CTrebert Pélagie aussi ! Chapitre 30

Chapitre 30

Ce qui se dit à la machine à café devrait y rester…


Sauf que Mère Marie-Hortense ne sait pas. En tout cas, c’est ce qu’elle dit à Pélagie au téléphone. Mais la jeune femme trouve qu’elle raccroche un peu vite après avoir plus ou moins éludé sa question. D’habitude, la directrice est plutôt friande de détails de la vie de ses anciens pensionnaires. Elle aime savoir si tout va bien. Sauf que là, rien. Elle n’a posé aucune question. Voilà encore une étrangeté. De là à penser que Mère Marie-Hortense est dans le secret depuis toujours, il n’y a qu’un pas, que Pélagie franchit allègrement. Quelque chose cloche !

Et le regard étrange que lui lance Faust Wagner-Smith lorsqu’elle arrive au travail ne l’incite pas à changer d’état d’esprit. Alors, quand il se met à lui poser des questions un peu plus personnelles que d’habitude sous couvert de faire la conversation, elle s’imagine qu’il fait partie, lui aussi, du complot international qui vise à la rendre chèvre avant ses trente ans !

Elle se méfie, change de conversation et se focalise sur le boulot. Le rendez-vous est ce soir. Elle sera fixée… malheureusement, les bonnes résolutions ne peuvent empêcher son esprit de mouliner à plein régime. Elle finit par se dire qu’elle est peut-être la fille d’un mafieux recherché ou bien la progéniture bâtarde d’une tête couronnée… Foutredieu ! N’importe quoi !

— Ça va, Pélagie ?

Justine Roost se tient près d’elle à la machine à café qu’elle fixe depuis une demi minute sans commander.

— Je ne sais pas.

— Alors c’est que ça ne va pas. Sinon, tu pourrais répondre.

— Bonne déduction. Mais je ne suis pas plus avancée.

— Éclaire-moi. Je vais peut-être pouvoir t’aider ? Il s’agit de ta campagne ? Parce que je comprends ! Même si, pardonne-moi si je te dis ça, mais je suis contente de ne pas l’avoir obtenue ce contrat.

— C’est pas le contrat.

— Perso, alors ? Le stagiaire ? murmure-t-elle en se rapprochant.

Pélagie devine la curiosité matoise d’une chatte attirée par le lait. Elle connaît bien. Elle est pareille quand il y a un potin à découvrir dans la boite. Elle soupire.

— Même pas.

— Ah ! Flûte ! Je le voyais bien tenter sa chance avec toi…

— Ah bon ? s’exclame Pélagie intriguée.

Comme quoi, parfois un détail suffit à faire prendre un autre chemin de vos pensées. Et si les questions de Faust ce matin n’avaient pour unique but que de la connaître un peu mieux ? Dans l’optique d’un rendez-vous ? Autre chose… Ah ! La théorie du complot revient au galop… mais Justine n’en sait rien.

— Ben oui. Il te regarde toujours avec… je ne sais pas comment dire, une sorte d’envie et en même temps, de retenue… c’est bizarre, ce regard.

— Tu veux dire celui du poisson mort sur l’étal du poissonnier...

— Rhooo… Tu y vas fort !

— Il n’a pas le moindre humour. Et la subtilité, c’est pas son truc. Il est bosseur et compétent. Malheureusement, il en est parfaitement conscient. Alors, je pense qu’il évalue les choses de ce regard bizarre.

— Tu crois qu’il t’évalue ? Mais pourquoi ?

Pélagie hausse les épaules au moment où une voix s’élève derrière les deux jeunes femmes.

— Je n’évalue personne, mesdemoiselles. J’essaye juste de comprendre ce nouvel environnement de travail, dit alors Faust en prenant le café que sa chef de projet a finalement commandé. Celui-là est pour moi, vous me le devez après toutes les horreurs que vous venez de dire sur moi. Vous voyez que j’ai de l’humour…

Et il s’en va avec le café fumant.

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