Fyctia
Chapitre 3 - 1ere partie
Encore en pyjama, les cheveux ébouriffés, maudissant mon réveil trop matinal pour un week-end, je me trainais péniblement jusqu’à la cuisine et ouvrais le frigo. Pour constater la disparition quasi-intégrale de mes yaourts au citron, achetés à peine deux jours auparavant.
- Je déteste mes colocs ! Merde, c’est pourtant pas compliqué de retenir que l’étagère du bas c’est la mienne !
Bah, il reste trois yaourts sur les 8. Pour une fois, tu mangeras presque la moitié. Enfin, s’ils sont encore là d’ici ce soir.
Pestant encore à mi-voix, je commençais à remplir la cafetière italienne d’eau, mis le réservoir et saisit le pot de café moulu. Vide. J’aurais pu m’en douter.
- Et je paris qu’il n’y a plus d’instantané non plus. Raaah ! J’ai besoin de ma dose de caféine le matin. Ils le savent non ?
- Hey, Emily ! T’es d’une super humeur ce matin, constate Lisa, une de mes très chers colocs, en entrant dans la pièce.
Je m’apprête à lui balancer toutes mes récriminations. Mais Lisa est la seule de mes colocs à être réglo. Elle respecte les affaires des autres. Et subit tout autant que moi le manque flagrant de bonnes manières et de savoir vivre des deux autres.
Calme. Maitrise-toi. Souffle.
- Hey Lisa. Ouais, tu as sans doute raison.
- C’est seulement le manque de café qui te fait ça ? J’en ai une réserve dans ma chambre si tu veux, je peux t’en passer, propose-t-elle, adorablement.
- C’est trop gentil. Mais… Non, ne dis pas que ça va aller et que tu vas survivre et t’en acheter un au coin de la rue. Accepte, pour une fois. Mais ça va aller. Je vais passer au Starbucks en bas.
- Comme tu veux. T’es sûre que ça ira ? Tu n’as vraiment pas l’air en forme.
Et zut. Tant pis pour ma réserve. J’en ai gros sur le cœur. Je laisse tomber mes barrières.
- Oui. Non. En fait… J’ai rendez-vous ce soir.
- Un rencard ? Bonne nouvelle ! Faut pas être aussi tendue pour ça.
- Non. Une crémaillère chez un collègue.
- Mignon ?
- Marié. Et Non.
- Ah. Alors qu’est-ce qui cloche ?
Qu’est ce qui cloche ? Moi. C’est moi la cloche. Comme toujours. J’ai commencé les confidences, autant les poursuivre. Mais je déteste me livrer comme ça. Surtout à quelqu’un dont je suis proche sans l’être vraiment.
Faut-il vraiment que je lui révèle le fond du problème ? Cette difficulté d’être avec moi-même qui me rend difficile les évènements sociaux. Cette hypersensibilité qui me joue des tours en me faisant me sentir proche de personnes qui ne sont que des connaissances.
Cette envie d’être en relation, vraie, profonde, jamais satisfaite. Cette solitude voulue, assumée, mais insupportable en réalité.
Je choisis un moyen terme.
- Ce qui cloche c’est que j’ai prévenu que je viendrai avec quelqu’un. Et que je n’ai pas de quelqu’un à inviter. Et je n’ai vraiment pas le courage d’affronter les questions de mes collègues aujourd’hui. Encore moins ceux qui vont tenter leur chance, pour eux ou quelqu’un de leur entourage.
- Oui. Je vois.
Silence.
9 commentaires
cedemro
-
Il y a 3 ans
Soleil7
-
Il y a 3 ans
Ellover
-
Il y a 3 ans
Soleil7
-
Il y a 3 ans
Soleil7
-
Il y a 3 ans
Ellover
-
Il y a 3 ans
Ellover
-
Il y a 3 ans
I.H Mey
-
Il y a 3 ans