à un autre agent de police, quitte à attendre.
— Pourquoi ?
— Je ne suis pas tenue de vous expliquer la raison.
Il nous fait signe alors de sortir du bureau sans dire un mot. Nous nous asseyons sur les chaises de la salle d’attente et soupire. Il n’est pas très commode celui-là et si je dois parler de mon passé, je n’ai pas très envie que l’on me juge ou me colle une étiquette « tout est de ma faute » sur le front. Dans cette attente, Donovan continue d’être à mes côtés et à me soutenir par des gestes, des sourires et des mots. Mon cœur bat à cent à l’heure tant je suis stressée à l’idée de tout déterrer à jour. Je sais qu’un flot d’émotions prendra le dessus sur moi pendant que je raconte chaque fait et chaque détail, mais je sais aussi que je dois le faire pour me reconstruire et c’est ce dont j’ai envie le plus au monde pour le moment.
— Au fait, Leslie, je me pose une question depuis hier. Où as-tu dormi ? Tu t’es prise un hôtel ?
— En fait, non pas vraiment. Tu vois, l’homme qui m’a aidée dans le métro ?
— Oui ?
— Il m’a proposé de venir dormir chez lui parce que je n’avais aucun souvenir de ton adresse ou même de l’aspect du bâtiment.
— Tu as dormi chez un homme que tu ne connaissais que depuis quelques minutes ?
— Oui, je sais. Déjà, ça ne me ressemble pas et en plus, c’est totalement irréfléchi ! Mais je ne savais pas quoi faire. J’aurais bien pu arpenter toutes les rues du quartier, mais si aucun souvenir me revenait, je me serai retrouvée toute seule au beau milieu du quartier, sans abris pour dormir. Alors sur le moment, quand il m’a proposé de dormir chez lui, j’ai accepté. Au fond, je pense que j’avais aussi besoin de ne pas me retrouvée seule après ce qui venait de se passer dans le métro et de toute façon, même si j’avais retrouvé l’adresse, tu n’aurais pas été là et j’aurais été toute seule dans ce grand appartement.
— Je ne vais pas te faire la morale ou te juger ma chérie, ne t’inquiète pas pour ça. C’est juste que j’ai un peu peur pour toi. Tu aurais pu m’appeler pour me demander l’adresse, je te l’aurais envoyée ou je serais même venu pour rester avec toi si tu m’avais raconté ce qui venait de t’arriver.
— Sur le moment, crois-moi que je ne savais même plus où donner de la tête, j’étais juste perdue. Mais je te rassure, il ne s’est rien passé. Il a été très gentil et attentionné et m’a même préparé un petit-déjeuner de princesse.
7 commentaires
Jess Donovan
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Il y a 2 ans
elia
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Il y a 2 ans
Zoé Sonobe (zizogoto)
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Il y a 2 ans
Anna Wendell - Élodie Faiderbe
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Zoé Sonobe (zizogoto)
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Rose Foxx
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Zoé Sonobe (zizogoto)
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Il y a 2 ans