Fyctia

Une fois seule, je m’écroulais sur mon canapé et contemplai le carré de lumière contenant le texte écrit par Lisa.

On dirait une collégienne nerveuse devant son premier crush. Reprends-toi.

Mes mains ne cessèrent cependant de trembler nerveusement tout le temps que je mis à écrire ma réponse - c'est-à-dire longtemps - pour un texte somme toute assez bref.

• Salut Louis. Merci pour le taxi. Et merci pour ton numéro. C’était sympa de bavarder hier. A bientôt j’espère. Emily.

Ok, je botte en touche. Il me passe la main, je la lui rends. Je veux juste savoir à quel point il tient à ma compagnie. Sans avoir l’air de la fille désespérée qui cherche quelqu’un. Bon. On verra bien.

J’envoyais le message et me préparais à aller au lit avec un bon livre quand un cui-cui synthétique me stoppa net, à nouveau.

Je me précipitais sur mon portable et le déverrouillais fébrilement.

• Oui, c’était sympa hier. Je suis content que tu aies répondu. J’ai hésité toute la journée à t’envoyer un message. J’aimerais beaucoup te revoir. Serais-tu disponible cette semaine pour prendre un verre et discuter ?

Mon cœur galopait comme un cheval fou à qui on aurait lâché la bride. Mon souffle était si court que je m’attendais à perdre connaissance à tout moment. Et je peinais à écrire une réponse tant mes mains tremblaient.

Encore ! Bon, ça va. Tu ne vas pas te mettre dans tous tes états à chaque message reçu ou envoyé à ce gars !

• Je veux bien mais cette semaine je ne suis dispo que mardi soir.

Voilà. Bien joué. Il ne sera surement pas dispo. Ce qui te laissera du temps pour te remettre.

• Va pour mardi soir alors. Tu connais le Baccardi ?

Et zut. Il est dispo. Un sourire immense envahit mon visage. Il veut vraiment te revoir on dirait.

• Oui. Je connais.
• On dit là-bas à 19h ?
• Plutôt 19h30 ?
• Ok. J’ai hâte. A mardi. Bonne nuit.
• Bonne nuit.

Je me couchais le cœur battant, avec le sourire, espérant que la nuit passe vite, ainsi que la journée du lundi. Mardi. Après-demain.

Je m’endormis en souriant, heureuse, pleine de rêves et d’espoirs sans savoir que je venais de prendre un billet sans retour pour l’enfer.