Fyctia
Chapitre 2-2
— Allez, trinquons ! À ta première vraie sortie ! continue-t-il.
— À ma première vraie sortie !
TCHIN ! Nos verres se rencontrent puis se séparent pour rejoindre nos bouches respectives. Nos verres se rencontrent puis se séparent pour rejoindre nos bouches respectives. Après plusieurs verres, et une carte bancaire brûlante, nous rions aux éclats en se rappelant de nos professeurs de fac et de lycées. Je crois bien qu’il n’y a pas sujet plus amusant. Il y a tant d’anecdotes à raconter à leur propos que l’on pourrait rédiger une encyclopédie. Alors que la soirée s’écoule lentement et que notre apéritif touche à sa fin, Donovan reçoit un coup de fil.
— Oui, allô ?
— C’est Joshua.
— Joshua ? Pourquoi m’appelles-tu à cette heure ? lui demande-t-il tout en fixant sa montre.
— Je voulais savoir si tu pouvais passer à la maison. Tu sais, tu me manques.
— Ce n’est pas vraiment le moment… Je suis avec une amie.
Je le regarde et lui fais signe qu’il peut y aller et que ce n’est pas grave. Je n’ai pas envie qu’il passe à côté d’une belle fin de soirée avec un sexy boy juste parce que je joue ma grande victime dépressive. Je suis grande, je peux me débrouiller toute seule pour aller me coucher.
— Je vais quand même pouvoir venir… Attends juste que je fasse le trajet, je suis à Sainte-Anne, je peux arriver dans une vingtaine de minutes je pense.
— Parfait, je mets deux bières au réfrigérateur. À toute.
Donovan range son téléphone et me regarde d’un air désolé.
— Tu sais, je peux toujours annuler. Je ne suis pas obligé d’y aller. Il n’y a rien d’urgent.
— Ne t’inquiète pas, ça ne m’embête pas du tout. Il est 22h30, nous avons passé quatre heures ensemble et c’était vraiment génial mais de toute manière, nous allions rentrer alors ça ne change pas grand-chose pour moi.
— Tu es vraiment la meilleure pote du monde, toi !
Il se lève, enfile sa veste et me prend dans ses bras.
— Tu veux que je te raccompagne jusqu’à la maison ?
— Non, ne t’embête pas. Le métro est juste à côté, je ne suis pas perdue. Ça va aller. Il faut bien que je commence par me débrouiller, seule.
— D’accord, ça me va. N’hésite pas à m’appeler si tu as un souci et n’oublie pas de m’envoyer un message lorsque tu seras arrivée.
— Je le ferai, allez, ne t’inquiète pas et file !
— Ah et j’allais oublier, mais tiens.
Il me tend les clefs. En effet, s’il avait oublié, je n’aurais pas pu rentrer ce soir. À mon avis, il n’aurait servi à rien d’attendre qu’il rentre puisqu’il risque de rester chez Joshua.
— Merci. Passe une bonne soirée et profite.
— Merci, rentre bien et fais attention à toi sur le trajet. Tu n’oublies pas le SMS en rentrant !
— Promis, je n’oublie pas !
Je le regarde quitter le bar en se faufilant dans la foule qui a décuplée depuis notre arrivée. Je n’arrive même plus à percevoir la sortie du bar. Je me lève à mon tour de la table et récupère ma veste et mon sac à main. Je tente de me glisser à mon tour à travers ce troupeau d’alcoolisés, bien que je ne sois pas non plus très sobre. Une fois sortie, je tente de retrouver mon chemin, mais à cette heure et sous l’effet de l’alcool, je me retrouve à faire le tour de Sainte-Anne avant de revoir la bouche de métro tant cherchée. Je descends les escaliers et bipe ma carte Korrigo sur le pad, puis je prends l’escalator et les escaliers de droite. J’attends alors le prochain métro qui met cinq minutes à arriver, ayant raté le précédent de peu. Arrêté, je pénètre dans la rame et m’installe assise près de la porte.
Ce n’est que lorsque les portes se sont refermées que j’ai compris que quelque chose de bizarre se tramait dans le transport en commun. Un homme brun, négligemment barbu et débraillé, se tenant à seulement deux pas de moi, menaçait l’ensemble de la trame si qui que ce soit tentait d’appeler la police. Malgré l’alcool ingéré, mon sang ne fit qu’un tour et la situation ne mit pas plus de trente secondes avant qu’elle ne m’angoisse. Paniquée, je prends mon sac à main afin de chercher mes cachets.
— QU’EST-CE QUE J’AI DIT ?! PUTAIN ! crie l’homme complètement fou en me levant de mon strapontin.
Je n’ai même pas eu le temps de balbutier quoi que ce soit qu’il glisse un couteau suisse sous ma gorge. Si je n’étais déjà pas assez paniquée, cette fois-ci je tremble de peur, mes jambes sont à deux doigts de céder sous mon poids. Je sens la lame, froide contre ma peau et je déglutis, tout en tentant nerveusement de respirer correctement. Au même moment, la rame de métro s’arrête à la station Pontchaillou et ne repart pas, les portes fermées. Impossible pour qui que ce soit de partir, nous sommes condamnés à rester en compagnie de ce malade.
Alors que ma respiration continuait à se saccader de plus en plus, un homme qui était jusque-là en face de moi s’avança doucement vers nous, les mains devant lui à la hauteur de ses hanches.
— Monsieur, calmez-vous s’il vous plaît. Vous voyez bien que la jeune femme a du mal à respirer.
— J’EN AI RIEN À FOUTRE !! Cette CONNASSE a essayé d’appeler les flics !
— Je pense qu’au contraire, elle voulait juste récupérer sa Ventoline. Elle est en détresse respiratoire, vous voyez bien.
— Hmmm.
— J’en ai une dans la poche de ma veste, laissez-moi juste la récupérer pour la lui donner.
— Hors de question ! Je ne suis pas fou, je sais très bien que c’est coup monté ! Vous ne m’aurez pas comme ça !
— Je vous jure que ce n’en est pas un, mais si vous ne me laissez pas lui donner cette Ventoline, elle risque d’en mourir et alors vous deviendrez un meurtrier.
Le fou semble réfléchir et hésiter puisqu’il grince des dents, mais il finit par me jeter dans les bras de l’homme en râlant.
— Si vous êtes en train de monter un stratagème, je la bute, c’est CLAIR ?
Mon sauveur me redresse et me tend sa Ventoline, il me susurre discrètement que je n’ai qu’à faire semblant de la prendre.
— Et oh ! Pas de messes basses !
Pour me cacher, il me prend dans ses bras. J’en profite pour alors prendre mon fameux cachet discrètement et fais semblant d’aspirer de l’air. Ayant peur de refaire face au fou, je ne me rends même pas compte que je suis encore dans les bras de l’homme qui est venu à ma rescousse. Alors que j’aurai plutôt été de nature à le repousser et à le trouver trop familier, je me surprends presque inconsciemment à apprécier ce contact que je qualifierai de réconfortant. Bien que je ne le sache pas sur le moment, si ma respiration finit par se calmer, ce n’est certainement pas grâce à l’effet du comprimé que j’ai avalé, ou alors son efficacité va au-delà des espérances des chimistes.
4 commentaires
Shaddie.M Lynss
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Il y a 2 ans
Zoé Sonobe (zizogoto)
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Il y a 2 ans
Shaddie.M Lynss
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Il y a 2 ans
Zoé Sonobe (zizogoto)
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Il y a 2 ans