CTrebert Pélagie aussi ! Chapitre 33

Chapitre 33

La lutte mal placée


— Bon. On a les deux slogans. Les visuels papier et virtuels. Les supports. Il manque quoi ? demande Pélagie en fixant les occupants de la salle de réunion. C’est à dire son staff au complet.

— Rien. Juste l’évènement, répond Jérémie en notant un truc sur sa tablette.

— Ouaip ! Et c’est là que ça se corse. Parce que le client est vraiment… Enfin, bref ! On dirait qu’il n’a pas conscience que son produit touche à l’intime et qu’il ne peut pas se vendre comme une montre ou un parfum… dit Solène avec un peu d’énervement.

— Oui. Ça, je savais déjà. On ne peut pas faire une soirée avec petits fours et blabla sur le produit. Ça serait moyen… En tout cas, pas avec les invités habituels.

Bécasse Blonde lève la main comme une étudiante en plein TD.

— Oui ? Tu as quelque chose à ajouter… commence Pélagie sans parvenir à mettre un prénom sur la stagiaire.

— Alice. Elle s’appelle Alice, dit alors Brunette Renfrognée avec un petit ton agressif.

— Je sais parfaitement comment elle s’appelle. Merci, Catherine, dit alors Pélagie d’un ton sec et avec une mauvaise foi à toute épreuve, en se promettant de ne plus jamais attribuer son prénom à Brunette Renfrognée. Désormais, et pour toujours, elle sera Brunette Renfrognée ou Chose Pénible. Voilà. C’est dit !

— Bien. Alice, commence-t-elle en insistant sur le prénom, tu voulais dire quelque chose avant que nous soyons interrompus.

— Je voulais savoir pourquoi on ne pouvait pas inviter les partenaires habituels ?

Pélagie se retient de se passer une main sur le visage comme le fait sans aucune honte, Jérémie, désespéré par la question.

— Bien. Alice. Je crois que tu devrais relire le dossier et réfléchir à ta question. Je suis sûre que tu trouveras la réponse… très bientôt. Et si tu n’y arrives pas. Demande à… Catherine… ou à M. Wagner Smith.

— Pourquoi a-t-il droit à son nom, et pas nous ! s’exclame alors Brunette Renfrognée.

— Bordel ! Tu me saoules ! lance alors Pélagie en étonnant tout le monde. C’est pas vrai ! Merde ! Tu es là pourquoi, CATHERINE ? Pour ensoleiller notre agence de ton merveilleux sourire ou pour emmerder le monde le plus possible ? Parce que si la réponse est la première option, je crains que tu n’aie échoué. Lamentablement.

— Je suis là pour apprendre !

— Ah ! Et donc ! Il faut que tu sois en permanence en colère et à râler pour ça ?

— Non ! Mais vous êtes tous si imprégnés par le diktat de la société patriarcale ! C’est insupportable !

La réponse a le mérite de laisser place au silence. Enfin, jusqu’à ce que Pélagie éclate de rire. Jérémie et Solène échangent des regards interloqués. Alice ne comprend pas où est le problème, et Faust qui s’est juste adossé à sa chaise, attend la réponse de Pélagie. Car il ne fait aucun doute qu’elle ne va pas se contenter de rire.

— Écoute-moi bien, je conçois que ce combat pour l’égalité des droits est nécessaire et même vital pour certaines d’entre nous, mais toi, CATHERINE, tu n’es pas ici pour révolutionner les mœurs ou la société. Comme tu l’as dit, tu es ici pour apprendre. Je ne crois pas avoir, de manière volontaire en tout cas, favorisé M. Wagner-Smith. En fait, M. Wagner-Smith et moi avons même un contentieux. C’est une des raisons qui me pousse à l’appeler par son nom. Ça, et son prénom. Ça te pose problème ? Je m’en balance. Ici, c’est moi qui décide ! Tu vois, j’ai le pouvoir, comme personne, bordel ! Et je suis une femme ! Et tu es bien mal placée pour discuter de ce genre de choses avec quelqu’un que tu connais à peine et que tu juges sur des stéréotypes piochés dans des sitcoms américaines. Parce que c’est exactement ce que tu fais depuis que tu as posé un pied dans ces bureaux. Tu es stagiaire. Moi, je suis chef de projet, et tu m’emmerdes. Non pas parce que tu es une femme ou que tu râles tout le temps, mais parce que tu m’obliges à te dire ces choses désagréables alors que je n’aime pas ça, alors que je ne suis pas comme ça ! Avec personne… Alors, maintenant Catherine, tu la fermes, à moins que tu n’aies une idée géniale pour la campagne.

— J’en ai déjà eu une, réplique la brunette en croisant les bras sur sa poitrine.

— Oh, putain, je vais la tuer… murmure Pélagie au moment où Jérémie prend Catherine par le bras pour la sortir fissa de la pièce, tandis que Solène fait de même avec Alice. Aucun d’entre eux ne songe à s’occuper de Faust qui est toujours assis dans son coin de salle.

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