Fanny, Marie Gufflet La Cire de tes mots fait fondre mon cœur 10- Le ciel s'embrase

10- Le ciel s'embrase

Quand je suis stressée, je mange. Un peu. Beaucoup. Passionnément. Ce qui me vaut une taille 38 avec des hanches prononcées, non pas à cause d’une grossesse, mais plutôt à cause du Nutella, des pains au chocolat, du brie, des saucissons, accompagné d’un verre de rosé au melon. Des biscuits Lu Petit Déjeuner, des yaourts Mamie Nova à la vanille, des crèmes glacées, du pain aux céréales. Des pizzas de la boulangerie voisine, des croissants aux amandes, des madeleines à la fleur d’orangée. Des sushis à emporter à Servon, de leurs délicieuses crêpes caramélisées et de leur fondant au chocolat.

Je m’octroie une vraie pharmacie culinaire pour panser les bleus de mon âme ou lorsque j’ai mes règles.


Ces derniers temps, mon niveau de stress a atteint son paroxysme. Du coup, je mange plus de raison. France a été muté pour quelques semaines dans un autre service de la mairie, tandis que les collègues enchainent les arrêts maladie comme s’ils prenaient la pilule. Ma mère a eu l’idée du siècle de partir en croisière durant 3 semaines. Quant à ma jumelle, elle est partie en road trip vers le Canada avec son mari, soit-disant pour profiter de la vie sans enfants avant le chaos qui l’attend. Apparemment, la dispute des CD est réglée. Elle ne cesse de m’envoyer des photos de ses aventures : le château Frontenac, le Vieux Québec, les chutes de Montmorency, Montréal, le zoo d’Oméga, un chalet en bois à Saint-Alexis-des-monts, sa virée à Ottawa et j’en passe…

Et il y a moi. Plus seule que jamais, à scroller. Oui, scroller les dernières photos de mon Ex (le premier) qui vient de se marier.


Pour ne pas arranger les choses, cela fait trois jours depuis l’épisode de la boîte aux lettres que je n’ai pas eu de réponse du voisin.

Pour parfaire ma carrière d’espionne, j’ai même fini par rester collée au judas, une citronnade à la main, une chaise de bar près de la porte, une boîte de Pringles posée sur les cuisses. Et oui, il faut bien se ravitailler, espionner creuse l’appétit.


Ce que j’en ai déduit dans mon carnet de notes. Le voisin n’est pas rentré de chez lui depuis trois nuits, depuis que je suis restée à attendre qu’il daigne me parler. Je m’improvise romancière à mes heures perdues où des scénarios catastrophes se bousculent dans ma tête :


• Il est mort (de quoi, je l’ignore) mais sa non venue est plutôt suspecte

• Il a une copine et il dort là-bas (c’est probable, après tout, il est beau mec)

• Il s’est fait kidnappé par des extra-terrestres (non pas que j’y crois)

• Il est parti se débarrasser d’un cadavre après avoir commis un crime (la faute à la série que j’ai visionné hier, HPI)

• Il est en retraire musicale, au fin fond de l’Amazonie

• Il surveille Cassandre chez sa sœur

• Il m’évite…

• Il m’évite…

• Il m’évite…


Le dernier point me paraît le plus plausible, quoique désagréable. Vous y croyez vous à l’intuition féminine ? Et bien que j’ai l’impression que mon voisin m’évite. J’y suis peut-être allée fort avec mon débit de paroles.


Ce soir, il fait particulièrement chaud en ce début juin. Même après avoir ouvert les fenêtres, l’air de mon appartement est suffocant. Comme le voisin n’est pas là, je décide de sauter par dessus bord de la fenêtre de ma chambre. À pas de loups, je m’aventure vers sa terrasse arrière, celle que j’avais l’habitude de squatter pour bronzer. Vu qu’il n’est pas là, je m’empare de la chaise longue. Je note au passage qu’il a fait installer une pergola en bois haut de gamme (le veinard). L’espace en caillebotis (que je ne vois pas de chez moi) est au même niveau que le gazon. Son jardin privé est devenu un espace verdoyant et fleuri dont je suis à présent jalouse. Des fleurs jaunes ont trouvé refuge dans des paniers en osier, créant un joyeux cocon où je me prélasse sans vergogne.


L’air est doux, le ciel s’embrase. Avec précaution, je sors le roman poche que j’avais glissé sous mon bras et débute la lecture de La Libraire des rêves ensevelis de Madeline Martin. Durant quelques minutes, je suis Grace Bennett, très loin à Londres et je suis incapable d’échapper à la guerre. Mes pensées se perdent au gré de l’histoire jusqu’à ce que je m’endorme malgré moi.


