Fyctia
Chapitre 5 : Crystal
Je l'entendis avant de le voir. Le miracle que Dieu avait mis sur ma route et qui fit ressurgir tous mes espoirs enfouis. Ma première pensée fut pour ma mère. Elle avait raison. Dieu existait et il ne m'avait pas abandonné comme je l'avais cru. Le sourire aux lèvres je me dirigeai en boitant près du ruisseau dont je pouvais entendre l'apaisant écoulement. Je m'étais déjà faite une raison. J'avais accepté mon sort. J'allais mourir dans les heures ou peut-être dans les jours à venir, mais ça ne serait pas tout de suite et pas de déshydratation comme je l'avais redouté au cours des derniers mètres parcourus.
À chaque pas mon genou devenait de plus en plus douloureux. La souffrance était bien trop intense. Elle irradiait tout mon corps comme si on m'enfonçait une immense aiguille des pieds à la tête. Toutefois la simple idée de pouvoir nettoyer ma plaie avec un peu d'eau fit disparaître une partie de cette terrible douleur. Mes chairs n'allaient pas s'infecter. Tout allait bien se passer. Je n'avais aucune notion de survie ou de secourisme, mais ma mère passait toujours de l'eau sur mes blessures lorsque je n'étais encore qu'une enfant insouciante. Ma maladresse n'était pas nouvelle. À vrai dire je n'avais jamais été agile. J'étais souvent revenue de l'école avec les genoux et les coudes écorchés. Je voulais faire comme mes camarades, mais je trébuchais à chaque fois.
Lorsque je vis enfin le ruisseau, un profond soulagement m'envahit car même si je ne connaissais rien à la survie je savais que le manque d'eau était le pire ennemi de tous les êtres vivants. Au cours des dernières décennies s'était même devenu la principale cause de mortalité. Nous pouvions survivre assez longtemps sans manger, mais pas sans boire. Je ne pus retenir un petit ricanement lorsque je me mis à regretter les huit kilos que j'avais dernièrement perdus avec un régime à la mode. Le dictât du corps parfait m'avait poussé à faire disparaître des kilos de graisse qui auraient finalement été bien utiles pour survie. Je me dis que la vie pouvait se montrer ironique par moments.
Alors que je m'approchai de l'eau j'eus l'étrange impression que quelqu'un était en train de m'observer. L'air de rien je tournai la tête et pris le temps de regarder tout autour de moi. Il était possible qu'un chasseur m’attende, tapi dans l'ombre, le moment idéal pour me tirer dessus, mais je ne vis personne. Mon corps était pourtant sûr qu'il y avait quelqu'un que je ne voyais pas. Il voulait à tout prix me tenir sur mes gardes. Mes instincts primitifs semblaient s'être soudainement réveillés.
Je secouai la tête pour essayer de faire taire ces instincts. Je me dis comme pour me rassurer que tout cela n'était dû qu'à la paranoïa car même si j'allais mieux mes peurs et mes angoisses ne m'avaient pas quittée. Je savais même qu'elles ne me lâcheraient pas. Elles seraient mes compagnes tout au long de mon aventure c'est-à-dire jusqu'à ma mort. Le cœur battant je m'approchai lentement de l'eau lorsque j'entendis des feuilles s'agiter juste derrière moi.
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