J’ai dû oublier de fermer les rideaux car le soleil caresse mon visage. Mon dos me fait mal. Mes yeux sont fatigués. Je referme les yeux un instant. Pourquoi est-ce que les oiseaux chantent si fort ce matin ? J’ai dû oublier de fermer la fenêtre. À tâtons, je cherche mon téléphone et le trouve nulle part. Pas de table de nuit. Pas de draps. Pas d’oreillers. Ma main fouille les alentours et je touche une… fleur ? Je n’ai pas reçu de bouquets. Curieux ! À présent, je me redresse de tout mon long. Pourquoi est-ce que j’ai un plaid qui sent bon le savon sur moi ? Mince ! Je me suis endormie chez le voisin et il a dû rentrer car j’ai une de ses couvertures sur moi, elle porte son odeur. Peut-on en vouloir à quelqu’un de vous éviter alors qu’il vient vous couvrir en pleine nuit (surtout que j’ai squatté chez lui) ?

A-t-il vu que je frissonnais ? Misère, j’espère que ma nuisette n’est pas remontée et qu’il a vu ma culotte ! Est-ce que j’ai ronflé ? Ou pire bavé ?


Alice, j’espère que tu étais jolie pendant ton sommeil !


Avec soin, je replie le plaid avec l’idée de lui offrir des croissants et une jolie carte en guise de remerciement (et d’excuses). Une lettre que je reconnais être des siennes tombe sur le caillebotis et je souris de joie.


Enhardie, je pousse un petit cri de victoire et cours grimper la fenêtre de chez moi pour lire la réponse tant attendue. L’atmosphère de mon appartement est doux, plus tolérable.


Chère Alice,

Je suis tombé dans la musique très tôt. Mon oncle m’avait offert une guitare pour mes 10 ans, dès lors elle a été l’extension de moi-même. C’était comme une évidence ! Faute d’être doué pour autre chose (du moins à l’époque), j’ai consacré la plupart de mes journées à gratter, à tenter de reproduire les mélodies que j’entendais à la radio. Il s’est avéré que j’avais une très bonne oreille.

À l’école, j’étais en échec scolaire (durant les cours, je m’ennuyais tellement que j’inventais des musiques dans ma tête), la musique était en quelque sorte mon unique voie. J’ai ainsi poursuivi le chemin indiqué en découvrant bien plus tard mes autres capacités.


Je suis franco-canadien. J’ai passé les premières quatorze années de ma vie au Québec. Puis j’ai atterri ici à Grisy-Suisnes où je suis resté jusqu’à l’âge de mes 18 ans.


Pour répondre à votre question : comment avez-su que la musique était le rêve à poursuivre ? C’était comme une évidence. Faire de la musique c’est pour moi, comme respirer.


Et non, hélas, je ne lis pas de romans, mais alors pas du tout. Si ce n’est des articles sur la musique ou des biographies. Je m’ennuie très vite dans un roman, peut-être n’ai-je pas trouvé le bon auteur ?

En tout cas, avoir un rêve donne des ailes !


Bien à vous,


Théodore


La journée s’annonce merveilleuse, j’ai une lettre à rédiger.


Cher Théodore,

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14 commentaires

kiki744

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Il y a 2 ans

J aime trop te lire Marie. Tes histoires me font rêver ❤️. Christelle

MélineDarsck

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Il y a 2 ans

❤️

Rose Foxx

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Il y a 2 ans

Hello ! Désolée pour mon absence, je me suis tordu le pied pendant ma compétition à Barcelone donc j'ai pris pas mal de retard ^^' Si jamais tu as le temps de m'aider pour la dernière ligne droite, un nouveau chapitre de Cheerlover est disponible! Merci d'avance et à très vite 🎀

Fanny, Marie Gufflet

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Il y a 2 ans

Coucou, je passe chez toi.

Là où est ton coeur

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Il y a 2 ans

"le château Frontenac, le Vieux Québec, les chutes de Montmorency, Montréal, le zoo d’Oméga, un chalet en bois à Saint-Alexis-des-monts, sa virée à Ottawa et j’en passe…" rien que cette phrase m'a redonné envie de partir en voyage ! Ça me manque depuis un moment et ça pourrait tellement être moi qui m’assoupis sur cette chaise longue. Rien de mieux qu'être sur une chaise longue au soleil à lire un bon livre et se reposer :D Je reconnais des éléments : Cassie, les jumelles, le Mr qui fait de la musique.. ça me rappelle quelqu'un hihi ;)

Fanny, Marie Gufflet

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Il y a 2 ans

Eh oui, beaucoup de nous lol ! Passe me voir si tu viens ici

Là où est ton coeur

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Il y a 2 ans

Avec plaisir ;)

Laeticia LC

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Il y a 2 ans

✨💕

Aurélie Benattar

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Il y a 2 ans

Coup de pouce 👍 Je t'invite à encourager aussi mon histoire : "La fausse séductrice" 😊📚

Fanny, Marie Gufflet

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Il y a 2 ans

c'est fait
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